#820 – CS Luqueño : El Chanchón, Kure Luque

En espagnol sudaméricain, le cochon peut être désigné par le terme chancho et, dans la ville de Luque, chanchón se rapporte au cochon, voire à un gros porc. Le second est du guarani et désigne la ville de Luque comme celle du cochon (kure = cochon). Clairement deux surnoms qui tournent autour de cet animal signifient sans aucun doute que ce club réside dans une ville connue pour sa production porcine. Cette banlieue d’Asunción accueille de nombreux abattoirs et d’usine de charcuterie. La société Itabo Agropecuaria, leader dans la vente de produits issus du porc, ouvre cette année une nouvelle usine et un réfrigérateur nommés La Porkcina à Luque. Pour 10 millions de dollars US d’investissement, l’usine sera en capacité de traiter 35 tonnes par jour et abattre 120 animaux par heure, soit plus ou moins 1 000 animaux par jour. La réputation de la charcuterie de Luque n’est plus à faire dans le pays et chaque année depuis près de 10 ans, la municipalité organise le kure aka (le jour du cochon), une feria traditionnelle et gastronomique autour du cochon, qui rassemble plus de 50 000 personnes. Toutefois, Luque est aussi très connu (voire même plus connu) pour l’orfèvrerie (bijoux en or et argent particulièrement, la ville étant le lieu de résidence de nombreuses bijouteries), ainsi que pour la fabrication d’instruments de musique tels que la harpe et la guitare. Alors pourquoi le porc, animal peu valorisant, a pris le pas sur les autres activités.

La légende raconte que la charcuterie fabriquée à Luque était acheminé vers Asunción par le train. Or, les wagons qui accueillaient ces produits servaient également à transporter les supporteurs ainsi que les joueurs pour aller jouer dans la capitale. Les fans adverses ne mirent pas longtemps à appeler les joueurs et les supporteurs de Luque, les cochons. Ils criaient alors « Allí vienen los Kure Luque » (Voici le Kure Luque).

Pour l’anecdote, il faut savoir que le siège de la Conmebol, la fédération sudaméricaine, se trouve à Luque.

#802 – ABC FC : Elefante da Frasqueira

L’éléphant de Frasqueira. Fondé en 1915 une quinzaine de jours avant son grand rival de l’América Natal, le club adopta comme mascotte l’éléphant, lors de la première période de présidence de Judas Tadeu Gurgel (entre 1998 et 2009). En 2010, le service marketing d’ABC donna vie à la mascotte en créant les personnages de Fantão et Fantinho, qui animent les débuts de matchs et les mi-temps. En 2021, ce département poussa un peu plus loin l’exploitation de cette identité en créant un troisième maillot reproduisant la peau du pachyderme. Mais pourquoi avoir pris l’éléphant comme mascotte alors que cet animal ne vit pas du tout au Brésil ? Lors de la saison 1997, le club fit ses débuts en série B (seconde division brésilienne) par un match à domicile contre Santa Cruz de Recife et une victoire 3 à 0. Le lendemain, le 10 août 1997, dans le quotidien « Dário de Natal », le journaliste Edmo Sinedino et le dessinateur Ivan Cabral représentèrent ABC sous la forme d’un éléphant écrasant le serpent corail, mascotte du club de Santa Cruz FC. L’idée de l’éléphant était d’indiquer que le club était aussi grand, de mettre le club au même niveau que l’Etat du Rio Grande do Norte (où se situe la ville de Natal). En effet, cet Etat est souvent comparé à un éléphant car ses frontières dessinent la silhouette d’un pachyderme. En outre, l’animal montrait la force de l’équipe.

Situé sur la Rota do Sol, dans le quartier de Ponta Negra, le stade du club de 18 000 places se nomme Maria Lamas Farache, mais est plus communément connu sous le nom de Frasqueirão.

#794 – FC Villefranche Beaujolais : les Tigres Caladois

Philippe Terrier, entrepreneur local et dont le père sponsorisait déjà le club de Villefranche, reprit sa présidence en 2010. A l’orée de la saison 2013-2014, il décida de doter son club du surnom de tigres caladois ainsi que d’une mascotte féline. Pourquoi avoir choisi cet animal qui n’est pas endémique à la région viticole du Beaujolais ? Pour des raisons de valeur et marketing. Pour le président, le tigre symbolisait bien les valeurs de combat de son équipe. Mais, il reconnut aussi que l’animal faisait écho à l’un des produits commercialisés par le sponsor principal qui s’étalait sur le maillot du club, le beaume du tigre. D’origine chinoise, ce beaume est censé soulager les douleurs d’origine musculo-squelettique. Son distributeur en France est une société située non loin de Villefranche. Encore aujourd’hui, il s’agit du sponsor principal du club.

Que signifie le terme caladois ? C’est simplement le gentilé des habitants de Villefranche-sur-saône et son origine hésite entre deux théories. La première version se focalise sur le relief de la ville qui comprend quelques rues pentues. Or, au Moyen-âge, le terme « calade », emprunté à l’italien calata (descendre), désignait une pente sur laquelle on faisait descendre plusieurs fois un cheval au petit galop pour lui apprendre à plier les hanches et à former son arrêt. La deuxième histoire avance aussi le terme « calade ». Mais cette fois, le mot se rapporte aux dalles du parvis de la Collégiale Notre-Dame-des-Marais. Dans le Beaujolais, le mot calade désignait les dalles, généralement en calcaire, utilisées pour paver. Cela faisait certainement appel à la méthode, employée depuis des siècles, pour construire des sols stabilisés à partir de galets, qui s’appelait calade.

Mais, ces deux versions ne sont pas forcément contradictoires puisque les rues pentues étaient généralement couvertes de galets ou de pierre calcaire provenant du Rhône.

#761 – Lobos BUAP : los Lobos

Les loups. L’équipe professionnel de la Benemérita Universidad Autónoma de Puebla disparut en 2019. Empêtré dans les dettes, elle dut vendre sa licence à un autre club, le CF Juarez (#1233). Créée dans les années 1960, cette équipe liée à l’Université de la 4ème ville du pays, aurait pu reprendre les symboles du blason de l’école, soit le phénix, soit la déesse Athéna. Mais, ce dernier fut introduit en 1937 et les fondateurs préférèrent se référer à l’ancien écusson, qui s’inspirait des armoiries de Don Melchor de Covarrubias y Cervantes. Ces armes affichaient tout simplement un loup, un animal très commun dans l’héraldisme espagnole, qui symbolisait la combativité et la générosité. Certainement des valeurs que les fondateurs du club voulaient que l’équipe défende.

Pourquoi ces armes étaient utilisées par l’Université ? L’Université autonome de Puebla demeure un pilier de l’enseignement supérieur de sa région et occupe une place de choix parmi les universités publiques du pays. Elle est la résultante d’une longue histoire qui remonte au 9 mai 1578. Dans la nouvelle ville de Puebla, un groupe de religieux jésuites venus d’Espagne s’établit et, à la demande expresse du conseil municipal, fonda le Séminaire de la Compagnie de Jésus de San Jerónimo. Neuf ans plus tard, le 15 avril 1587, ils érigent une école sous le nom de Colegio del Espíritu Santo. Elle fut parrainée par Don Melchor de Covarrubias. Né en Espagne, ce dernier fut l’un des premiers colons à s’installer lors de la fondation de la ville de Puebla en 1531. Destiné à une carrière sacerdotale, il devint marchand dans les Amériques et amassa une fortune importante. Maire de la ville, il effectua une donation considérable aux jésuites pour fonder un établissement scolaire qui devint plus de 400 ans plus tard une des grandes université du Mexique.

#746 – FC Dordrecht : de Schapekoppen

Les têtes de mouton. Lorsque le visiteur vient à Dordrecht, il ne peut pas éviter les moutons. Dans les restaurants, il trouvera de la bière Schapenkopje et des biscuits Schapekoppen. Dans les magasins à souvernir, le moindre produits dérivés de la ville reprendra le mouton. Que dire des nouveaux nés qui recevront une peluche en forme de mouton. Dans cet environnement, logique que le blason du club de la ville affiche une tête de mouton. La légende qui explique l’omniprésence de l’ovin dans la ville et qui s’est imposé comme le surnom des habitants de Dordrecht est connue de tout les Pays-Bas. Tout d’abord, Dordrecht, plus vielle commune de Hollande, se situe sur l’île de Dordrecht. Au XVIIème siècle, la cité était prospère, notamment en raison des taxes que la municipalité prélevait sur les marchandises entrantes, y compris le bétail destiné à l’abattage. Comme elle était une ville insulaire accessible que par bateau (le premier pont sera construit en 1872 pour le train), les contrôles et le recouvrement étaient facilités. Mais, les droits d’accises étant exorbitants, les habitants et commerçants cherchaient toujours des stratagèmes pour y échapper. Ainsi, un jour, deux habitants achetèrent un mouton dans les environs de Dordrecht (Alblasserwaard). Sur le chemin vers Dordrecht, ils aperçurent un épouvantail près de Papendrecht et décidèrent de le dépouiller de ses vêtements pour habiller le mouton avec, afin d’éviter les taxes. Pour le faire passer pour un enfant, ils maintenaient l’animal sur ces deux pattes arrières, ces pattes avant s’appuyant sur leurs épaules. Dans la barge, les voyageurs se laissèrent berner tout comme les gardes à la porte de la ville. Soulagés, les deux « contrebandiers » s’imaginaient déjà déguster ce mouton à moindre frais quand l’animal se mit à bêler, ce qui alerta les gardes et stoppa l’évasion fiscale. Selon certaines histoires, si tout le monde fut abusé par cette manoeuvre, un chien ne s’y trompa pas et aboya, ce qui provaqua le bêlement. Pour d’autres, le mouton n’en pouvait plus et bêla de fatigue. Au final, les spectateurs se délectèrent de la scène et répandirent l’histoire en se moquant des habitants de Dordrecht avec ce surnom de schapekoppen. Plusieurs statues de moutons sont érigées dans la ville dont une en acier jaune dénommée schapekoppen de l’artiste Dordtenaar Cor van Gulik représentant les deux contrebandiers entourant le mouton, objet du délit.

#730 – CN Capibaribe : Timbu

Le timbu est un marsupial que l’on trouve couramment dans tout le Brésil et qui se nomme communément opossum à oreilles blanches. Il vit aussi bien dans des milieux naturels (marais, cerrado, caatinga) que les zones urbaines. Il est évidemment largement répandu dans la zone forestière de l’état du Pernambouc où se situe la ville de Recife, résidence du club, et c’est là où il est connu sous le petit nom de timbu. Il est devenu la mascotte du club (et donc le surnom des joueurs) suite à un match joué le 19 août 1934. Capibaribe rencontrait América FC, au Campo de Jaqueira, un stade de Recife. Avec une victoire dans ce derby, América pouvait prendre la tête de la compétition et ses supporteurs remplirent donc les travées du stade. Mais le match ne se déroula comme prévu. À la fin de la première mi-temps, le score se résumait à 1 partout. Construit en 1918, l’enceinte du Campo de Jaqueira était vétuste et ses vestiaires insalubres. L’entraineur de Capibaribe décida donc de réunir ses joueurs sur un coin de la pelouse pour son discours de la mi-temps. Avec la pluie diluvienne qui s’abbatait, les joueurs avaient froid et l’un des managers apporta une bouteille de cognac, pour les aider à se réchauffer. Sachant que le marsupial avait un goût prononcé pour l’alcool, les supporteurs d’América scandèrent à l’adresse des joueurs adverses « Timbu! Timbu! » . L’équipe de Capibaribe répondit sur le terrain à la provocation en remportant le match 3 buts à 1. En sortant du terrain, les jouères de Capibaribe s’adressèrent à la foule en criant « Timbu, 3-1! » .

#729 – CS Sedan : les Sangliers

Le 27 mai 1956, la 39e édition de la Coupe de France proposa en finale un affrontement entre deux équipes de la région Champagne-Ardennes : Sedan face à Troyes. Sedan s’imposa 3 buts à 1 et au côté des joueurs et de la Coupe, sur la photo, un sanglier, dénommé Dudule, prit la pose. Pour les finales de 1961 et 1965, la laie Dora remplaca Dudule et Césarine reprit le rôle pour les finales de 1999 et 2005. La mascotte sedannaise était donc un sanglier et pour tout connaisseur de la région, c’était tout sauf une surprise (même si au début des années 1950, le club était représentait par un bulldog nommé Whiski). Le sanglier apparût à la même période sur le blason du club pour ne plus le quitter. Le club et l’animal était devenu indiscociable et son intronisation ne résulta pas du hasard ou d’une rencontre dominicale lors d’une partie de chasse d’un des membres de la direction du club. Le sanglier était en réalité endémique de Sedan et de la région des Ardennes.

En effet, dans la forêt des Ardennes, l’animal pullule et s’impose donc dans toute la culture de la région. Depuis, le 8 août 2008, un sanglier en méral de 8 mètres de haut et pesant 50 tonnes se dresse sur l’aire d’autoroute de Saulces-Monclin sur l’A34 (autoroute reliant Reims à Sedan). Il s’affiche, depuis la Première Guerre mondiale, sur les armoiries du département des Ardennes. Plusieurs régiments militaires de la région le prirent pour symbole (dont les résistants du maquis ardennais). Surtout il orne celles de Sedan depuis le XVIème siècle. Le seigneur souverain de Sedan, Henri-Robert de La Marck dota en 1568 la ville d’armoiries (où le sanglier y est représenté au pied d’un chêne) qui mettaient à l’honneur un de ses ancêtres surnommé le « Sanglier des Ardennes », Guillaume de La Marck. Ce liégois, acoquiné à Louis XI, gagna une réputation de barbare et d’assassin. Outre le fait, avec sa bande de ravager des villages en détruisant des récoltes et en violant des filles, Guillaume de La Marck ne cessa tout sa vie de susciter des troubles et d’ourdir des intrigues. Il écrivit sa légende noire en assassinant lachement lors d’une embuscade le prince-évêque de Liège, Louis de Bourbon, qui pourtant suppliait sa pitié. Pour se distinguer, il portait un habit rouge avec une hure de sanglier brodée sur la manche, ce qui lui valut le surnom de Sanglier des Ardennes. L’animal jouissait d’une certaine réputation depuis la nuit des temps dans les pays celtes en symbolisant la force et le courage.

En outre, pour les celtes, il était un lien vers l’au-delà en représentant une autorité spirituelle (contrairement à l’ours qui était une autorité temporelle). D’ailleurs, dans une chanson de geste au Moyen-Âge, une autre filiation se tisse entre les Ardennes et le sanglier. Par deux fois, dans « Chanson des quatre fils Aymon » (également intitulée « Chanson de Renaud de Montauban »), des vers présentent Renaud, chevalier d’Ardenne, sous les traits d’un sanglier le temps d’un songe (moment où l’esprit rejoint un monde mystérieux, parallèle). Pour certains, cette association résulte des terres d’origine de Renaud, l’Ardenne (qui correspond à la forêt et en partie au département français des Ardennes), dont les racines étymologiques puisent dans l’indo-européen commun u̯erdʰ qui signifie « pousser, poindre, se lever » et se partagent avec le grec ὀρθός et le latin orior qui signifient « se lever » (ce dernier donnant le terme arduus (se dresser)). Or, ce qui est à l’origine, au commencement et qui se dresse correspond à une autorité spirituelle (représenté donc par un sanglier). Les bois denses et mystérieux de la forêt Ardenne viendront renforcer ce côté sacré.

#724 – SC Telstar : de Witte Leeuwen

Les lions blancs. Au nord du pays, dans l’aglommération de Velsen, deux clubs, VSV et Stormvogels, fusionnèrent en 1963 pour donner naissance au SC Telstar et ainsi conserver une équipe professionnelle aux moyens financiers plus importants. Dans ce genre de fusion, la difficulté est de trouver un subtile équilibre entre la culture des deux clubs pour former l’identité de la nouvelle entité.

Pour le nom du club, les pourparles s’éternisaient pour trouver la bonne combinaison de noms de VSV et de Stormvogels. Les négociations se déroulaient dans les bureaux du président de Stormvogels, qui se trouvaient dans sa société d’ingénierie et de construction de bateaux. Entre les sessions de discussion, les directeurs se promenèrent dans l’usine et découvrirent un bateau commandé par le pêcheur belge Willy van Waes et nommé Telstar par la mère de ce dernier. Elle avait choisi ce nom en l’honneur du satellite du même nom qui avait été lancé en 1962 et qui avait rendu possible la première communication entre les continents. Les membres du club trouvèrent que ce symbole de connexion entre deux continents s’accordait bien avec l’union du VSV et de Stormvogels et le club fut dénommé Telstar.

Après d’avoir convenu du nom, le choix du blason fut le nouveau défi. Henk Zwart, membre du conseil d’administration, chargea son fils Jack de le réaliser. Ce dernier dessina le satellite Telstar confondu avec une torche enflammée sur un fond reprennant les couleurs de chacun des clubs : rouge (VSV) et bleu (Stormvogels).

Enfin, il fallait trouver un accord sur les couleurs du maillot du nouveau club. Dans les discussions initiales, il était prévu d’opter pour un maillot orange, couleur qui devait représenter le mélange du rouge du VSV et du bleu de Stormvogels. Mais, pour une raison inconnue, le 7 août 1963, l’équipe Telstar se présente pour la première fois à son public au Sportpark Schoonenberg, pour un match d’entraînement, contre DWS avec un maillot entièrement blanc. Peut-être que la neutralité de cette couleur fut le moyen de trouver un meilleur compromis que l’orange. Une autre histoire indique que ce choix fut influencé par le conseiller municipal de Velsen, M. de Boer, qui avait un penchant pour Tottenham Hotspur. Depuis lors, l’uniforme de Telstar a toujours été blanc.

Dans le surnom, en revanche, un club a pris le pas. S’il fait référence à la couleur du nouveau club, ce surnom se base sur celui du VSV, qui avait pour sobriquet de Rode Leeuwen (les lions rouges). Le lion apparaissait sur le blason du VSV et, aux Pays-Bas et en particulier dans la région de Hollande où se trouve la ville de Velsen, il est un symbole héraldique important. Le Comté de Hollande, au Moyen-Âge, utilisait depuis utilisé 1198 le lion rouge, qui était les armes d’une famille régnante de l’époque, les Gerulfingen.

#722 – Hull City AFC : the Tigers

Les tigres. La fondation du club en juillet 1904 était trop tardive pour lui permettre de rejoindre une ligue officielle. Le club se contenta lors de sa première année d’existence à disputer des matchs amicaux. L’histoire officielle indique que lors du premier match, les joueurs portèrent un maillot blanc avec un short noir (ce que certains contestent). Toutefois, assez rapidement, l’équipe arbora son fameux maillot rayé noir et ambre, couleurs qu’elle affiche encore aujourd’hui (en 1935-1936 et en 1946-1947, le club porta exceptionnellement un maillot respectivement bleu foncé et bleu clair). Ces rayures ambre et noir inspirèrent un journaliste du Hull Daily Mail en 1905 qui surnomma pour la première fois les joueurs les tigres. A l’époque, le Rugby était roi dans la ville de Kingston upon Hull et les deux équipes rivales avaient pour surnom un animal. D’un côté, Hull FC était surnommé Airlie Birds (les oiseaux d’Airlie). De l’autre côté, l’Ouest de la ville supportait les robins (rouge-gorges) de Hull Kingston Rovers. Le journaliste du Hull Daily Mail trouva donc logique de comparer l’équipe de football avec un animal et les rayures du maillot rappelaient le tigre.

Le surnom est bien ancré désormais au point que le tigre s’imposa presque sur tous les symboles du club. Tout d’abord le maillot qui, lors de certaines saisons, pouvaient abandonner les célèbres rayures pour arborer le pelage du tigre ou être barré d’un coup de griffe. Sur le blason du club, la tête de tigre a également trouvé sa place. Après la Seconde Guerre mondiale, le nouveau propriétaire de Hull, Harold Needler, souhaita rebaptiser le club sous le nom de Kingston upon Hull AFC et adopter l’orange, le bleu et le blanc comme nouvelles couleurs. Il modifia également le blason traditionnel qui reprenait les armes de la ville en faisant, pour la première fois, afficher une tête de tigre. Le changement de nom ne se concrétisa pas et le manque de tissu ne permit pas d’adopter les nouvelles couleurs. Néanmoins, le blason fut lui définitivement entériné. En 1975, le College of Arms, une institution royale qui gère les armoiries et blasons, officialisa le tigre comme armes du club. Enfin, en Août 2013, à la surprise générale, le propriétaire du club, Assem Allam, annonça qu’il avait déposé une demande auprès de la fédération anglaise pour changer le nom en Hull Tigers. Malheureusement, ce choix n’avait pas pour objectif de rendre hommage à la longue histoire du club et était basé sur de basses considérations marketing (étendre la zone de chalandise aux Etats-Unis où les franchises se nommes ainsi et vers l’Asie où le tigre est chargé d’un fort symbolisme, se distinguer des autres clubs qui s’appelaient également City ainsi que « in marketing, the shorter the name the more powerful it is » (en marketing, plus un nom est court, plus puissant il est)). Les supporteurs s’opposèrent à cette proposition et scandaient dans le stade « City Till We Die » (City jusqu’à notre mort). Ce à quoi Assem Allam répondit violement « They can die as soon as they want » (Ils peuvent mourir dès qu’ils le veulent). Finalement, le 9 avril 2014, la fédération anglaise rejeta la demande de Assem Allam. D’autres décisions calamiteuses accentua le désamour entre les fans et Assem Allam et le club finit par être vendu en Janvier 2022 à un producteur turc.

#715 – Piacenza Calcio : Lupi

Les loups. Le club naquit en 1919 par la fusion de deux associations, Giovine Italia et Unione Football Club Piacenza, qui s’affrontaient régulièrement dans les rues et places de la ville. Composés de jeunes étudiants, le club se structura et s’inscrivit à la fédération italienne pour concentrer les principales ressources footballistiques de la ville. Souhaitant devenir la référence du football de la ville, face à la concurrence des autres activités sportives populaires (aviron, cyclisme, athlétisme, gymnastique ou tir sur cible), les fondateurs identifièrent leur club avec la ville. Premier élément, les couleurs des équipements qui reprirent celle de la ville, rouge et blanc. Puis, l’écusson arriva rapidement en copiant partiellement les armoiries de la ville. Il se divisait verticalement avec une partie blanche et une autre rouge, cette dernière intégrant un carré blanc.

Ce symbole géométrique qui représente la ville est connu depuis le XIIIème siècle et se trouve représenté sur la façade de l’hôtel de ville, inauguré le 16 avril 1281. L’origine de ce carré blanc appelé dé demeure inconnue et plusieurs versions s’affrontent. La plupart se plongent dans les origines romaines de la ville. Plaisance, fondée en 218 av. J.-C. sur les restes d’une colonie celtique comme camp militaire, avait un lien fort avec Rome puisqu’elle constituait, avec Crémone, une des premières colonies de droit latin dans le nord de l’Italie. Les premières hypothèses se fondent sur des analogies entre des mots latins et le nom de la ville en latin (Placentia). Ce carré pourrait ainsi représenté un pain romain nommé placenta. Autre hypothèse latine, le mot « place, large rue » qui se disait platea et qui se représentait sous la forme d’un carré. Etant donné que la première colonie romaine était un camp militaire, le carré pourrait représenter le castrum, le camp militaire romain, qui s’organisait sur la forme d’un carré. Pour rester dans les origines militaires, d’autres pensent qu’il s’agit d’une allusion au Saint Patron de la ville, Antonin de Plaisance. Selon la légende, Antonin serait un soldat de la Légion thébaine et l’iconographie le représentait portant la bannière de la Légion thébaine (un tissu rouge avec un carré d’argent (blanc) au centre). D’ailleurs, élément qui vient étayé cette hypothèse est la présence sur les clés des voûtes de l’église Saint-Antoine du carré. Toutefois, appelé dé par les habitants de Plaisance, ce carré serait une référence à la célèbre maxime de César qu’il aurait prononcée le 10 janvier 49 av. J.-C. lorsqu’il franchît le Rubicon, « Alea jacta est » (le sort en est jeté ou les dés sont jetés). Dernière hypothèse, plus tardive, ce carré s’inspirerait du blason de la famille Pallavicino, qui domina la ville au Moyen-Âge, et qui se composait d’un damier rouge et blanc. Enfin, des chercheurs estiment que ce carré n’a aucune valeur symbolique et ne visait qu’à distinguer les armes de la ville avec celles d’autres cités.

Toutefois, il manquait un élément important sur l’écusson du club qui était présent dans les armoiries de la ville : une louve. Dès le XVème siècle, l’animal apparaît comme un autre symbole de la ville et faisait également référence aux racines romaines de la cité. En effet, la louve protégea Romulus et Rémus qui fondirent la ville de Rome (cf. article #65) et devint le symbole de la cité dans l’Antiquité. Résultat, à l’entrée de Plaisance, au bout de la Via Æmilia venant de Rimini (achevée en 187 av. J.-C.), s’élevait une colonne de granit qui supportait une copie de la fameuse « Louve capitoline » (le bronze représentant la louve allaitant Romulus et Rémus). Ce don de Rome symbolisait le statut de civitas romana (citoyenneté romaine) accordé aux habitants de Plaisance. Dans les premières années de la présidence de Léonard de Garilli (au début des années 80), le blason du club fut modifié et fit apparaître pour la première fois une louve (blanche sur fond rouge). La féline ne représentait plus seulement la ville mais également maintenant le club de football. Au point que lorsque fit faillite en 2012, la nouvelle entité qui prit la suite se nomma dans un premier temps Lupa Piacenza.