#989 – Montrose FC : the Gable Endies

Dans une traduction approximative, nous pourrions dire « ceux qui vivent à l’extrémité des pignons ». Surnom à rallonge mais caractérise bien le club et qui s’appuie sur l’histoire de la ville. Le stade de Montrose se situe à la fin des ruelles du centre-ville qui comptent de nombreuses maisons à pignon. C’est ce qui explique ce surnom. Un pignon constitue la partie triangulaire supérieure d’un bâtiment, donnant à un toit des versants. Ce style de maison est assez peu commun en Ecosse sauf dans la ville de Montrose où vous pourrez admirer nombres de maisons en brique de style hollandais qui datent du XVIIème siècle ou après.

Pourquoi cette cité écossaise s’est embellie de ce style architectural ? Montrose est une ville côtière, bénéficiant d’une situation privilégiée. D’un côté, elle baigne là où les embouchures des rivières North et South Esk rencontrent la Mer du Nord. De l’autre côté, l’arrière pays demeure agricole, avec des terres et une production riches. Montrose devint au fil des ans un port naturel d’exportation de la production des terres voisines et d’importation des richesses des autres villes européennes. Au Moyen-Âge, Montrose faisait déjà commerce de peaux, de cuirs et de saumon fumé. Au XVIIème siècle, les échanges économiques devenaient importants avec la Ligue hanséatique. La cité exportait du blé et de l’orge tandis que le port importait du lin et du bois de la Baltique. Mais, ces flux ne se limitèrent pas à l’importation de denrées, la culture écossaise s’imprégnant également de celles des villes de la Baltique. Cette activité économique fit la richesse de familles de marchands et de propriétaires terriens, qui construisirent de nombreux édifices privés et publics. Ces derniers s’inspirèrent alors de l’architecture de leurs clients/fournisseurs hollandais pour établir des demeures à pignon, donnant à la ville une partie de son aspect élégant actuel.

#973 – Aston Villa : the Lions

Les lions. L’écusson du club de Birmingham affiche un lion rampant depuis quasiment la création de l’association en 1874. Il s’agit d’un des marqueurs de l’identité des villans. L’animal est un symbole commun en héraldisme et véhicule certaines valeurs de force, de noblesse et de bravoure. Mais, pour Aston Villa, le roi des animaux créait un lien avec la population écossaise qui joua un rôle important dans les premières années de la vie d’Aston Villa.

Le club fut fondé en 1874 par quinze joueurs, principalement de l’équipe de cricket de Villa Wesleyan Chapel, afin de s’occuper pendant les mois d’hiver. Entre 1760 et 1850, les années centrales de la révolution industrielle, Birmingham devint un des plus importants centres industriels et financiers de l’Angleterre. L’industrie métallurgique, textile, chimique, ferroviaire et de construction navale supportèrent le développement de la cité. Naturellement, la croissance de l’activité industrielle nécessita une importante main d’oeuvre. Entre 1800 et 1900, la population de la ville passa d’environ 100 000 personnes à 600 000. Ces ouvriers et ingénieurs venaient des autres contrées de l’Angleterre mais égaiement des autres régions britanniques, principalement de l’Ecosse et de l’Irlande. Ainsi, à la fin du XIXème siècle, une grande communauté écossaise vivait à Birmingham. Elle participa naturellement à la structuration du club comme à former le gros des troupes de supporteurs du club. Les deux principaux acteurs écossais qui menèrent le club au succès furent William McGregor et George Ramsay.

Né dans le Perthshire en 1846, William McGregor déménagea de l’Écosse à Birmingham pour créer une entreprise de draperie en 1870. La présence de trois Écossais dans l’équipe d’Aston Villa éveilla son intérêt pour le club qu’il rejoignit en 1877. En 1881, il devint administrateur du club et le servit pendant près de 20 ans, notamment en tant que président. Né à Glasgow en 1855, Georges Ramsay intégra Aston Villa en 1876. La légende raconte que Georges passait devant une séance d’entraînement de l’équipe lorsqu’il fut invité à venir la compléter pour faire le nombre. Son talent éclata aux yeux des joueurs qui, une fois la session terminée, lui demandèrent de rejoindre le club, et quelques mois plus tard, il en devint le capitaine. En 1882, Ramsay prit sa retraite en raison d’une blessure au genou, et en 1886, il fut nommé entraîneur, le premier professionnel dans le pays. Manager jusqu’en 1926, il forgea l’identité de jeu du club (basée sur des mouvements rapides et des passes courtes tels que les écossais pratiquaient le football) et lui fit connaître son age d’or, avec 6 titres de champion et 6 FA Cups. D’autres écossais occupèrent également des postes sur le terrain ou dans les sphères de direction. Fergus Johnstone fut vice-président pendant que McGregor était président. Son fils, Charles, joua pour Aston Villa et devint plus tard également vice-président dans les années 1920. Né à Peterhead en Ecosse en 1834, George Kynoch fut président d’Aston Villa de 1887 à 1888. Il était également un homme d’affaires local et un député. Enfin, sur le terrain, l’écossais Archie Hunter fut aussi un des maîtres à jouer de l’équipe et son capitaine (après le retrait de Ramsay). Il joua pour le club pendant 12 ans et était une idole des fans. Fiers de ce lien, McGregor et Ramsay en 1878 insistèrent pour que le club ait un blason qui intègre le lion, symbole de l’Ecosse. Ils savaient aussi que l’animal attirerait les écossais de Birmingham dans les travées du stade.

Pour rappel, le lion rampant constitua les armoiries et l’étendard royal d’Ecosse du XIIème siècle (certainement la première fois sous le règne de Guillaume Ier, dit William the Lion) jusqu’à l’unification des couronnes en 1603.

#969 – Heart of Midlothian FC : the Gorgie Boys

Les garçons de Gorgie. La date de création du club n’est pas connue avec certitude mais ce serait vers 1874. Tout serait partie d’une bande de copains fréquentant un club de danse et qui fut séduit par une nouvelle pratique sportive qui mélangeait les règles du football et du rugby. Sous la direction d’un policier, ils se retrouvaient pour jouer au Meadows, un grand parc public au sud du centre-ville d’Édimbourg. Puis, suite à un match d’exhibition entre Queens Park FC et Clydesdale FC, ils choisirent définitivement le football association. En août 1875, le Heart of Midlothian FC rejoignit la Scottish Football Association et participa à la fondation de la Edinburgh Football Association. Comme un certain nombre d’équipes, dont les rivaux d’Hibernians, Heart jouait toujours dans le parc de Meadows et le siège se situait à l’Est du parc (West Crosscauseway) dans la taverne Anderson. Au début de la saison 1878-1879, les Hearts s’exhibaient encore à East Meadows et le siège du club était maintenant la boutique de Mackenzie dans Chapel Street à proximité. Cependant la fréquentation du parc était de plus en plus importante et le public perturbait le déroulement des matchs, le terrain n’étant pas protégé. Pour les matchs importants, l’équipe émigrait sur le terrain de la ligue d’Édimbourg à Powburn, au Sud de Meadows. Outre le fait d’être sur un terrain plus praticable, le club pouvait également faire payer les entrées. Avant le début de la saison 1879-80, le club se structura en possédant son premier terrain à Powderhall Grounds mais ce qui impliqua de quitter son quartier historique pour se rendre au Nord du centre-ville.

Puis, en février 1881, le club reprit un nouveau terrain privé dans la banlieue industrielle florissante de Dalry, quartier qui se rapprochait de Meadows. L’enceinte, inaugurée le 9 avril 1881, se situait sur Wardlaw Street et Wardlaw Place. Néanmoins, ce stade était considéré en dehors des limites de la ville. En conséquence, Hearts proposait parfois deux matchs pour le prix d’un ou fixait un prix d’admission bien inférieur à celui de ses rivaux situés plus proche du centre ville. Mais, l’expansion du quartier nécessita de laisser le terrain aux promoteurs afin qu’ils construisent de nouvelles habitations. En 1886, le club traversa alors la Gorgie Road pour établir sa nouvelle enceinte, dénommée Tynecastle Park, dans le quartier de Gorgie. Le 10 avril 1886, l’inauguration du stade fut marquée par une victoire 4 buts à 1 face au Bolton Wanderers. Le stade comptait deux terrains et une foule de 5 500 personnes vit Tom Jenkinson marquer le premier but dans la nouvelle maison de Heart. D’abord locataire, Heart acheta définitivement le terrain en 1926. D’une capacité de 19 852 places aujourd’hui, sixième plus grand stade de football d’Écosse, l’enceinte a été souvent remaniée et les dernières rénovations datent de 1997 et 2017.

#935 – Hibernian FC : Hibs, Hibbies

Diminutif du nom du club. Dans le quartier surpeuplé de Cowgate, dans le vieux centre ville, en 1875, le club de Hibernian naquit, par la volonté de la communauté irlandaise. En effet, l’Ecosse connut au XIXème siècle une forte immigration irlandaise. Une série de mauvaises récoltes de pomme de terre engendra une période de famine et de maladie en Irlande de 1845 à 1852 qui bouleversa la société irlandaise et son histoire. Cette époque tragique se solda par le décès d’un million d’irlandais mais entraina également une exode massive des habitants, principalement vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les études estiment que plus d’un million de personnes ont fui le pays, provoquant une chute de la population du pays de 20 à 25 % (dans certaines villes, jusqu’à 67 %) entre 1841 et 1871.

En Ecosse, la plupart des migrants s’installèrent à Glasgow, mais une petite partie fit son chemin jusqu’à Édimbourg. Les irlandais se regroupèrent dans le quartier de Cowgate qui devint alors connu sous le nom de Little Ireland (petite Irlande). D’ailleurs, construite pour le rite anglican, l’Eglise St Patrick, située dans le Cowgate et qui avait l’avantage de porter le nom du Saint Patron de l’Irlande, fut rachetée par les catholiques en 1856 et devint un des repères de la communauté irlandaise. Cette paroisse fonda en 1865 la Catholic Young Men’s Society (CYMS), dont l’objectif était de favoriser la formation spirituelle, culturelle et sportive des jeunes hommes irlandais en accord avec la foi catholique. Mais, ces initiatives communautaires ne facilitaient pas l’intégration de la population irlandaise, renforcée par les préjugés anti-irlandais qui demeuraient forts chez les écossais.

Michael Whelahan et ses amis s’intéressaient au football mais avaient conscience qu’il était pratiquement impossible pour eux de jouer pour l’un des clubs écossais établis. Whelahan suggéra alors au père Edward Joseph Hannan de l’Eglise Saint Patrick que le CYMS formât son propre club de football. Après avoir réalisé son enquête sur ce nouveau jeu, le père se montra favorable à cette requête, pensant en outre qu’elle aiderait à rapprocher les irlandais des écossais. Lors d’une réunion du CYMS le 6 août 1875, le Hibernian FC fut fondé. Le choix de la date n’était pas le fruit du hasard et marquait déjà l’orientation du club. En effet, le 6 aout 1875 correspondait au centenaire de la naissance de Daniel O’Connell, chef politique des catholiques d’Irlande et promoteur d’un nationalisme irlandais dans la première moitié du XIXème siècle. Le club était donc celui des irlandais d’Édimbourg. La harpe celtique, symbole de l’Irlande, s’étala sur le blason du club. Le vert, couleur de l’Irlande, fut retenu pour les uniformes des joueurs. La devise était « Erin Go Bragh » (L’Irlande pour toujours). Enfin, le nom du club ne pouvait échapper à cette tendance même s’il y eut quelques débats parmi les fondateurs. Plusieurs idées furent avancées, mais en fin de compte, Michael Whelahan rappela que le CYMS avait absorbé quelques années auparavant la société catholique Ancient order of the Hibernians (L’ordre ancien des Hiberniens). Or, Hibernian était l’ancien nom latin de l’Irlande. Il fut donc décidé que le nom serait Hibernian Football Club. Comme tous les joueurs-fondateurs étaient catholiques et irlandais (à l’exception d’un, Danny Browne, qui était d’ascendance irlandaise), il fut édicté que tous nouveaux membres devaient également être catholique et d’origine irlandaise.

Toutefois, ce communautarisme s’analysa comme du sectarisme par les organisations écossaises. Ainsi, quand le nouveau club voulut s’affilier à l’association écossaise de football, ils reçurent la réponse laconique « We are catering for Scotsmen, not Irishmen » (Nous servons des Écossais, pas des Irlandais). L’accueil fut aussi froid auprès de la fédération d’Édimbourg, qui interdit en plus à tous ses clubs-membres de jouer ou avoir des contacts avec les Hibernians. Ainsi, privé de matchs amicaux ou officiels, les rencontres des Hibernians se limitaient à des entrainements. Finalement, un club brisa cet isolement à Noël 1875, Heart of Midlothian, donnant ainsi naissance au grand derby d’Édimbourg, encore d’actualité. Finalement, à force de persévérance, les Hibernians s’imposèrent dans le paysage footballistique écossais et devint une référence. Malheureusement, sa mauvaise gestion conduisit à sa disparition en 1891. En 1892, le club fut reconstitué, avec un changement significatif puisqu’il n’y avait plus d’obligation fait à ses joueurs d’être membres de la CYMS (donc plus nécessaire d’être irlandais et catholique). En tout cas, ce choix des premières années de représenter la communauté irlandaise d’Édimbourg fit des émules puisque des clubs irlandais naquirent à Dundee et Glasgow (Dundee Harp, Dundee Hibernian et Celtic Glasgow).

Le nom d’Hibernia fut donc attribué par les Romains dans l’Antiquité à l’île de l’Irlande. L’origine du terme n’est pas certaine et plusieurs versions se confrontent. Tout d’abord, Hibernia proviendrait du bas latin hibernum (Hiver) en raison du climat froid et pluvieux de l’Irlande. Ensuite, Hibernia pourrait venir de Ivernia dérivant du latin Ierne qui était le nom donné à l’Irlande par Pythéas, un marchand et explorateur grec du IVème siècle avant J.-C.. Ierne puiserait ses sources dans Erin le nom mythologique de l’Irlande. La dernière hypothèse repose sur le celte. En effet, Hibernia pourrait provenir de l’irlandais primitif Iweriu ou Ériu qui lui-même descend de la racine indo-européenne PiHwerjoHn (qui signifie le pays fertile).

#911 – Glasgow Rangers : the Gers

Il s’agit clairement du diminutif de Rangers. Le nom exact du club est Rangers FC, la ville de Glasgow n’apparaissant pas dans son intitulé. Revenons à la fondation du club. Enthousiasmés après avoir vu une équipe locale de Glasgow, Queen’s Park, jouer une nouvelle forme de football, cinq jeunes sportifs (pratiquant essentiellement l’aviron) fondèrent les Rangers en mars 1872 : les frères Moses et Peter McNeil, et les amis Peter Campbell, David Hill et William McBeath. A l’époque, les clubs retenaient des noms comme Rovers, Wanderers, Daring … qui qualifiaient soit le style de jeu, soit une partie de l’histoire du club. Même si le terme Rangers n’est pas commun, il s’inscrit dans cette tendance.

Moses McNeil, qui est considéré comme la force motrice dans la formation du club, aurait vu le nom de « Rangers » dans un magazine intitulé « English Football Annual » rédigé par Charles Alcock (membre fondateur et plus tard secrétaire de la Football Association, et également créateur de la FA Cup). Dans ce livre, publié chaque année depuis 1868, Moses McNeil découvrit une équipe de rugby anglaise dénommée les Swindon Rangers qui jouaient en chaussette blanche, short blanc et maillot blanc avec une étoile bleue sur la poitrine. Le nom aurait tellement plu à Moses qui l’aurait proposé et fait adopté au reste de la troupe. Les fondateurs des Rangers copièrent non seulement le nom des rugbymen de Swindon, mais auraient également copié leur kit. Selon certain, Moses avait aimé ce nom car Rangers rimait avec strangers (étrangers), ce qui symbolisait le rassemblement sous la houlette du club d’hommes différents (mais tout de même protestants) provenant de toute la ville.

Un Swindon Rangers existe encore aujourd’hui mais il s’agit d’une équipe de football de la North Wilts League créée il y a une vingtaine d’année. Le club de Rugby qui inspira les jeunes protestants de Glasgow disparut en 1895 par manque de soutien. Il semble que personne ne sait quand les Swindon Rangers se formèrent, mais ce fut sous l’impulsion de John Armstrong, fils de l’ingénieur ferroviaire Joseph Armstrong, l’un des acteurs du rôle clé tenu par Swindon dans les chemins de fer anglais. Ce club de Rugby émergea semble-t-il d’une association de cricket nommée Swindon Rangers Cricket Club. Le club disparut donc en 1895 mais quelques mois plus tard, un nouveau club de Rugby se forma, le Swindon Rugby Football Club, avec à peu près par le même groupe de personnes qui animait les Rangers. Aujourd’hui, ce dernier existe toujours.

#850 – Queen of the South FC : the Doonhamers

Pour ce club, il faut s’intéresser à son surnom mais aussi à son nom. Car, comme un certain nombre de clubs en Ecosse (Partick Thistle, Queen’s Park, Heart of Midlothian, Inverness Caledonian, Hibernian, Albion Rovers, Clyde, Ross County, Raith Rovers …), l’association ne porte pas le nom de la ville où il réside, Dumfries.

Au début de 1919, une poignée de passionnés de football de Dumfries souhaitèrent restaurer une équipe de football compétitive dans la ville. Pour cela, ils poussèrent pour la fusion de 3 clubs existants (Dumfries FC, 5th Kings Own Scottish Borderers FC et Arrol-Johnston Car Company) qui se réalisa le 26 mars 1919. Le choix du nom pour le club se porta sur l’un des surnoms de Dumfries, Queen of the South (la Reine du Sud). Située dans le comté de Dumfriesshire, à 40 km de la frontière avec l’Angleterre, la cité est méridionale pour l’Ecosse et cela explique le surnom. Il lui fut attribué par un poète local, David Dunbar, qui, en 1857, se présenta au Parlement lors des élections générales. Dans l’un de ses discours, il appela Dumfries, Queen of the South.

Finalement, pour le surnom de l’équipe, un autre sobriquet de la ville s’appliqua, Doonhamers, qui fait aussi le lien avec le nom du club. Quand les personnes originaires de Dumfries s’expatriaient dans le reste de l’Ecosse, ils parlaient de leur ville comme de doon hame. Dans le dialecte écossais, l’expression signifie le foyer d’en bas (down home en anglais). En effet, comme Dumfries se situe au Sud de l’Ecosse, toutes les autres ville où était les expatriés se trouvaient généralement au dessus. Doonhamers dérive directement de ce surnom.

#822 – Queen’s Park FC : the Spiders

Les araignées. Fondé le 9 juillet 1867, Queen’s Park demeure le plus ancien club de football d’Ecosse mais son aura et son influence dépasse son âge. En effet, dans de nombreux domaines, il participa au développement du football en Grande-Bretagne et constitue une institution en Calédonie même s’il n’évolue plus au sein de l’élite depuis plus de 70 ans. Il concourra à installer le football en Irlande, notamment en inspirant la création du premier club, Cliftonville FC. Au niveau du jeu, alors que les anglais pratiquaient déjà le simpliste kick and rush, l’équipe développa un jeu basé sur des passes courtes et des mouvements rapides, qui fit la réputation du style écossais et encouragea le recrutement de joueurs écossais par les clubs anglais. Il fut donc une place forte du football à la fin du XIXème siècle en remportant 10 Coupes d’Ecosse entre 1874 et 1893 (1874, 1875, 1876, 1880, 1881, 1882, 1884, 1886, 1890 et 1893) et en étant le seul club écossais à atteindre la finale de la Coupe d’Angleterre (par deux fois en 1884 et 1885). L’institution possède également des valeurs fortes. Attaché à l’amateurisme, qui est inscrit dans sa devise, Ludere Causo Ludendi (jouer pour le plaisir de jouer), le club refusa par exemple d’intégrer la nouvelle Ligue écossaise de football créée en 1890 car sa direction estimait que cette nouvelle organisation conduirait forcément vers le professionnalisme (ce qui se réalisa en 1893). De même, le club resta amateur jusqu’en Novembre 2019, ce qui limita ses possibilités de revenir en première division. Enfin, outre le style de jeu, le club fut à l’origine de nombreuses innovations dans le football. Avec des règles pas encore normalisées, le club appliqua ses propres lois du football jusqu’en 1870 (année où il rejoignit la fédération anglaise qui était la seule organisation existante qui organisait le jeu). Queen’s Park inventa ainsi la barre transversale, la pause à la mi-temps et les coups francs. Il innova aussi au niveau des équipements. Ainsi, dans ses premières années d’existence, le club imposa le port d’éléments de couleurs tels que des badges, des brassards, des bonnets … afin de distinguer sur le terrain les joueurs de chaque équipe. Les joueurs portèrent aussi des chemises bleus et cela conduisit la direction à modifier ses statuts pour codifier un uniforme commun à toute l’équipe. Ainsi, le 7 juillet 1870, les statuts indiquaient désormais qu’aucun membre ne pouvait prendre part à un match à moins de porter l’uniforme officiel ie une chemise bleue et une cape (bleue ou rouge). Deux ans plus tard, les chaussettes devaient être rayées bleues et blanches. Cette même année 1872, le 30 Novembre se déroula la première confrontation officielle entre la sélection anglaise et l’équipe nationale écossaise. Les joueurs de Queen’s Park constituèrent la totalité de l’équipe écossaise et jouèrent donc dans leur couleur traditionnelle bleu marine. Depuis, l’Ecosse évolue dans un maillot bleu marine. Le 9 avril 1873, les statuts du club furent une nouvelle fois modifiées pour définir pour la première fois l’uniforme complet : cape rouge, maillot bleu marine et culotte blanche. Mais, ce choix ne faisait pas l’unanimité au sein de Queen’s Park et finalement une nouvelle décision fut prise : un maillot blanc barré de petites rayures noires, accompagné d’une cape rouge et d’un short blanc. La finesse des rayures rappellerait les toiles d’une araignée et donna donc naissance au surnom. Certains aiment à rajouter que le style de jeu fait de passes courtes et rapides participa également à renforcer ce surnom car celui-ci revenait à tisser une toile autour des joueurs adverses.

#799 – Dundee United FC : the Tanjerines

Les tangerines. La tangerine est un agrume de la famille des oranges et bien évidemment sa peau orangée rappelle les maillots de club de Dundee United. Le choix de cette couleur arriva tardivement puisqu’elle fut adoptée en 1969 alors que le club existait depuis 60 ans. A la fin du XIXème siècle et au début du XXème, les communautés irlandaises présentes en Ecosse formèrent leurs propres équipes de football en reprenant les codes du pays. Hibernians à Édimbourg en est le plus fidèle représentant. Fondé en 1875, l’équipe évolue en vert. Son nom provient du mot romain pour l’Irlande, Hibernia. Enfin, la harpe dans son blason est une autre preuve de ses racines irlandaises. D’autres clubs apparurent en Ecosse, inspirés par celui d’Edimbourg. A Dundee, cela commença par deux clubs en 1879 : Dundee Hibernian et Dundee Harp. Le premier, qui évoluait avec des maillots rayés verts et noirs ne dura que quatre saisons tandis que le second, Dundee Harp (qui portait des chemises vertes unies) résista jusqu’en 1894. En septembre 1894, un nouveau Dundee Hibernians se forma mais ce fut en vain puisqu’il disparut après seulement deux saisons. La troisième tentative en 1909 avec un nouveau Dundee Hibernian fut la bonne. Naturellement, ce dernier opta pour un maillot intégralement vert. En octobre 1923, le club fut sauvé de la faillite par un groupe d’hommes d’affaires de Dundee. Pour accroitre les recettes, ils cherchèrent élargir la base de fans en ne se limitant pas uniquement à la communauté catholique irlandaise. Pour cela, ils changèrent de nom en abandonnant « Hibernians » au profit de « United ». Puis, ils optèrent pour les couleurs noires et blanches. Le maillot devint donc blanc avec des parements, un scapulaire ou des rayures noires en fonction des saisons.

Tout changea en 1967 et 1969, lors de tournées du club aux Etats-Unis. En 1967, une ligue professionnelle américaine (United Soccer Association) était lancée avec le soutien de la FIFA. Pour permettre aux nouvelles franchises de monter une équipe et afin de susciter l’intérêt pour le soccer aux américains, il fut décidé, pour la première saison, que des équipes européennes ou sud-américaines représenteraient les franchises américaines. Dundee United fut donc invité pour jouer en lieu et place des Dallas Tornado. Evidemment, dans le pays du marketing et de la communication roi, où les nouvelles franchises n’avaient aucun héritage et devaient se distinguer, elles possédaient souvent des blasons et des maillots modernes qui tranchaient avec ceux des européens. Ainsi, Dundee United se retrouva à jouer en 1967 dans les maillots oranges du Dallas Tornado. Rebelote en 1969 avec les Dallas Tornado mais dans la nouvelle ligue de la NASL. Bien que les résultats de ces tournées ne furent pas brillants (en 1967 Dundee termina dernier de sa poule américaine avec seulement 3 victoires), l’épouse du manager, Jerry Kerr, persuada le conseil d’administration d’adopter la couleur orange afin de présenter une image plus moderne. Elle obtint gain de cause et les nouvelles couleurs furent présentées pour la première fois lors d’un match amical de pré-saison contre Everton, en août 1969.

#781 – Ayr United FC : the Honest Men

Les hommes honnêtes. L’air de rien, le surnom est tiré d’un poème célèbre du XVIIIème siècle. Ecrit dans un mélange d’anglais et de dialecte scot par le poète écossais Robert Burns en 1790, « Tam o’ Shanter », comme se titre ce poème, raconte les mesaventures d’un fermier nommé Tam, qui, suite à une nouvelle nuit de beuverie, rencontrera le diable et des sorcières. Il est alors témoin de scènes fantastiques où les socières l’enchantent, le séduisent mais dès qu’il est conquis, elles se mettent à le chasser. Il s’agissait en quelque sorte de la première campagne de prévention contre l’alcool. Long d’environ 228 vers et principal oeuvre du poète, Robert Burns redigea cette histoire de sorcières suite à sa rencontre avec l’antiquaire Francis Grose. Ce dernier écrivit plusieurs livres sur les monuments anciens du Royaume-Uni, illustrés avec ses propres croquis. En 1789, il entama une deuxième tournée en Ecosse pour identifier des bâtiments remarquables. Burns suggéra à Grose d’inclure les ruines de l’Eglise Alloway Auld Kirk dans son livre. Né à Ayr, le poète connaissait bien les lieux puisque son père, sa mère et sa soeur avaient leur sépulture dans le cimetière adjacant. Grose accepta à condition que Burns fournisse un conte de sorcières pour accompagner son dessin. Cette ruine se situait dans le South Ayrshire et donc le poète Burns installa son histoire dans la ville d’Ayr. Ainsi, commence son poème « Auld Ayr, wham ne’er a town surpasses/For honest men and bonnie lasses » (le bon vieil Ayr, bien supérieur à toutes les autres villes en honnêtes hommes et jolies filles). Ce vers donna ainsi le surnom de l’équipe. Mais pas que. Le titre de ce poème est devenu maintenant le nom du berret écossais.

#736 – Stirling Albion FC : the Binos

Cela ne signifie rien puisqu’il ne s’agirait que d’un anagrame d’Albion (toutefois sans le A et le L). Pour nous, français, la perfide albion rappelle la Grande-Bretagne et sa capacité à trahir. Alors pourquoi retrouver cette expression synonyme du Royaume dont les Ecossais souhaitent souvent s’affranchir dans le nom d’un club écossais ? Provenant du grecque Ἀλβίων et latinisée en Albiōn, l’utilisation de ce terme remonterait au VIème siècle avant J.C. et semblait désigner déjà la Grande-Bretagne. Au Ier siècle, le nom faisait référence sans équivoque à l’île. Aujourd’hui, Albion est devenu un nom alternatif, poétique pour la Grande-Bretagne. Mais, il ne désigna pas uniquement l’île dans son ensemble puisque son utilisation se restreint uniquement à l’Ecosse, sous la forme gaélique d’Alba. Au IXème siècle, le royaume des Pictes et des Scots réunis se nomma Royaume d’Alba. Pour en revenir au club de football, remontons à sa fondation en 1945. Alors que l’ancienne équipe de football de la ville, King’s Park, n’avait pas survécu à la Seconde Guerre mondiale, Thomas Fergusson, un entrepreneur local dans le charbon, créa le club de Stirling et acheta le domaine d’Annfield pour y construire un stade pour son club. La légende raconte que le nom Albion fut choisi en raison de la marque des camions utilisés par l’entreprise de Fergusson, des Albion Automotive (constructeur écossais d’automobiles et de véhicules utilitaires). En effet, ces camions servaient de tribune au stade d’Annfield et lors d’un tir, le ballon s’arrêta au pied d’un camion et les supporteurs remarquèrent la marque Albion. Néanmoins, la véritable origine serait plus prosaique et reviendrait à la signification originelle d’Albion, la Grande-Bretagne, qui avait une signification pour le fondateur Fergusson.