#944 – Panionios Athènes : Κυανέρυθροι

Les rouge et bleu. Dès le XIVème siècle et pendant de nombreuses années, la Grèce viva sous le joug ottoman et une importante communauté grecque habitait en Asie Mineure, territoire naturelle de la Sublime Porte. Pendant cette cohabitation, la culture grecque fut à la fois intégré dans la culture ottomane qui fut elle-même influencée par celle des grecs. En outre, le statut du millet, qui protégeait les minorités de l’Empire, permit à la langue grecque et à la religion orthodoxe de cimenter l’identité grecque. Au XIXème siècle, alors que le trop grand Empire Ottoman déclinait, la nationalisme grecque retrouvait une certaine vigueur qui conduisit en 1830 à l’indépendance de la Grèce. Les grecs d’Asie Mineure continuèrent à vivre à Constantinople ou Smyrne. Pour défendre leur identité, ils créèrent des associations culturelles qui dévièrent par la suite vers le sport. Ainsi, le 14 septembre 1890, des jeunes des éminentes familles grecques de Smyrne (Izmir) décidèrent de créer une association dénommée « Orphée ». Mais, après la défaite militaire des Grecs face aux Turques, les populations grecques d’Asie Mineure (1 300 000 personnes) émigrèrent vers la Grèce. Ils se regroupèrent et refondèrent rapidement leurs associations culturelles et sportives dans leur nouvelle patrie. Les membres de Panionios se retrouvèrent ainsi à Athènes et poursuivirent leurs activités dès le 20 novembre 1922

Quand les joueurs évoluaient encore à Izmir, les couleurs du club étaient le rouge et le blanc. Soit un maillot rouge avec un short blanc. Soit maillot et short blancs, traversé par une diagonale rouge. Le déracinement et la renaissance du club à Athènes amenèrent à changer les couleurs pour les actuelles, bleu et rouge. L’explication la plus probable sur ce choix demeure la référence à leurs origines anatoliennes. En effet, ces deux couleurs furent longtemps associés à la communauté grecque d’Asie Mineure. Par exemple, au début du XXème siècle, leurs navires arboraient une enseigne dite « gréco-ottomane » (Γραικοθωμανική παντιέρα) composée de deux bandes horizontales rouges en haut et en bas et, entre, une bande bleu horizontale. De même, la Principauté de Samos, une île grecque indépendante mais sous domination ottomane entre 1832 et 1913, qui se situe au Sud d’Izmir, avait pour drapeau une croix blanche, avec les deux quartiers inférieurs bleus et les deux supérieurs rouges. Avant son rattachement à la Grèce en 1908, la Crète avait un drapeau similaire à celui d’Izmir (croix simple blanche, avec le quartier supérieur gauche en rouge (incluant une étoile blanche à cinq branches), symbolisant la suzeraineté ottomane, et les autres quartiers en bleu). Pour tous ces drapeaux, le bleu rappelait la Grèce (il s’agit de la couleur du drapeau national) et le rouge l’Empire Ottoman (de même pour le rouge du drapeau de la Sublime Porte). Grèce et Empire Ottoman, les deux racines de cette communauté. Pour le club de Panionos, on donna une signification supplémentaire à ces deux couleurs : le bleu est la couleur de la mer et le rouge du sang des réfugiés.

Il existe de nombreuses versions différentes, qui tentent de déchiffrer la signification et l’origine du bleu dans le drapeau grec, communément appelé Γαλανόλευκη (le bleu et blanc). Le bleu pourrait faire référence à la géographie et climat de la Grèce (le ciel et la mer qui entoure la Grèce) ou aux valeurs morales des grecs (la justice, le sérieux et la loyauté) mais se rattacherait également à l’histoire riche du pays. En effet, le blanc et le bleu étaient (i) les couleurs du voile liturgique de la déesse Athéna, (ii) des motifs du bouclier d’Achille, (iii) de certaines bannières des armées d’Alexandre le Grand, (iv) des toges habituellement portés par les grecs dans l’antiquité et (v) des armoiries, drapeaux et emblèmes de certaines dynasties royales et familles nobles byzantines dont la dynastie macédonienne (IXème – XIème siècle) ou la puissante famille crétoise des Callergis (leur emblème étant d’ailleurs très proche du drapeau de la Grèce) qui prétendait descendre de l’empereur byzantin Nikephoros II Phokas. Du côte de l’Empire Ottoman, son drapeau était le même que celui de la Turquie actuelle, dont l’un des noms est Al bayrak (drapeau rouge) ou encore Al sancak (bannière rouge). L’origine de la couleur rouge n’est pas documentée mais il est possible que le rouge de la bannière tétragrammatique des Paléologues soit une des sources. D’autres avancent que le rouge était souvent utilisé dans la croyance chamanique, avant l’islamisation des populations turcophones.

#939 – Club Independiente Petrolero : el Albirrojo

Les blanc et rouge. Le club de la capitale bolivienne fut fondé le 4 avril 1932 et a remporté son premier titre en 2021 (mais pas n’importe lequel puisqu’il gagna le titre de champion de Bolivie). L’histoire du club démarra dans un esprit de rebellion. Un groupe de jeune, exclu de l’équipe de football d’un autre club de la ville, San Francisco de La Recoleta, se réunirent dans la maison d’un des joueurs, Julio Cueto, et décidèrent de créer leur propre équipe. En fondant un nouveau club, le groupe devenait ainsi indépendant et dénomma son club ainsi, Independiente Sporting Club. Dans leur démarche, ils furent vivement soutenus par les prêtres franciscains Tomás Aspe et Francisco Aguinaco, ainsi que leur professeur Isidoro Arguedas. Pour choisir les couleurs, les fondateurs décidèrent de rendre hommage à l’Espagne et à ses représentants en Bolivie, les religieux, qui avaient particulièrement œuvré pour le développement du football dans le pays. Ainsi, le maillot fut rouge et jaune, comme le drapeau hispanique. En 1953, le club fut repris par Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB), l’entreprise pétrolière d’Etat bolivienne. La nouvelle direction changea le nom pour Club Independiente Petrolero. Puis, de la même manière, il fut décidé de modifier les couleurs de l’équipe. La couleur jaune fut remplacée par du gris tandis que le rouge fut maintenu. Toutefois, au bout de quelques années, une nouvelle modification des couleurs fut réalisée. Le rouge se maintint une nouvelle fois afin de garder un lien avec le club originel et ses fondateurs. En revanche, le blanc se substitua au gris, en hommage à la ville de Sucre, berceau de l’indépendance bolivienne. Le nom officiel de la capital bolivienne est La Ilustre y Heroica Sucre et son surnom est la Ciudad Blanca (la ville blanche). En effet, elle tire son surnom de son architecture. Située à 2 780 mètres d’altitude et fondée par les conquérants espagnols le 29 septembre 1538, la cité est l’une des villes à l’architecture hispanique la mieux conservée d’Amérique, avec des rues pavées, des fontaines taillées dans le granit, des églises anciennes, des maisons couvertes de tuiles en terre cuite saupoudrées de chaux et des murs blancs, caractéristiques du design colonial. Ce sont tous ces immeubles blancs qui donnèrent ce surnom.

#912 – HNK Gorica : Bikovi

Les taureaux. Le HNK Gorica est la 4ème génération de club à représenter la ville de Velika Gorica, située au sud de Zagreb. Les précurseurs du football à Velika Gorica étaient SK Olimpijski et HŠK Turopoljac, qui ont fait leurs premiers pas en 1920. Après la Seconde Guerre mondiale, Olimpijski et Turopoljec fusionnèrent dans une nouvelle association baptisée Radnik. Après avoir représenté la ville dans l’élite croate, Radnik fut relégué en 1995 et un long processus de déclassement débuta. En 2009, pour éviter la faillite, Radnik fusionna avec le club du village voisin, le NK Polet. Ainsi naquit le HNK Gorica, premier club à porter dans son intitulé le nom de la ville de Velika Gorica. Afin d’être le futur représentant de la cité, HNK reprit ses principaux symboles. Ainsi, le club utilise les trois couleurs de base du drapeau (rouge, noir et blanc) de Velika Gorica. Du côté du blason du club, il s’agit d’un bouclier rouge, avec une bande noire en bas et trois étoiles dorées au dessus. A l’intérieur de l’écu se situe un taureau rampant tenant un ballon de football. Les étoiles comme le taureau sont identiques à ceux apparaissant dans les armoiries de la ville.

Le taureau de Velika Gorica est une référence à Turopolje. Cette dernière est une région traditionnelle de Croatie dont Velika Gorica est la plus grande ville ainsi que le centre administratif. Selon l’opinion la plus répandue, Turopolje signifierait « les terres de tur », tur étant un vieux mot slave qui faisait référence à un bovin sauvage (soit un bison d’Europe, soit un auroch). Il s’agissait probablement plus d’un auroch, une espèce de bovidé, ancêtre des races actuelles de bovins domestiques. Le terme auroch a des origines celtique ou germanique, issu de ûro (moyen allemand ûr(e), vieil anglais ūr, vieux norrois úrr, latin urus) qui signifie vraisemblablement « celui qui répand sa semence humide », sur la base d’un vieux thème indo-européen ūr désignant l’humidité et la pluie fine (le mot urine dérive également de ce terme). En effet, ce bétail était un symbole de fertilité (car il permettait de labourer les champs) et un représentant du dieu soleil. En raison de la chasse et de la réduction de leur habitat, les aurochs disparurent d’Europe au XVIème siècle tandis que le dernier spécimen du bison d’Europe fut enregistré vers 1800 dans la région. Certainement par simplification sur les armoiries, ce bovin fut finalement remplacé par le taureau.

#906 – Salon Palloilijat : Joutsen

Les cygnes. Bleu et blanc, l’écusson de ce club finlandais présente un magnifique cygne nageant sur l’eau. Fondé en 1956, les fondateurs reprirent la plupart des attributs des armoiries de la ville de Salo où il résidait : le cygne ainsi que les couleurs bleu et blanche. Les armoiries originales de la cité furent adoptées le 24 septembre 1949 et étaient basées sur une œuvre de l’artiste Johan Jacob Ahrenberg réalisée en 1902. Elles se décrivaient comme suit : « Dans l’écu bleu, un cygne d’argent nageant sur une ligne ondulée d’or et au-dessus de lui un lis d’argent ; dans le coin gauche, un bras armé tenant un pistolet. L’écu est surmonté d’une couronne ducale. ». La présence du cygne avait pour symbolique de rappeler que la ville de Salo est traversée par la rivière Uskelanjoki.

Toutefois, si vous effectuez quelques recherches, vous me retorquerez, à raison, que les armes de Salo ne ressemble pas du tout à cette description. En effet, depuis 2008, Salo a participé à la plus importante fusion de communes finlandaises avec 9 autres cités et un nouveau blason a été mis en place. Autant dire que cela suscita de l’émoi parmi les habitants et en 2018, une nouvelle tentative fut menée en vain pour rétablir les armes avec le cygne.

#902 – PFK Beroe Stara Zagora : зелено, зелено-белите

Les verts, les vert et blanc. Le club s’affilie avec le premier club qui fut fondé dans la ville de Stara Zagora en 1916. Sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille et les fusions et scissions furent multiples avant d’arriver en 1959 au club actuel. Outre le nom qui varia de nombreuses fois, les couleurs changèrent également. En 1916, le premier club réunissait deux équipes qui s’affrontaient. L’une des équipes portait un haut blanc et un short blanc, tandis que l’autre arborait une tenue intégralement noire. Parfois, pour accentuer la différence entre les deux équipes, les joueurs pouvaient placer des bandes de tissus colorées sur la poitrine ou le bras ou même des cravates. Mais l’élégance s’arrêtait là car certains se coiffaient de bonnets, non pas pour imiter les fameuses caps portés par les joueurs anglais, mais pour amortir le ballon lors de coups de tête. Entre 1951 et 1959, l’un des prédécesseurs de Beroe se nommait Udarnik et évoluait avec des maillots rouges et blancs à rayures horizontales, des shorts blancs et des chaussettes rouges. En 1960, Udarnik, devenu entre temps Botev après sa réunion avec Spartak et SKNA, fusionna une nouvelle fois avec le club du Lokomotiv de la ville pour donner naissance à Beroe, de l’ancien nom thrace de Stara Zagora. Les joueurs portaient alors un maillot blanc (avec Beroe écrit en bleu sur la poitrine), des shorts bleus et des chaussettes blanches. En 1963, la tenue vira au blanc intégral. L’année d’après le short devint rouge. En 1966, au rouge et au blanc, une troisième couleur vint se marier : le vert. En 1972, retour au blanc intégral mais les supporteurs étaient attachés au vert et les drapeaux de cette couleur flottaient dans les travées du stade. En 1973, le tricolor revint et la combinaison était alors, chemises vertes, shorts blancs et chaussettes rouges. Enfin, en 1976, fin des essais de couleurs, le club opta définitivement pour le vert et le blanc. Si le vert s’imposa finalement assez tardivement, la couleur est totalement indissociable du club aujourd’hui. Mais pourquoi le vert ?

Sans qu’il n’y ait une explication documentée, ce choix n’est pas anodin et provient certainement de la ville, dont c’est également la couleur. Le blason actuel remonte à 1979 où le vert est l’une des couleurs principales. Elle est censée représenter la vie et la mort ainsi que l’espoir et le bonheur. Elle est surtout le symbole des champs fertiles qui entourent la ville. En effet, Stara Zagora est le centre de la riche région agricole de Zagore, célèbre pour sa culture du blé mais également de diverses céréales et de raisins. Avant 1979, le vert était déjà présent dans le blason mais moins prédominant. Cette couleur est totalement attachée à la ville dont les transports en commun, le mobilier urbain, le journal de la ville s’affichent en vert. A la fin des années 2010, alors qu’un projet de réhabilitation de la gare ferroviaire de la ville était à l’étude, plusieurs associations des citoyens militèrent pour que sa façade soit peinte en verte (et non en jaune, couleur des chemins de fer bulgare NKŽI).

#886 – AS Nancy Lorraine : les Chardons

Si on regarde le blason du club et que l’on connait les armoiries de la ville de Nancy, ce surnom est tout sauf une surprise. Le chardon lorrain (ou Onopordum acanthium ou Onopordon à feuilles d’acanthe ou chardon aux ânes) est une plante épineuse surmontée d’une fleur violette. Même si elle est répandue en Lorraine, elle n’était pas endémique à cette région initialement. Il fut importé au XVème siècle par René Ier d’Anjou, pair de France, aux nombreux titres dont ceux de Duc d’Anjou, Roi de Naples et Duc consort de Lorraine (1431-1453). Son petit-fils, René II, prit sa succession de Duc de Lorraine en 1473. A cette époque, le Duché se trouvait en friction avec son ambitieux et puissant voisin du Duché de Bourgogne. Charles le Téméraire, le Duc de Bourgogne, voulait mettre la main sur la Lorraine qui séparait ses possessions au Nord (Luxembourg, Flandres, Brabant …) et au Sud (Bourgogne). En 1475, Charles le Téméraire conquit la Lorraine, René II se réfugiant à Joinville en Champagne. Mais, les déboires de Charles sur un autre théâtre d’opération (face aux Confédérés Suisses) réveillèrent les lorrains qui se révoltèrent. Le 7 octobre 1476, René II, après un siège d’un mois et demi, reprit possession de Nancy, qui devait être la nouvelle capitale des bourguignons de Charles. Puis, René II repartit à la chasse de Charles. Mais, dès le 22 octobre, Charles le Téméraire débuta le siège de Nancy. Le 5 janvier 1477, après avoir reconstitué ses troupes, René II battit Charles le Téméraire près de Nancy, ce dernier étant tué au combat. Cette bataille sonna le glas du Duché de Bourgogne et réaffirma le pouvoir ducal de Lorraine. Pour se rappeler de cette victoire, René II imposa un certain nombre de symbole : instauration d’une fête nationale de la Lorraine (le 5 janvier) et édification sur le lieu de la bataille de l’église Notre-Dame-de-Bonsecours. En outre, René II donna le chardon aux armes de la ville de Nancy (la plante trône désormais sur les armoiries), accompagné de la devise « Non inultus premor » ou « Ne toquès mi, je poins » . Les traductions peuvent changer mais l’idée générale est « Qui s’y frotte, s’y pique ». Cette expression fait ainsi tout autant référence aux épines du chardon qu’aux épées des seigneurs lorrains. Il symbolise la fierté des Lorrains.

Dans la culture nancéenne, le chardon est particulièrement présent. Par exemple, il existe depuis le XIXème siècle une gourmandise ayant une forme de boule épineuse mélangeant le chocolat blanc à de l’alcool (liqueur, l’eau de vie ou Schnaps). Tout d’abord produit par des confiseurs de Nancy, le savoir-faire se propagea dans toute région pour devenir une spécialité typiquement lorraine. Dans la chanson « l’hymne lorrain » composée en 1932 par Félix Chevrier et Georges Lauweryns, le refrain se termine par « Son blason dit aux importuns/Voyez-vous, qui s’y frotte s’y pique/Aux chardons de Verdun » . Il sert également d’emblème au Parc Naturel Régional de Lorraine. En 1967, lorsque un groupe de passionnés, emmené par Claude Cuny, relança le football professionnel à Nancy, les fondateurs comprirent qu’il fallait s’appuyer sur les symboles de la ville. Ainsi, le logo de l’AS Nancy Lorraine reprit le chardon comme image centrale. Et depuis 1967, le chardon ne quitta jamais le blason.

#866 – Molde FK : BlåHvit

Les blanc et bleu. 4 fois champions de Norvège (2011, 2012, 2014, 2019) et 5 fois vainqueur de la Coupe (1994, 2005, 2013, 2014, 2021), Molde FK est l’un des principaux perturbateurs de l’hégémonie de Rosenborg. Ole Gunnar Solskjær joua une saison à Molde avant de rejoindre Manchester mais il exerça aussi en tant que manager à Molde, permettant aux clubs d’acquérir sa renommée (Solskjær officia entre 2011 et 2014 ainsi qu’entre 2015 et 2018). Le club fut fondé le 19 juin 1911 par un groupe de 32 personnes emmené par Klaus Daae Andersen. Lors d’une élection générale le 24 avril 1912, le nom du club fut décidé : International. Plusieurs versions tentent d’expliquer ce choix. Station balnéaire courue (l’Empereur allemand la fréquentait), de nombreux paquebots de croisières ou de commerce s’y arrêtaient. Les premiers adversaires du nouveau club était donc souvent les marins et passagers étrangers de ces navires, donnant une coloration internationale à Molde. Une autre histoire racontée par le club indique que le membre qui proposa cette idée de nom était membre du parti travailliste (ie de gauche), dont la chanson « l’International » était le cri de ralliement. Enfin, en se nommant international, cela visait, selon le dernier récit, à attirer les nombreux danois qui travaillaient dans l’usine de moteurs Gideon. En 1915, ce nom n’avait toujours pas convaincu les membres du club et finalement ces derniers le changèrent pour un plus classique Molde FK.

Dans ses premières années d’existence, la principale préoccupation du club était d’évoluer sur un terrain praticable. Par ailleurs, les finances du club étaient modestes et les maigres premiers deniers servaient avant tout à financer les déplacements et à acheter des ballons. Il n’était donc pas encore envisagé d’offrir un équipement commun à tous les joueurs. La Première Guerre mondiale ralentit le développement du club. Mais, dès la fin de la guerre, les économies du club s’améliorèrent et, en 1920, le conseil d’administration décida de doter le club d’un blason et également de commander un nouveau kit. Il était composé d’un maillot bleu avec des parements blancs. Ce choix de couleurs n’est pas documenté mais j’avance personnellement que le fait que ces couleurs soient similaires avec celles des armoiries de la ville, adoptées en 1742, n’est pas le fruit du hasard. Représentant une baleine, dans des vagues blanches, poussant un tonneau sur un fond bleu, ces armes symbolisent les principales activités économiques de la ville au Moyen-Âge : l’exportation de bois et l’exportation de hareng. Pourtant il s’agit bien d’une baleine sur les armoiries et non d’un hareng. Molde n’a jamais été un port de pêche à la baleine. Mais, selon la superstition médiévale, la baleine avait été envoyée par Dieu pour chasser le poisson vers les terres à certains moments de l’année. Ainsi, les harengs, qui ont souvent sauvés la ville de la famine et qui ont permis sa richesse, ont été poussés dans les fjords par la baleine.

#857 – Stade Briochin : les Griffons

Fondé en 1904, le club costarmoricain connut une belle période au début des années 1990, en grimpant rapidement les échelons de la DH en 1990 à la 6ème place de D2 en 1994. Malheureusement, le déficit se creusa et en 1997, le dépôt de bilan fut inévitable. Depuis, petit à petit, il a reconquit le terrain perdu et se retrouve désormais en National.

Dès sa création, les fondateurs identifièrent leur club avec la ville. Ainsi, le blason et les maillots s’inspirèrent directement des armoiries de Saint-Brieuc. D’une part, l’équipement se basa sur les couleurs jaune et bleu des armes municipales. D’autre part, le blason de l’association reprit intégralement celui de la ville, « d’azur au griffon d’or, armé, becqué et lampassé de gueules » (ie un griffon jaune, avec griffes et bec rouges, sur un fond bleu). Naturellement, l’animal légendaire, avec le corps d’un aigle (tête, ailes et serres) greffé sur l’arrière d’un lion (abdomen, pattes et queue), donna son surnom au club. Apparu au IVème millénaire avant notre ère dans les mythologies en Mésopotamie, Egypte et Grèce, le griffon s’imposa dans l’héraldisme européen au moyen-âge. Comment atterrit-il sur les armoiries de Saint-Brieuc ?

La ville de Saint-Brieuc n’exista ni pendant la période celte, ni à l’époque gallo-romaine. L’immigration des bretons insulaires au Vème siècle (fuyant l’invasion saxonne) conduisit à la fondation de la ville. Parmi eux, un missionnaire (irlandais, gallois ou de cornouilles, ses origines étant floues) du nom de Brieuc édifia un monastère à l’emplacement actuel de la cité. Par la suite, la domination religieuse de la ville se confirma en devenant un évêché en 848 au temps de Nominoë, roi de Bretagne. L’évêché retint alors des armoiries à fort charge symbolique : une crosse d’évêque, en l’occurrence, celle de Saint Brieuc frappant un dragon. Cette image représentait la foi (la crosse) terrassant le diable (le dragon). Certains avancent que le choix du dragon est lié au fait que Saint Brieuc se fête le 1er mai. Or, cette date correspondait aussi à la fête celtique de Beltaine, qui marquait le début de l’été. Durant ces festivités, les druides allumaient des feux purificateurs par lesquels le bétail passait. La crosse terrassant le dragon pouvait donc signifier l’évangélisation réussit de terres païennes. Quoi qu’il en soit, le dragon n’est pas un griffon. Au Moyen-Âge, la ville se dota d’armoirie où figurait un aigle déployé. Selon la municipalité, les croisés auraient découvert la férocité du lion au cours de leurs périples et voulurent l’intégrer dans les armes de la cité pour rappeler leurs aventures en terre sainte. Ainsi, le lion aurait été incorporé à l’aigle, donnant naissance à un griffon. Une autre histoire raconte que ce griffon serait le mariage du lion de la maison des Montfort avec l’aigle de la maison de Penthièvre. Toutefois, je ne retrouve pas trace de ces animaux dans les blasons de ces deux célèbres familles. Finalement, le blason briochin fut remis officiellement à la ville en 1698 par le Garde des Sceaux. A la révolution, le pouvoir temporel se sépara du pouvoir spirituel ce qui conduisit à une véritable indépendance de conseil municipal par rapport à l’autorité religieuse. Les armoiries anciennes furent ainsi conservées mais en y retranchant la crosse pour bien marquer l’affranchissement de l’administration laïque.

#856 – Ferencvárosi TC : Zöld-Fehérek

Les vert et blanc. Dans le quartier de Ferencváros, à la fin du XIXème siècle, le football captivait les jeunes et notamment les enfants de la rue Mester, connus sous le nom de Tizenegyek bandája (la bande des onze). L’un d’eux, Kornél Gabrovitz, avait été impressionné par un jeune club de football, le Slavia, lors d’un séjour à Prague. Revenu à Budapest, il convainquit Weisz, qui était à l’époque gardien de but réserviste au sein du club BTC. de fonder un nouveau club. Ils reçurent le soutien financier de József Gráf, boulanger, et surtout Dr Ferenc Springer, avocat. Le 15 avril 1899, les jeunes du quartier élurent un conseil d’administration et l’assemblée fondatrice se tint le 3 mai. Entre-temps, deux des membres, István Weisz et Keönch Boldizsár, rédigèrent les statuts de l’association naissante. Ils choisirent le nom du club, Ferencvárosi Torna Club (FTC) ainsi que sa devise, Erkölcs, Erő, Egyetértés (Vertu, Force, Consensus).

Les fondateurs pensaient initialement choisir les couleurs de la nouvelle association parmi les couleurs du drapeau national (Vert, Blanc, Rouge). Deux éléments poussèrent à retenir le blanc et le vert. D’une part, l’un des autres clubs de la capitale, BTC, dans lequel avait donc évolué István Weisz et qui était le plus populaire à l’époque, jouait déjà en rouge et blanc. D’autre part, le quartier de Ferencváros avait des armoiries de couleurs blanches et vertes. Le drapeau du quartier était composé de bandes vertes et blanches, qui se retrouvèrent à la fois sur le maillot du club comme dans son blason.

Pour l’anecdote sur l’importance du club dans le paysage hongrois, durant l’époque où les armées soviétiques occupaient la Hongrie, il se disait que les couleurs du drapeau magyar étaient celles de Ferencváros, auquel le rouge des communistes fut imposé.

#849 – Torino FC : Toro

Le taureau. A l’exception des années entre 1979 et 1990, le grand rival de la Juventus avait un écusson qui comportait un taureau (malheureusement, la Juve s’est depuis soumise aux sirènes trompeuses du marketing en adoptant un logo, certes moderne, mais totalement fade et irrespectueux de son histoire). Le Torino a également toujours adopté un taureau en position rampante dans son blason. Cette présence du bovin dans les armes des deux clubs de la ville s’explique par l’importance de l’animal dans l’histoire et le symbolisme de la cité de Turin.

Le taureau est apparu dans les armoiries de la cité au Moyen-Age. Le premier exemple de l’utilisation du taureau dans les armoiries remonte à 1360 dans le Codice della Catena, un code qui contenait les statuts de la ville de Turin. Dans ce document, sur deux pages d’enluminures figuraient les saints patrons de la ville et en dessous les insignes d’Amédée VI de Savoie (la croix blanche sur un champ rouge) et celles de la ville (qui se composait d’un taureau rouge passant (ie en train de marcher) dans un champ blanc). En 1433, dans le Libri consiliorum, les cornes du taureau blanchirent pour la première fois. Vers 1455-1460, le taureau passa de la marche à une position debout, dressé sur ses pattes arrières, ie rampante. Enfin, en 1613, les armoiries de la ville prirent leur forme actuel avec un taureau doré rampant, aux cornes blanches, sur un fond bleu. Rampant ou passant, le taureau rendait avant tout les armes de la cité « parlante » (les figures présentes sur le blason symbolisent le nom du possesseur desdites armes).

Comme de nombreuses villes italiennes, le nom de la ville provient de sa dénomination lors de l’époque romaine, Augusta Taurinorum. Camp militaire au départ, il se développa en cité à compter de 28 avant J.-C.. Mais, cette colonie romaine s’était édifiée sur l’ancienne cité d’un peuple nommé les taurins. D’origine Celte ou Ligure, ce peuple demeure assez méconnu, notamment car les sources latines ne sont pas nombreuses. Etabli dans les alpes, il progressa par la suite jusqu’aux rives du Pô. Leur capital était alors Taurasia (qui fut transformé en Augusta Taurinorum puis Turin). Le nom de ce peuple trouve son origine dans le thème indo-européen tauros (taureau) et constituerait une variante du gaulois taruos. Cela signifierait alors « ceux du taureau ». Les auteurs latins auraient ainsi pu les nommer car ce peuple semblait vouer un culte à un dieu thérianthrope à tête de taureau. Mais, cela pourrait faire référence plus tardive au culte de Mithra, une divinité indo-iranienne qui s’installa également dans l’Empire romain aux IIème et IIIème siècles. Dans sa légende, Mithra capture un taureau qu’il tue et dont le sang et le sperme viennent régénérer la terre et de rétablir l’ordre cosmique.