#775 – Bangu AC : Alvirrubro

Les blanc et rouge, couleurs du club carioca depuis ses origines. Bangu, quartier de Rio de Janeiro, vit apparaître le football grâce à la présence de l’usine textile locale, Fábrica de Tecidos Bangu, où de nombreux employés anglais travaillaient. Car, comme dans beaucoup de pays, les expatriés anglais apportèrent avec eux leurs savoir-faire industriels mais également leurs nouveaux loisirs, tels que le football. En particulier, l’écossais Thomas Donohoe apporta des ballons de football à Bangu. En décembre 1903, l’anglais Andrew Procter proposa, notamment à ses collègues britanniques de l’usine, John Starck, Thomas Donohoe, Clarence Hibbs, Willian French, Willian Procter, et Thomas Hellowell, la création d’un club. Lors de l’assemblée constituante, le choix des couleurs se porta sur le rouge et le blanc. On suppose aujourd’hui que ce choix fut dicté par la dominance des anglais au sein du club puisque le rouge et le blanc aurait célébré Saint Georges, saint patron de l’Angleterre et présent sur le drapeau anglais au travers de sa croix rouge et blanche. En effet, la représentation de Saint Georges, terrassant un dragon, est l’aggorie de la victoire de la Foi sur un Démon. Ainsi, Saint Georges avait un cheval blanc, signe de pureté et portait également un écu et une barnière d’argent à la croix de gueules (en termes moins héraldiques, blanc et rouge). Toutefois, une autre version est apparue, avec l’aide (intentionnelle ?) du club. Comme pour d’autres clubs, les employés britanniques de l’usine textile et fondateurs étaient des fans, en particulier du club de Southampton. Ce dernier évoluait dans des maillots rayés rouge et blanc et avait une certaine notoriété, ayant été finaliste de la FA Cup en 1900 et 1902. En 2015, le club s’équipa d’un maillot extérieur bleu marine à parement jaune, totalement similaire à celui de Southampton. De quoi relancer cette version.

#768 – Stoke City FC : the Potters

Les potiers. Grâce aux abondantes réserves d’argile de la région, de sel et de plomb pour l’émail et de charbon, pour alimenter les fours, Stoke-on-Trent est façonné par la production de poterie depuis des siècles et a gagné une réputation mondiale en la matière. La production artisanale de faïence et de grès remonte au moins au XVIIème siècle. En créant son entreprise en 1759, Josiah Wedgwood aida à passer la production locale à l’ère industrielle et avec d’autres potiers célèbres du Staffordshire, tels que Joseph Spode, Thomas Minton, la famille Wood et Thomas Whieldon, il contribua à rendre la région synonyme de céramique. La croissance fut également portée par l’ouverture, en 1777, du canal Grand Trunk (aujourd’hui le canal Trent et Mersey), qui offrait un débouché aux ports de Hull et de Liverpool afin de transporter les matières premières vers la ville et pour l’exportation de la marchandise. Au XIXème siècle, les 6 différents villages (Burslem, Fenton, Hanley, Longton, Stoke-upon-Trent et Tunstall), connus sous le nom de Potteries et qui plus tard donneront naissance à Stoke, étaient devenus des villes importantes, comptant près de 300 poteries. L’écrivain, Arnold Bennett (né à Hanley en 1867) coucha sur papier la vie quotidienne des potiers de la région. Aujourd’hui, bien qu’il ne reste qu’une usine et un four en fonction, Stoke-on-Trent est toujours le centre de l’industrie britannique de la céramique et est le plus grand producteur d’argile au monde.

#750 – Brighton & Hove Albion FC : the Seagulls

Les mouettes. En matière de surnom, le football anglais demeure l’un des plus engagés, développés, et ce dès les premières années de son existence. Fondé en 1901, le pensionnaire actuel de Premier League n’a pas adhéré facilement à cette tradition. Lambs (agneaux) et Shrimps (crevettes) se succédèrent pendant les premières années mais se diffusèrent peu parmi les supporteurs. En 1950, le Brighton Standard, organe non officiel des fans, organisa un concours pour trouver un nouveau surnom mais celui plébiscité, Brovion, dérivé du nom du club, ne rencontra pas plus de succès. A l’été 1972, le club lança un vote pour trouver un surnom. Parmi les suggestions, les références à la situation maritime de la ville furent nombreuses (Coasters, Seasiders et Mariners). D’autres mettaient en avant l’âge d’or de Brighton sous le Prince Régent à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème (Regents, Sovereigns, Bucks, Royals). Enfin, les oiseaux furent une autre source d’inspiration (Bluebirds, Swifts, Seagulls et Martlets). Mais le choix le plus populaire se porta sur dolphins (dauphins). Un delphinarium avait ouvert ses portes à Brighton en 1968, ce qui avait certainement influencé le choix. Surtout, les armoires de la ville de Brighton affichaient deux dauphins. Ces derniers marquèrent la longue histoire de Brighton mais il n’est pas facile de retracer leur origine. Par une conclusion hâtive, on pourrait penser que les dauphins ont été adoptés afin de rappeler le lien entre cette cité côtière et la mer (en l’occurence la Manche). Mais, les dauphins pourraient provenir des armoiries de deux familles qui firent parti des notables de la ville : la famille Scrase, associée au manoir de Brighton et la famille Lashmar. Le surnom plut en tout cas, au point que l’animal intégra le nouvel écusson du club en 1974. Mais, il ne resta que 3 ans et fut remplaçé rapidement (en 1977) par les mouettes.

Situé dans le Sussex, Brighton se retrouve isolé de la plupart des autres équipes de football, les laissant sans véritable derby à disputer. Pourtant, une rivalité va se construire avec un club situé à plus de 80 km de Brighton. En 1976, Alan Mullery fut nommé manager de l’équipe de Brighton tandis que Terry Venables débutait sa carrière d’entraineur dans le club londonien de Crystal Palace. En 3ème division, les deux clubs bataillèrent toute la saison 1976-1977 pour la montée (ils se recontrèrent 5 fois lors de cette saison) et leurs entraineurs nourrissaient en plus une certaine hostilité (qui remontait à leur passage en tant que joueur à Tottenham). Cette rivalité se renforça les deux saisons suivantes, les deux clubs évoluant dans les mêmes divisions et partageant les mêmes objectifs. Et finalement, bien que séparé de 80 km, l’autoroute A23 reliait aussi directement la ville à ce quartier sud de Londres. Or, Crystal Palace étant connu sous le nom de eagles (aigles), les fans de Brighton ne furent pas séduits de leur opposer un dauphin. Ainsi, face aux supporteurs de Crystal Palace qui scandaient « Eagles, Eagles! » , ceux de Brighton répondirent par des cris de mouettes et des chants « Seagulls, Seagulls! » (un oiseau courant sur la côte). Le surnom prit rapidement et s’imposa donc dès 1977 sur le blason du club.

#722 – Hull City AFC : the Tigers

Les tigres. La fondation du club en juillet 1904 était trop tardive pour lui permettre de rejoindre une ligue officielle. Le club se contenta lors de sa première année d’existence à disputer des matchs amicaux. L’histoire officielle indique que lors du premier match, les joueurs portèrent un maillot blanc avec un short noir (ce que certains contestent). Toutefois, assez rapidement, l’équipe arbora son fameux maillot rayé noir et ambre, couleurs qu’elle affiche encore aujourd’hui (en 1935-1936 et en 1946-1947, le club porta exceptionnellement un maillot respectivement bleu foncé et bleu clair). Ces rayures ambre et noir inspirèrent un journaliste du Hull Daily Mail en 1905 qui surnomma pour la première fois les joueurs les tigres. A l’époque, le Rugby était roi dans la ville de Kingston upon Hull et les deux équipes rivales avaient pour surnom un animal. D’un côté, Hull FC était surnommé Airlie Birds (les oiseaux d’Airlie). De l’autre côté, l’Ouest de la ville supportait les robins (rouge-gorges) de Hull Kingston Rovers. Le journaliste du Hull Daily Mail trouva donc logique de comparer l’équipe de football avec un animal et les rayures du maillot rappelaient le tigre.

Le surnom est bien ancré désormais au point que le tigre s’imposa presque sur tous les symboles du club. Tout d’abord le maillot qui, lors de certaines saisons, pouvaient abandonner les célèbres rayures pour arborer le pelage du tigre ou être barré d’un coup de griffe. Sur le blason du club, la tête de tigre a également trouvé sa place. Après la Seconde Guerre mondiale, le nouveau propriétaire de Hull, Harold Needler, souhaita rebaptiser le club sous le nom de Kingston upon Hull AFC et adopter l’orange, le bleu et le blanc comme nouvelles couleurs. Il modifia également le blason traditionnel qui reprenait les armes de la ville en faisant, pour la première fois, afficher une tête de tigre. Le changement de nom ne se concrétisa pas et le manque de tissu ne permit pas d’adopter les nouvelles couleurs. Néanmoins, le blason fut lui définitivement entériné. En 1975, le College of Arms, une institution royale qui gère les armoiries et blasons, officialisa le tigre comme armes du club. Enfin, en Août 2013, à la surprise générale, le propriétaire du club, Assem Allam, annonça qu’il avait déposé une demande auprès de la fédération anglaise pour changer le nom en Hull Tigers. Malheureusement, ce choix n’avait pas pour objectif de rendre hommage à la longue histoire du club et était basé sur de basses considérations marketing (étendre la zone de chalandise aux Etats-Unis où les franchises se nommes ainsi et vers l’Asie où le tigre est chargé d’un fort symbolisme, se distinguer des autres clubs qui s’appelaient également City ainsi que « in marketing, the shorter the name the more powerful it is » (en marketing, plus un nom est court, plus puissant il est)). Les supporteurs s’opposèrent à cette proposition et scandaient dans le stade « City Till We Die » (City jusqu’à notre mort). Ce à quoi Assem Allam répondit violement « They can die as soon as they want » (Ils peuvent mourir dès qu’ils le veulent). Finalement, le 9 avril 2014, la fédération anglaise rejeta la demande de Assem Allam. D’autres décisions calamiteuses accentua le désamour entre les fans et Assem Allam et le club finit par être vendu en Janvier 2022 à un producteur turc.

#698 – Millwall FC : the Lions

Les lions. Ce club londonien, qui vit dans l’ombre d’Arsenal, Chelsea ou Tottenham, n’en reste pas moins un club historique et comptant de nombreux fans. Le club fut fondé en 1885 sous le nom de Millwall Rovers par les ouvriers de l’usine de conserverie JT Morton à Millwall, un quartier du Sud-Est de Londres. JT Morton était une entreprise fondée en Ecosse, à Aberdeen qui ouvra sa première usine anglaise à Millwall en 1870. Cette usine attira particulièrement une main d’oeuvre venue d’Ecosse. Comme la plupart des membres du personnel de l’usine et du nouveau club étaient des écossais émigrés, le choix naturel était d’évoluer avec des maillots en bleu marine et blanc (couleurs de l’Ecosse). Lorsqu’un lion rampant rouge fut introduit sur le blason du club en 1936 (à l’initiative du manager Charlie Hewitt qui modifia également l’intensité du bleu du maillot), tout le monde fit le lien avec la figure héraldique de l’Ecosse. Pour rappel, les armes royales de l’Ecosse sont d’or (fond jaune) au lion rampant de gueules (rouge) armé et langué d’azur et auraient été utilisées pour la première fois par Guillaume Ier d’Écosse au XIIème siècle. Ainsi, certains pensent que le surnom provient des origines écossaises du club. Toutefois, ce lion rouge rampant avait surtout une ressemblance frappante avec les panneaux utilisés par les pubs nommés The Red Lion.

Une minorité estime que ce surnom est venu avec le fait que le club évolua pendant 83 ans (de 1910 à 1993) dans son enceinte qui se nommait The Old Den, Den signifiant l’antre. Un monstre ou un animal féroce comme le lion pouvait donc résider dans l’antre.

Néanmoins, il faut balayer toutes ces hypothèses et plutôt y voir que ce surnom, advenu pour une autre raison, collait bien avec l’histoire de Millwall. En effet, il apparut au début des années 1900. Le football anglais était alors dominé par les clubs du nord du pays tels que Blackburn Rovers, Aston Villa, Sunderland AFC ou Sheffield Wednesday. En 1900, en Coupe d’Angleterre, Millwall parvint jusqu’en demi-finale. En quart de finale, Millwall affronta l’ogre Aston Villa (qui avait déjà gagné 3 fois le championnat et ainsi 3 fois la FA Cup) et réussit l’exploit de les battre. Les deux équipes se neutralisèrent lors des deux premiers matchs (0-0 le 24 février 1900 et 1-1 le 28 février 1900). Rejoué le 5 mars 1900, Millwall remporta le match 2 buts à 1. Aston Villa était surnommé les lions (en raison de la présence d’écossais comme fondateurs du club qui importèrent le lion rampant sur le blason du club de Birmingham). Ayant terrassé le lion de Birmingham, Millwall gagna alors le surnom de Lion of the South (Lion du Sud, car le club évoluait dans la Southern Football League (la ligue du Sud). Puis, au fil des années, le surnom fut réduit à Lion et, sur le blason, il devint bleu, à l’image du maillot du club.

#678 – Manchester City : Brewerymen

Les hommes de la brasserie. Les racines de Manchester City se situent au XIXème siècle au sein de la paroisse de St. Mark’s dans le quartier de West Gorton, au sud-est de Manchester. Pour occuper les hommes et les jeunes pendant les longs mois d’hiver, le recteur de l’église encouragea l’équipe de cricket de la paroisse à pratiquer le football. Ainsi naquit le club de football de St. Mark’s (West Gorton) en 1880. Comme beaucoup de clubs au début du développement du football, St. Mark’s connut des premières saisons plutôt chaotiques étant donné le manque de structure et les faibles moyens financiers du club. Le principale sujet de préoccupation était de trouver un terrain d’accueil pour jouer. Le premier lieu était évidemment un terrain près de l’église St. Mark’s, dans Clowes Street, mais ce dernier était plutôt accidenté. En 1881, l’équipe déménagea sur le proche terrain de cricket de Kirkmanshulme mais la cohabitation avec les joueurs de cricket fut difficile et les footeux furent bannis du terrain en 1883-1884. Cette expulsion encouragea à la fusion avec une autre équipe locale mais l’union ne dura pas plus d’un an. Le club changea alors de nom pour Gorton AFC. Puis, en 1887, poussé par une nouvelle expulsion du terrain qu’il occupait et par le fort développement du football en Angleterre (organisation de compétition officielle, apparition du professionnalisme …), le club prit 3 importantes décisions pour se structurer et donc perdurer. Premièrement, le club trouva un nouveau terrain de jeu près d’un viaduc ferroviaire à Ardwick, qui était donc en dehors du quartier originel de Gorton. Deuxième décision, le changement de nom. En s’expatriant du quartier de Gorton, s’appeler Gorton AFC apparaît désormais un terme impropre. Par conséquent, le club fut officiellement rebaptisé Ardwick Association Football Club, du nom du nouveau quartier. Enfin, alors que le club était officiellement amateur depuis sa création, la direction décida pour la première fois en 1887 d’attribuer à un joueur un salaire hebdomadaire de 5 shillings pour ses services, le club devenant ainsi une organisation professionnelle.

Mais toutes ces décisions furent facilitées par une rencontre que permit le déménagement à Ardwick. En effet, la direction du club sympathisa avec Stephen Chesters-Thompson, en entrepreneur local, qui possédait un hôtel (avec un pub) près de la nouvelle enceinte ainsi qu’une brasserie du nom de Chester’s, fondée en 1830, dans la quartier d’Ardwick. Les bonnes relations entre la direction du club et cet entrepreneur furent décisives pour Ardwick AFC. En effet, le siège du club s’établit d’abord au sein de l’hôtel. De même, de 1887 à 1896, l’hôtel-pub servait de vestiaire aux joueurs, ce qui pourrait expliquer certaine défaite, les matchs se déroulant après l’apéritif. Puis, la brasserie Chester’s soutint le club en aidant à financer l’aménagement du terrain et également à acheter des joueurs. En échange, elle obtint la concession de l’ensemble des bars et pubs autours de l’enceinte. Les liens étant si forts, Stephen Chesters-Thompson se fraya un chemin jusqu’à la direction du club et de nombreux salariés de la brasserie intervenaient également au sein du club de football. Puis, la brasserie serait même devenue actionnaire du club. Ainsi, Ardwick AFC (qui devint Manchester City en 1894) s’assimila dans les faits avec la brasserie Chester’s et le surnom brewerymen s’imposa. En 1920, les liens se dénouèrent entre le club et la brasserie et le surnom fut moins utilisé. La brasserie d’Ardwick continua sa vie et fut démolie en 1967.

#660 – Coventry City FC : the Bantams

Les poids coqs, relatifs à la catégorie de boxe. Lorsque le club fut fondé en 1883 par les employés d’une fabrique de vélos, les fondateurs reprirent le nom de l’usine, Singers Cycle Company, comme nom du club, Singers FC. Dix ans plus tard, le club devint professionnel après des saisons réussies, au cours desquelles le club remporta deux fois de suite la Birmingham Junior Cup (en 1891 et 1892). En 1898, le club fut rebaptisé en Coventry City FC, un an avant d’emménager dans leur enceinte de Highfield Road, qui demeurera leur antre jusqu’en 2005. Avec le recrutement de plusieurs nouveaux joueurs, la saison 1907-1908 fut un grand succès et la meilleure de Coventry depuis sa création. Ils atteignirent pour la première fois le premier tour de la FA Cup et à l’issue de la saison, le club déposa sa demande pour intégrer la Southern League, qui à l’époque était considérée comme la troisième meilleure division du pays avec des clubs aux capacités équivalentes à ceux de la deuxième division de la Ligue nationale. Un journal local remarqua que le club de Coventry étaient l’un des rares à ne pas avoir de surnom. Comme sa candidature fut accepté le 27 mai 1908, le club ne put recruter des joueurs ayant les qualités pour évoluer à ce niveau. En outre, il perdit son atout capital, l’ailier Albert Lewis. Résultat, le club vécut une saison compliquée et apparaissait comme un petit poucet. Ce statut de poids léger de la Southern League donna naissance au surnom de bantam. A la fin de la saison, le club échappa à la relégation uniquement car le nombre de club de la Southern League passait de 20 à 22 pour l’année suivante.

Coventry adopta ce surnom seulement un mois après que Bradford City le retint aussi. C’était la mode pour les clubs d’adopter des surnoms en rapport avec les animaux, notamment des oiseaux. Bradford City prit ce surnom de bantam, qui fait référence dans ce cas à la poule naine, en raison des qualités de combat de cet oiseau (cf. #996). Pour Coventry, ce n’est donc pas le cas mais plutôt par rapport au fait que l’équipe n’évoluait pas dans la même catégorie que les autres de la Southern League. Par ailleurs, il semble que le club avait déjà des surnoms avant 1908 : au départ the vocalists (en raison du nom du club, Singers) puis the little blackbirds (les petits merles, car le club porta pendant la saison 1890-1891 un kit intégralement noir). Toutefois, ces surnom n’auraient pas survécu, ni même vraiment imprégnés les fans ou la presse.

#647 – Bristol City FC : the Robins

Les rouges-gorges. Fondé le 12 Avril 1894, le club évolua dès le début dans des maillots de couleur rouge qui ressemblait alors au plumage du rouge-gorge. Pendant ses 127 années d’existence, les seules fantaisies furent un short bleu la première année et quelques touches de noir au début des années 1980 et des années 2010. Même en 1900 lorsque le club fusionna avec son voisin de Bedminster FC, qui portait des maillots bordeaux et or, Bristol conserva ses maillots rouges. La raison de porter du rouge est inconnue. Différentes hypothèses furent avancées mais aucune ne paraît tenir.

Jusqu’à l’obtention de son statut professionnel, le club se dénommait Bristol South End, peut-être en l’honneur de Preston North End, le club majeur à cette époque (champion d’Angleterre en 1889 et 1890, et vice-champion les 3 années suivantes). Comme Preston évoluait en bleu, les fondateurs auraient pu retenir le rouge (comme un parallèle de l’opposition North-South). En parlant d’opposition, le grand rival local de City est Bristol Rovers qui porte des maillots bleus. Seulement, les Rovers n’optèrent pour le bleu qu’au début des années 1930, soit bien après l’adoption du rouge par City.

Personnellement, j’avancerais que les dirigeants s’inspirèrent des armoiries de la ville (un bateau et un fort) qui apparaissent sur un fond rouge. Il se peut aussi que ce choix soit beaucoup moins réfléchit et ne résulte que du fait que le maillot rouge était le plus simple à se procurer (à l’époque, de nombreuses équipes portaient un maillot rouge). Naturellement, les premiers surnoms du club se calquèrent à la couleur du maillot.

Ce fut donc les Reds (rouge) et Red Shirts (Maillots rouges). Mais aussi les Garabaldians (garibaldiens) car les partisans du patriote italien portaient des chemises rouges (cf. #430). En 1949, le maillot afficha pour la première fois un blason où apparaissait un rouge-gorge. Cet oiseau fit certainement son apparition dans la vie du club suite à la sortie de la chanson « When The Red, Red Robin Comes Bob, Bob, Bobbing Along » (quand le rouge rouge-gorge vient, bob, bob sautille) en 1926. Dans les années 1930, le manager du club se nommait Bob Hewison et résultat, en référence au titre de la chanson (bob comme le manager + ressemblance des maillots rouges avec le plumage de l’oiseau), les supporteurs brandirent dans le stade des panneaux avec un rouge-gorge. Le rouge-gorge demeura sur le maillot jusqu’en 1969 où il fut remplacé par les armoiries de Bristol. Face au protestation des fans, 7 ans plus tard, l’oiseau revint, avec l’accession du club en première division. En 1994, nouvelle tentative de le remplacer par une version simplifiée du blason de Bristol. Nouvel échec auprès des fans mais ces derniers attendirent 2013 pour lancer une campagne demandant la restauration du rouge-gorge. En Novembre 2014, leur pétition attira 1 000 signatures. Au lieu de cela, le club répondit avec une version simplifiée du blason. Lors de la saison 2018, la direction choisit un retour timide du rouge-gorge sur les maillots extérieurs qui fut évidement bien reçu par les supporteurs. En vue de marquer les 125 ans du club en 2019, le bureau marketing Mr B & Friends, mandaté par le club, organisa une consultation auprès des fans pour déterminer le nouveau design du blason du club. 3 350 personnes répondirent et 75% d’entre eux approuvèrent le retour du rouge-gorge. Depuis, l’oiseau trône de nouveau sur le maillot rouge.

#629 – Southampton FC : the Saints

Les saints. Tout remonte aux débuts du club à la fin du XIXème siècle. En 1880, un premier club dénommé Deanery FC existait près de l’église St Mary, l’une des principales de la ville et qui était alors en pleine reconstruction (débutée en 1878). Moins d’un an après l’achèvement de l’église, son révérend, Arthur Baron Sole, souhaitait utiliser le football comme une activité inclusive auprès de sa communauté de jeunes. Ainsi, en 1885, le révérend Sole présida une réunion de l’association de St. Mary’s Young Men’s Association, dans une salle à Grove Street derrière l’église St Mary, pour fonder une équipe de football, dénommé St. Mary’s Young Men’s Association FC. St. Mary’s Young Men’s Association était une organisation ouvertement chrétienne dont les membres jouaient un rôle important dans les affaires paroissiales, en particulier en tant que professeurs et choristes au sein de l’église.

Avant d’adopter le football, le YMA avait de nombreux intérêts, après l’étude de la Bible, notamment le cricket et la gymnastique. En 1887-1888, le nom du club fut raccourci pour St. Mary’s FC. . En 1894, le club rejoint la Southern League et changea de nom pour Southampton St. Mary’s FC. Le club commençait à adopter un statut professionnel et cherchait donc à élargir son audience et ses ressources en s’identifiant mieux à la ville. Enfin, après que le club remporta le titre de Southern League en 1896-1897, il se transforma en une société à responsabilité limitée et s’ouvrit complètement aux joueurs ne faisant pas parti de la paroisse ou même de l’Eglise. Il prit donc le nom de Southampton FC. Toutefois, le lien fort avec les origines religieuses du club perdura dans son surnom.

Elles sont également rappelées dans le nom de son stade. Après avoir évolué plus de 100 ans dans son enceinte du Dell, le club déménagea dans son nouvel écrin, dénommé St Mary’s Stadium. Il faut indiquer que ce nouveau stade se situe près de l’église St Mary, au point que lors de la décision de cet emplacement, tout le monde disait que le club revenait chez lui. Enfin, dans son blason, une auréole couronne un ballon de football.

#615 – Portsmouth FC : Pompey

Surnom à la fois du club et de la ville de Portsmouth. Rappelez-vous le début des années 2000. Le club de Portsmouth retrouvait la Premier League grâce aux fonds d’un milliardaire qui permit au club de s’acheter de nombreux joueurs de qualité (Peter Crouch, Sol Campbell, Sylvain Distin, Nwankwo Kanu …). Seulement, la dette s’accumula et l’actionnaire lâcha le club. Résultat, Portsmouth fit faillite et fut repris en main par ses supporteurs en 2013. Une histoire que les fans de clubs aujourd’hui détenus par un milliardaire ou un Etat devraient garder en tête plutôt que de se laisser tourner la tête par la planche à billet … Revenons plutôt à ce surnom de Pompey. Il existe de nombreuses théories et explications, certaines plus crédibles que d’autres, mais personne ne semble être en mesure d’avoir la raison exacte et définitive. En outre, personne ne sait si le surnom a d’abord été appliqué à la ville ou à l’équipe de football. Cependant, il semble que la première référence écrite a concerné le club de football. Nous avons donc rassemblé ci-après diverses explications possibles, qui convergent toutes sur un point : elles trouvent leur origine dans le monde de la marine, Portsmouth étant un des principaux ports de la Grande-Bretagne.

La première légende raconte qu’Agnes « Anggie » Weston dirigeait une auberge, Sailors’ Rest, et y donnait des conférences aux marins. En 1904, la conférence portait sur Pompée le Grand, nom élogieux donné au général et homme d’État romain Cnaeus Pompeius, afin de le comparer avec Alexandre le Grand. Pompée gagna sa notoriété militaire en menant en Hispanie une guerre difficile, en remportant des victoires sur les pirates en Méditerranée et par ses conquêtes en Orient. Il composa avec Crassus et César le premier triumvirat. Puis, à la fin du triumvirat, il fut vaincu par César lors de la bataille de Pharsale en 48 avant JC. Il s’enfuit alors en Egypte, où il fut assassiné. Agnes Weston présenta avec vigueur la chute de Pompée et lorsqu’elle décrivit son assassinat, l’un des marins, certainement ivre, cria « Poor old Pompey ! » (Pauvre vieux Pompée). Quelques jours plus tard, Portsmouth FC disputa un match où ils jouèrent mal et perdirent. Un marin dans la foule s’appropria alors le cri entendu dans le bar « Poor old Pompey ! » et les autres fans reprirent le refrain.

Il est également dit qu’un groupe de marins basé à Portsmouth aurait grimpé le pilier de Pompée près d’Alexandrie en Égypte vers 1781. Cette colonne est un bloc de granit de 28 m de haut, attribuée à tort au général romain Pompée, mais en réalité construite comme un mémorial à l’empereur romain Dioclétien. Etant donné sa sculpture, son escalade constitua un exploit et les marins gagnèrent ainsi le nom de Pompey Boys (Les garçons de Pompée).

En 1662, Charles II, Roi d’Angleterre, épousa Catherine de Bragance, membre de la famille royale portugaise. Contre le soutien militaire et naval de l’Angleterre comme protection face à l’Espagne, la monarchie portugaise donna en dot Tanger en Afrique du Nord et plusieurs îles en Inde, dont Bombay. Le mariage se déroula à Portsmouth. Lorsque les marins portugais qui accompagnaient Catherine découvrirent Portsmouth, ils trouvèrent des ressemblances entre la ville anglaise et Bombay : les deux sont des îles, les deux sont de bons ports et leur relief est plats, avec une colline en arrière-plan. Les marins surnommèrent alors Portsmouth en portugais, Bom Bhia (la bonne baie), qui donna le nom de la ville indienne. Bom Bhia fut ensuite anglicisé devenant Pompey.

Portsmouth est un port depuis l’époque romaine. A proximité de Portsmouth, se dresse le chateau fort de Portchester, fort romain très bien conservé. Ainsi, plus tard, lorsque le port commença à se développer, les habitants surnommèrent leur ville Pompey, pour rappeler ses ruines et son passé romain en la comparant avec les vestiges de Pompéi.

Portsmouth est un important port militaire de la Royal Navy où se déroulent de nombreux cérémonies. Ces « festivités » sont décrites comme the pomp and ceremony (faste et cérémonie) qui réduit devint Pompey.

Port important sur les routes marchandes et militaires, Portsmouth constituait un point de localisation pour les marins. Ceux-ci l’appelaient ainsi le Portsmouth Point et l’écrivaient en abrégé sur le journal de bord : Pom. P. Les cartes de navigation utilisaient également cette abréviation. Ceci donna le surnom Pompey. En outre, « Pom-pey » ressemble à la prononciation par des marins ivres de Portsmouth Point, d’où ils prenaient leurs bateaux.

Selon certains, l’équipe de football de Portsmouth commença à se développer en récupérant de nombreux membres de l’équipe de la Royal Artillery dont la structure disparut en 1899 (1 an après la fondation de Portsmouth FC). Cette dernière portait le surnom originel des Pompeys. Ce surnom fut acquis lorsque, lors d’une revue organisée à l’occasion de l’anniversaire de la Reine, la Royal Artillery fut simplement chargée d’encadrer la parade au lieu de défiler. Ils furent alors relégués à la mission qu’effectuait généralement la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. L’année suivante, la population acclama la Royal Artillerie sous le nom de « Pompiers », qui devint par la suite Pompey.

« La Pompée » était un navire français amarré dans le port de Portsmouth. Peu après son achèvement, ce navire de classe Téméraire avait été volé par les royalistes français qui avaient fui la France après le Siège de Toulon (Septembre-décembre 1793) et donné aux britanniques à Spithead, une rade de la Royal Navy près de Portsmouth, en mai 1794. Les anglais copièrent la conception de ce bateau français qui était une réussite et construisirent des navires connus alors sous le nom de « classe Pompée », dont le Superb et l’Achilles. Le Pompée fut renommé HMS Pompée et servit dans la marine britannique dans de nombreuses campagnes en Europe et dans les Caraïbes. Il eut également des fonctions défensives en gardant le port de Portsmouth. Puis, en 1816, le Pompée devint une prison navale dans le port de Portsmouth et fut finalement démoli en 1817. Le bateau aurait donc donné le surnom à la ville. Une autre explication pourrait également venir soutenir cette version puisque dans l’argot du Nord du pays, pompey désigne une prison.

Enfin, des expressions marines pourraient également expliquer ce surnom. Dans la tragédie Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare, un vers décline « Pompey is strong at sea » (Pompée est fort en mer) ce qui plaisait beaucoup aux marins. Par ailleurs, il existe une expression anglaise « to play Pompey » qui signifie « faire des ravages ».

Si pour certains surnoms, les explications manquent ou sont tombées dans les oubliettes de l’histoire, Portsmouth n’en connait que trop. Mais, à défaut de faire encore parti des clubs huppés de la Premier League, Portsmouth bénéficie finalement d’une autre richesse plus importante : une histoire.