#846 – Figueirense FC : Figueira

Le figuier. Le surnom n’est pas un diminutif du nom du club comme habituellement. Ce serait plutôt le contraire. En 1921, alors que les principales capitales des Etats brésiliens comptaient déjà au moins une équipe de football (voire plus) qui s’installait durablement dans le paysage sportif, à Florianópolis, les premiers clubs déclinaient les uns après les autres. Jorge Albino Ramos réunissait régulièrement des amis pour parler football et, au fil des discussions, l’idée de créer un nouveau club émergea. Pour choisir le nom de la nouvelle association, un des fondateurs, João Savas Siridakis, plus connu sous le nom de Janga, défendit l’idée que le club devrait s’appeler Figueirense car de nombreuses réunions du groupe d’amis s’étaient tenues sur la Praça XV de Novembro, où trônait un figuier.

Ce figuier est le symbole de la place mais également devenu un célèbre arbre de la ville. Aujourd’hui, comme à l’époque, il est difficile pour les touristes de ne pas venir admirer ce figuier, niché au milieu de la Praça XV de Novembro, dans le centre ville. Centenaire, s’appuyant sur des cannes pour soutenir ses branche, l’arbre est entouré de magie et de mystère. Une plaque placée au pied de ses racines indique : Muito tem sido decantada, em prosa e verso, a nossa tradicional figueira da praça “15 de novembro”, este majestoso pálio verdejante, cuja exuberante copa lhe dá cada vez mais graça e beleza, tornando-a sempre altaneira e esplêndida! Foi numa manhã de verão, cheia de sol e vida, do mês de fevereiro do ano de 1891, que a jovem figueira, contando, talvez, seus vinte anos, foi retirada do Jardim da Matriz, e aqui carinhosamente replantada (On a beaucoup décanté, en prose et en vers, sur notre traditionnel figuier de la place du 15 Novembre, ce majestueux dais vert, dont la couronne exubérante lui donne de plus en plus de grâce et de beauté, le rendant toujours haut et splendide ! C’est par un matin d’été, plein de soleil et de vie, en février 1891, que le jeune figuier, qui devait avoir une vingtaine d’années, a été arraché du jardin du Matriz et replanté ici avec amour). Sa replantation est certainement liée à une vieille croyance de l’époque qui disait que si un arbre était abattu, les sorcières qui l’habitaient pouvaient jeter une malédiction. D’autres mosaïques (47 au total) représentant les traditions culturelles de l’île, des coutumes quotidiennes aux histoires folkloriques, décorent également son parterre. Enfin, selon le folklore local, le figuier de Florianópolis peut réaliser les souhaits, de ceux qui savent tourner autour de son tronc, dans le sens des aiguilles d’une montre. Les « tarifs » sont simples : un tour pour ceux qui souhaitent revenir à Florianópolis, deux tours pour ceux qui veulent trouver un partenaire, trois tours pour ceux qui veulent se marier et sept tours pour tous autres souhaits. Moins cher que jeter des pièces dans une fontaine et plus physique que de regarder une étoile filante.

#818 – EC Bahia : Tricolor

Le tricolore. Si l’équipe de Salvador joue avec un maillot blanc, ce dernier intègre toujours des parements bleu et rouge. D’ailleurs, son second maillot, qui se compose de rayures bleues et rouges entrecoupées de bandes blanches (à la manière de celui de Fluminense), est très célèbre. Le blason du club, basé sur l’insigne du club des Corinthians, reprend ces 3 couleurs et valorise en son centre un drapeau bleu, blanc et rouge qui est semblable à la bannière de l’Etat de Bahia. Il semblerait que le club est choisi les mêmes couleurs que celles de l’Etat. Mais, revenons en 1930, quelques mois avant la création du club le 1er janvier 1931. Deux clubs omnisports coexistaient à Bahia : l’Associação Atlética da Bahia (fondé en 1914) et le Clube Bahiano de Tênis (fondé en 1916). Chacun de ces clubs créa rapidement une section football. L’équipe de football du Clube Bahiano de Tênis connut même un certain succès, en remportant notamment le championnat de l’Etat en 1927. Toutefois, les deux clubs décidèrent pour des raisons inconnues de fermer leurs sections football en 1930. Les membres pratiquant le football de ces deux clubs se retrouvèrent désœuvrés et jouèrent séparément dans des matchs amateurs à Salvador et dans sa banlieue. Le 8 décembre 1930, certains membres des deux anciennes équipes se rencontrèrent lors d’un match et discutèrent la fondation d’une nouvelle équipe de football. 4 jours plus tard, plus de 70 personnes, pour la plupart d’anciens athlètes des deux clubs, entérinèrent l’idée et le 1er janvier 1931, l’EC Bahia naquit. Les 3 couleurs bleu, blanc et rouge furent approuvées. Le bleu fut choisi car elle était celle de l’Associação Atlética da Bahia. De même, les fondateurs retinrent le blanc et le noir, couleurs du Clube Bahiano de Tênis. Toutefois, le futur premier président, Waldemar Costa, estima que le noir pourrait porter la malchance à la nouvelle équipe. Le noir fut alors remplacé par le rouge, qui était la troisième couleur du drapeau de l’Etat.

Alors que la fin de l’Empire Brésilien approchait, les idées républicaines faisaient leur chemin dans l’élite du pays. Ainsi, cette dernière pensait que la création de nouveaux symboles pour les Etats régionaux (dont les drapeaux) soutiendrait l’affaiblissement de la monarchie et l’avènement de la république. Pour l’Etat de Bahia, le choix se porta sur des symboliques républicaines fortes. La composition rappelle ainsi la première démocratie mondiale, les Etats-Unis, et les couleurs sont celles de la France, vieille république qui diffusait ses idées dans le monde. En outre, il comporte un triangle, symbole maçonnique, dont la philosophie est plutôt acquise aux idées républicaines. Enfin, ces 3 couleurs avaient déjà été utilisées lors de la conjuration bahianaise en 1798. Ce mouvement populaire à caractère indépendantiste se déroula dans la capitainerie de Bahia et reprenait les idées des lumières dont la République, la liberté et l’égalité. La jeune France révolutionnaire était également une source d’inspiration et les révolutionnaires bahianais se levèrent sous une bannière tricolore, bleu, blanc et rouge.

Le surnom de tricolore est parfois associé avec l’autre (cf #228), donnant ainsi le Tricolor de Aço. De même, comme il n’est pas le seul à porter 3 couleurs et avoir ce surnom, il est parfois qualifier de Tricolor Baiano.

#813 – Les Astres FC : les Brésiliens de Bépanda

Fondé en 2002, le club de la capitale économique du Cameroun est jeune mais accéda rapidement au championnat de première division du pays. Malgré le soutien de l’entrepreneur Dieudonné Kamdem et de son conglomérat d’entreprises, la SADIPIN, le club n’est pas parvenu à se constituer un palmarès au niveau national et reste scotché aux places d’honneurs. Pour les 20 ans du club, en mars de cette année, l’équipe avait une occasion d’obtenir son premier titre mais échoua une nouvelle fois en finale de la Coupe du Cameroun. Il avait déjà atteint le stade de la finale en 2007, 2009 et 2010. Côté championnat, le club fut 3 fois vice-champion en 2010, 2011 et 2013. Le club se surnomme les brésiliens de Bépanda et deux raisons semblent justifier ce terme. Evidemment, le maillot jaune à parement vert porté par l’équipe est la motivation la plus logique. Si son explication est méconnue, on peut légitimement pensé que la victoire du Brésil en Coupe du Monde en 2002 avec sa constellation de stars (Ronaldo, Ronaldinho, Rivaldo, Cafu, Roberto Carlos …) n’y est peut-être pas étrangère. Une autre explication serait le style de jeu de l’équipe qui était plutôt léché à l’image de celui souvent pratiqué par le Brésil. Le nom du club, les Astres, provient de l’une des marques de farine de froment de la Société Camerounaise de Transformation de Blé (SCTB), propriétaire du club et filiale principale de la SADIPIN. Enfin, Bépanda est le nom du district de Douala où réside le club.

#810 – São Paulo FC : o Mais Querido

Le plus aimé. Le club de São Paulo porte ce surnom flatteur, certainement parce qu’il est largement soutenu dans la ville pauliste mais aussi dans tout le pays. Certain sondage estime entre 15 et 20 millions de supporteurs au Brésil. Néanmoins, l’enquête publiée par l’Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística (l’institut public de statistiques, équivalent brésilien de l’INSEE) en juillet 2021 montre depuis plusieurs années que Flamengo demeure le club le plus populaire du pays avec plus de 42 millions de supporteurs. Les Corinthians occupent la seconde place avec près de 30 millions de fans et São Paulo arrive seulement en 3ème position (17 065 411 fans). D’autre part, São Paulo n’est pas le seul club à s’attitrer ce surnom de « plus aimé » à travers le pays. Il faut dire qu’un club peut toujours trouver un périmètre géographique ou temporel qui lui permet d’affirmer cela.

Pour São Paulo, ce surnom puise son origine dans les années 1940 et il est important de se remémorer le contexte. Avant 1930, l’Etat fédéral brésilien, qui était faible face aux Etats régionaux, était présidé par alternance par l’un des gouverneurs des deux grands états producteurs de café, São Paulo et Minas Gerais. Mais, alors que le représentant de Minas Gerais devait arriver au pouvoir, le président en place, un pauliste, Washington Luís, manœuvra pour favoriser l’élection du gouverneur de São Paulo, Júlio Prestes. Après plusieurs tentatives de conciliation, Getúlio Vargas, soutenu par l’Etat de Minas Gerais, arriva à la présidence brésilienne suite à un coup d’Etat, le 4 octobre 1930. A partir de 1937, Vargas imposa un régime autoritaire avec une volonté de réaffirmer la puissance de l’Etat centrale face aux pouvoirs régionaux. Ainsi, Vargas promut l’incinération sur la place publique de tous les drapeaux d’État et l’utilisation des symboles des États régionaux devint strictement interdite et criminalisée. Autant dire que Vargas n’était pas en odeur de sainteté dans l’Etat de São Paulo. En 1936, Vargas lança un programme national de soutien au sport. Comme souvent dans les dictatures, le sport était le principal vecteur de communication pour vanter les mérites du régime. Ainsi, la construction d’un nouveau stade fut démarrée à São Paulo avec l’idée de montrer la modernité et la puissance de l’Etat brésilien (dans la même logique de vitrine politique qui prévalut à la construction du stade olympique de Berlin en 1936 et le Foro Italico à Rome à la même époque).

Le 27 avril 1940, la nouvelle enceinte de São Paulo, du nom d’Estádio do Pacaembu, fut inaugurée devant un public de près de 70 000 personnes, en présence du président Vargas et du maire Prestes Maia. Outre le match inaugural entre Palmeiras et Coritiba, les festivités incluaient également un défilé des principales associations sportives de la ville. São Paulo FC réalisa son entrée dans le stade en dernier et, avec son nom et ses couleurs similaires à ceux de l’Etat de São Paulo (cf. #25), ce fut l’occasion d’une nouvelle manifestation politique par les spectateurs qui avaient déjà hué le président Vargas lors de son apparition. Ainsi, la presse rapporta que la foule se leva en applaudissant et en criant avec enthousiasme « São Paulo, São Paulo, São Paulo ! », en pointant vers la tribune d’honneur où se trouvait le président. Contrairement aux autres équipes qui avaient été applaudit par leurs seuls supporteurs présents, São Paulo FC reçut l’acclamation de l’ensemble du stade, ce qui fit dire qu’elle était l’équipe la plus aimé alors même que le club était récent dans le paysage pauliste (fondation en 1930) et était un nain (en termes de palmarès et de notoriété) face au Corinthians et à Palmeiras, les deux grands de la ville. Le président Vargas aurait déclaré aux personnes présentes après avoir remarqué la réaction du public à la réception de la délégation de São Paulo « Ao visto, este é o clube mais querido da cidade » (Il s’avère que c’est le club le plus aimé de la ville). Le lendemain, le journal « Folha da Manhã » écrivit « O público esportivo propriamente dito demonstrou quanto é querido o S. Paulo F.C., pois, ainda que apresentasse pequena turma, recebeu calorosas palmas, sendo o nome ovacionado deliberadamente » (Le public sportif lui-même a démontré combien le S. Paulo F.C. est aimé, car, bien qu’il avait une petite audience, il a reçu de chaleureux applaudissements, le nom étant ostensiblement acclamé). Le journal « Gazeta » titra « O Clube Mais Querido da Cidade » , accompagné d’une photo de la délégation avec un drapeau de São Paulo. Après les évenements, le Département d’État de la Presse et de la Propagande (en clair l’organe de censure officielle) organisa un sondage public pour savoir quel était le club le plus aimé de la ville. Evidemment, Corinthians et Palmeiras apparaissaient comme les favoris car ils comptaient un grand nombre de supporters à l’époque. Cependant, le résultat fut surprenant puisque sur 11 528 votes, Sao Paulo FC emporta nettement le sondage avec 5 523 votes en sa faveur, soit 47,90% des votants. Il reçut plus du double de votes par rapport au second, Corinthians, avec 2 671 votes, qui devançait de moins de 100 voix l’autre grand, Palmeiras.

#802 – ABC FC : Elefante da Frasqueira

L’éléphant de Frasqueira. Fondé en 1915 une quinzaine de jours avant son grand rival de l’América Natal, le club adopta comme mascotte l’éléphant, lors de la première période de présidence de Judas Tadeu Gurgel (entre 1998 et 2009). En 2010, le service marketing d’ABC donna vie à la mascotte en créant les personnages de Fantão et Fantinho, qui animent les débuts de matchs et les mi-temps. En 2021, ce département poussa un peu plus loin l’exploitation de cette identité en créant un troisième maillot reproduisant la peau du pachyderme. Mais pourquoi avoir pris l’éléphant comme mascotte alors que cet animal ne vit pas du tout au Brésil ? Lors de la saison 1997, le club fit ses débuts en série B (seconde division brésilienne) par un match à domicile contre Santa Cruz de Recife et une victoire 3 à 0. Le lendemain, le 10 août 1997, dans le quotidien « Dário de Natal », le journaliste Edmo Sinedino et le dessinateur Ivan Cabral représentèrent ABC sous la forme d’un éléphant écrasant le serpent corail, mascotte du club de Santa Cruz FC. L’idée de l’éléphant était d’indiquer que le club était aussi grand, de mettre le club au même niveau que l’Etat du Rio Grande do Norte (où se situe la ville de Natal). En effet, cet Etat est souvent comparé à un éléphant car ses frontières dessinent la silhouette d’un pachyderme. En outre, l’animal montrait la force de l’équipe.

Situé sur la Rota do Sol, dans le quartier de Ponta Negra, le stade du club de 18 000 places se nomme Maria Lamas Farache, mais est plus communément connu sous le nom de Frasqueirão.

#775 – Bangu AC : Alvirrubro

Les blanc et rouge, couleurs du club carioca depuis ses origines. Bangu, quartier de Rio de Janeiro, vit apparaître le football grâce à la présence de l’usine textile locale, Fábrica de Tecidos Bangu, où de nombreux employés anglais travaillaient. Car, comme dans beaucoup de pays, les expatriés anglais apportèrent avec eux leurs savoir-faire industriels mais également leurs nouveaux loisirs, tels que le football. En particulier, l’écossais Thomas Donohoe apporta des ballons de football à Bangu. En décembre 1903, l’anglais Andrew Procter proposa, notamment à ses collègues britanniques de l’usine, John Starck, Thomas Donohoe, Clarence Hibbs, Willian French, Willian Procter, et Thomas Hellowell, la création d’un club. Lors de l’assemblée constituante, le choix des couleurs se porta sur le rouge et le blanc. On suppose aujourd’hui que ce choix fut dicté par la dominance des anglais au sein du club puisque le rouge et le blanc aurait célébré Saint Georges, saint patron de l’Angleterre et présent sur le drapeau anglais au travers de sa croix rouge et blanche. En effet, la représentation de Saint Georges, terrassant un dragon, est l’aggorie de la victoire de la Foi sur un Démon. Ainsi, Saint Georges avait un cheval blanc, signe de pureté et portait également un écu et une barnière d’argent à la croix de gueules (en termes moins héraldiques, blanc et rouge). Toutefois, une autre version est apparue, avec l’aide (intentionnelle ?) du club. Comme pour d’autres clubs, les employés britanniques de l’usine textile et fondateurs étaient des fans, en particulier du club de Southampton. Ce dernier évoluait dans des maillots rayés rouge et blanc et avait une certaine notoriété, ayant été finaliste de la FA Cup en 1900 et 1902. En 2015, le club s’équipa d’un maillot extérieur bleu marine à parement jaune, totalement similaire à celui de Southampton. De quoi relancer cette version.

#752 – Club de Regatas Vasco da Gama : Camisas Negras

Les chemises noires. Le maillot de Vasco da Gama est sujet à quelques débats au Brésil. En effet, malgré les efforts des équipes de marketing pour réinventer les équipements chaque année, les grandes équipes conservent leur maillot principal, au moins pour ce qui est des couleurs (car même la Juventus ou le FC Barcelone ont dû sacrifier leurs célèbres rayures aux sirènes trompeuses du merchandising). Pour Vasco, le maillot principal peut-être noire avec une bande blanche ou blanc avec une bande noire, chacun étant aussi important. Pourtant, leur surnom rappelle un de leur premier kit qui était alors intégralement noir.

Les membres du Vasco da Gama, à sa fondation en 1898, ne pratiquaient que l’aviron et reprirent donc les principaux symboles de la mer pour leur nouveau club : un amiral portugais pour nom (cf #194), la croix du Christ comme écusson (symbole des navires portugais) et un maillot devant rappeler les grandes heures des navigateurs. Pour son président-fondateur, Francisco Gonçalves Couto Junior, qui proposa ses couleurs, le noir symbolisait les tempêtes maritimes, les mers inconnues et les marins morts lors des grandes expéditions. La bande diagonale blanche représentait la lumière et les routes ouvertes par les grands navigateurs portugais.

Pour autant, ce ne fut pas le premier maillot choisi par la section football. En effet, cette dernière naquit au sein du club en 1915 en absorbant un club existant, Lusitânia Futebol Clube. Ces membres voulurent certainement se distinguer des rameurs, tout en respectant les symboles du nouveau club, et optèrent pour un maillot noir, avec le col et les poignets blancs. Dans la foulée, l’équipe s’installa petit à petit dans le gratin footballistique en battant les équipes de Rio telles que Flamengo, Fluminense, América et Botafogo. L’apogée fut la victoire en 1923, premier championnat carioca remporté, avec onze victoires, deux nuls et une défaite. Les journalistes surnommèrent alors le club camisas negras, en l’honneur de leur maillot.

Mais, peut-être pas uniquement car Vasco était également le porte-étendard des classes populaires, laborieuses et colorées du Nord de Rio. Alors que le football était réservé à une élite blanche qui vivait dans les quartiers Sud et étaient représentaient par Flamengo, Fluminense et Botafogo (América était du nord mais était le club des élites de Tijuca), Vasco était le premier club à puiser ses membres et ses supporteurs parmi les populations défavorisées et généralement métissées. Alors quand Vasco gagna ce premier championnat pour sa première participation, vexés, les grands clubs du Sud se retirèrent du championnat en 1924 pour créer une ligue concurrente. Mais, en 1925, face aux succès et à la popularité du Vasco, ils reculèrent et acceptèrent d’affronter de nouveau les pauvres mulâtres du Vasco. Ainsi, dans cette société raciste, cette épisode contribua à élargir l’accès de ce sport d’élite aux noirs et aux pauvres et marqua un tournant dans l’ère du professionnalisme dans le football brésilien. Aujourd’hui, cette réciprocité entre le maillot blanc et le maillot noir serait aussi le symbole de l’égalité des races prônées par le club.

#730 – CN Capibaribe : Timbu

Le timbu est un marsupial que l’on trouve couramment dans tout le Brésil et qui se nomme communément opossum à oreilles blanches. Il vit aussi bien dans des milieux naturels (marais, cerrado, caatinga) que les zones urbaines. Il est évidemment largement répandu dans la zone forestière de l’état du Pernambouc où se situe la ville de Recife, résidence du club, et c’est là où il est connu sous le petit nom de timbu. Il est devenu la mascotte du club (et donc le surnom des joueurs) suite à un match joué le 19 août 1934. Capibaribe rencontrait América FC, au Campo de Jaqueira, un stade de Recife. Avec une victoire dans ce derby, América pouvait prendre la tête de la compétition et ses supporteurs remplirent donc les travées du stade. Mais le match ne se déroula comme prévu. À la fin de la première mi-temps, le score se résumait à 1 partout. Construit en 1918, l’enceinte du Campo de Jaqueira était vétuste et ses vestiaires insalubres. L’entraineur de Capibaribe décida donc de réunir ses joueurs sur un coin de la pelouse pour son discours de la mi-temps. Avec la pluie diluvienne qui s’abbatait, les joueurs avaient froid et l’un des managers apporta une bouteille de cognac, pour les aider à se réchauffer. Sachant que le marsupial avait un goût prononcé pour l’alcool, les supporteurs d’América scandèrent à l’adresse des joueurs adverses « Timbu! Timbu! » . L’équipe de Capibaribe répondit sur le terrain à la provocation en remportant le match 3 buts à 1. En sortant du terrain, les jouères de Capibaribe s’adressèrent à la foule en criant « Timbu, 3-1! » .

#696 – Avaí FC : Leão da Ilha

Le lion de l’île. Avaí, club de a ville de Florianopolis, se situe dans la partie insulaire de la ville d’où la référence à l’île. Durant les années 1950 et 1960, le club connut deux décennies de disette où il ne remporta aucun titre tel que le Campeonato Catarinense (le championnat de l’Etat de Santa Catarina). Pourtant, à cette époque, les joueurs étaient combatifs et courageux. Ainsi, lors d’une victoire face au rival local de Figueirense dans les années 1950, le commentateur radio, Olímpio, assimila l’équipe à un lion, le félin représentant ces valeurs. Le club détailla un peu plus l’histoire en retrouvant son protagoniste. Olímpio Sebastião Silva, un fan natif de l’île, suivait partout l’équipe et était à l’origine du premier fan club organisé de Santa Catarina du nom de ATA (Associação dos Torcedores Avaianos – Assaciation des fans avaianos). Il ressentit le besoin de donner un surnom qui représenterait l’équipe. Lors d’un interview à un journaliste du club, il rappela sa version de la naissance de ce surnom. « O Avaí sempre teve garra e força. Sempre foi um time forte. Pensei muito sobre isso e conversei com alguns amigos. Foi ai que eu disse: É o Leão da Ilha ! » (Avaí a toujours eu du courage et de la force. C’était toujours une équipe solide. J’y ai beaucoup réfléchi et j’en ai parlé avec des amis. C’est là que je me suis dit : c’est le Lion de l’île !). A partir de là, à chaque match, il utilisait ce surnom, jusqu’à en parler aux journalistes des radios Guarujá et Diário da Manhã. Ces derniers commencèrent alors à utiliser le terme dans leurs commentaire et l’immortalisèrent. Aujourd’hui, le lion est devenu la mascotte du club et il trône en statue à l’entrée du stade Aderbal Ramos da Silva, plus connu sous le nom de Ressacada.

#674 – Chapecoense de Futebol : Verdão do Oeste

Le vert de l’Ouest. Le club réside dans la ville de Chapecó, la plus occidentale de l’Etat de Santa Catarina. Par ailleurs, les joueurs de cette équipe évolue dans un maillot vert. Le choix du vert pourrait logiquement provenir des couleurs de la ville de Chapecó, dont la bannière est constituée de deux bandes verticales vertes entourant une bande blanche. Les armes de la ville présentent également quatre quartiers, deux verts et deux blancs. Ces deux couleurs furent choisies, l’un symbolisant la pureté, l’espoir et la paix (le blanc), l’autre représentant le caractère agricole de l’Etat (le vert). Chapecó est connue comme la capitale agro-industrielle brésilienne, spécialisée dans la transformation de porcs et de volailles que les agriculteurs de la région élèvent. Ainsi, la ville est le siège de la coopérative Aurora, qui regroupent 65 000 producteurs, et compte depuis 1973 une usine de BRF (l’une des principales entreprises agro-alimentaires brésiliennes). Pourtant, l’un des fondateurs du club, Alvadir Pelisser, défendait une autre hypothèse quant au choix de la couleur verte. En effet, les fondateurs s’inspirèrent des autres clubs dont ils étaient fans : Palmeiras à São Paulo, Juventude à Caxias do Sul et Coritiba FC. Tous ces clubs évoluaient en vert et marchaient plutôt bien. Ils paraissaient alors aux fondateurs de Chapecoense que cette couleur placerait le club sous les meilleures auspices.