#1063 – Volos FC : Κυανέρυθροι

Les bleu et rouge. Au sein de la ville de Volos, préfecture du département de Magnésie et située dans la région de Thessalie, deux clubs coexistaient depuis des décennies, Olympiakos Volos, fondé en 1937, et Niki Volos, création en 1924, dont les performances se cantonnaient à quelques rares titres de champion de seconde division. Or, le maire de la ville, Achille Béos, avait l’ambition de faire de sa cité balnéaire et portuaire un Monaco grec. Il déclarait son souhait de voir une ville unifiée et que le sport, le football en particulier, était l’un des leviers pour parvenir à cet objectif. Ainsi, l’idée germa de fusionner l’Olympiakos et le Niki, afin d’en faire une force capable de rivaliser avec les grands noms de l’élite. Cependant, face aux difficultés et résistances, un autre scénario se développa. Celui de constituer une équipe de toutes pièces. Aider par un autre entrepreneur, Georgios Spyridopoulos, Achille Béos acquit les droits du club MAS Pydna Kitros, évoluant au 3ème niveau national pour le délocaliser à Volos et créer le Volos FC en 2017.

Le choix des couleurs se porta sur le bleu et le rouge. Tout de suite, on y vit la patte d’Achille Béos, qui par le passé (de 1996 à 2006) avait été un des dirigeants influents du Paniónios. Or, le club athénien évolue en bleu et rouge (cf. article #944). Toutefois, même si la raison des couleurs ne fut pas explicitée à l’époque, la passion de Béos pour le Paniónios n’en serait pas le motif. En réalité, il semblerait que si la fusion entre Olympiakos et Niki ne put se faire, le nouveau club de Volos réussit au moins à marier les couleurs des deux historiques. L’Olympiakos, dont Spyridopoulos est fan, évolue en rouge et Niki en bleu.

#1049 – Djoliba AC : les Rouges

Club Omnisport (football, basket, athlétisme, rugby) basé à Bamako, Djoliba est l’autre épouvantail du football malien avec le Stade. 23 titres de champion du Mali (record national) et 20 Coupes nationales (autre record national) constituent son imposant palmarès. Deux mois après l’indépendance du Soudan Français qui engendra la refondation/réorganisation des milieux sportifs, deux clubs maliens, le Foyer du Soudan, club des autochtones, et l’Africa Sport de Bamako (créé en 1953, club des étudiants) fusionnèrent pour donner naissance le 20 Août 1960 au Djoliba AC (en 1979, le club de la Renaissance les rejoignit). Cette nouvelle association prit le nom du fleuve Niger, Djoliba, en mandingue, la langue des Malinkés, une des ethnies majoritaires du pays. L’idée était d’honorer ce fleuve qui traverse tout le Mali, symbole puissant du pays. Les fondateurs se dirent que tant que le fleuve coulera, le club existera. Le symbole du club est alors l’hippopotame, l’un des animaux imposants du fleuve.

Côté couleur, le vert et le rouge sont retenues. Le vert symbolise, comme dans de nombreux pays, l’espérance, la persévérance. Tandis que le Rouge représente l’abnégation, le sacrifice en symbiose avec la devise du club qui est « travail, discipline, solidarité ».

#1028 – Benevento Calcio : Giallorossi

Les jaune et rouge. Les couleurs traditionnelles de Bénévent sont le jaune et le rouge, disposés en bandes verticales sur le maillot des joueurs, accompagnées de shorts noirs ou rouges et de chaussettes noires ou rouges. Pourtant, le club dont l’histoire fut mouvementé avec 4 refondations (en 1938, 1962, 1990 et la dernière fois en 2005) connut également d’autres couleurs. A la fondation en 1929, le SS Littorio Benevento (son premier nom) évoluait en bleu. En 1938, suite à sa première renaissance, le club aurait opté pour les couleurs jaune et rouge. Au lendemain de la guerre, le 23 février 1947, Avellino affrontait Bénévent. La légende raconte que les deux équipes choisirent de se présenter avec un maillot au couleur de leurs liqueurs locales. Ainsi, Avellino opta pour le vert, couleur typique de l' »Anthémis », une liqueur provenant d’une petite fleur parfumée et réalisée par l’abbaye bénédictine de Loreto di Montevergine. Du côté, de Bénévent, le club prit la couleur jaune de la « Strega » . Cette liqueur amer fabriquée par l’entreprise Strega Alberti à Bénévent est confectionné à partir de 70 herbes et épices dont du safran qui lui donne sa coloration jaune. En 1953, l’AC Sanvito prit le relais de l’équipe première de Bénévent et mit alors en valeur ses couleurs rouge et noire. Finalement, en 1962, le Bénévent Calcio était refondé et reprit ses couleurs traditionnelles rouge et jaune, que le club porte jusqu’à présent. Toutefois, lors de la saison 1990-1991 et une partie de la saison 1991-1992, les joueurs évoluèrent avec un maillot rouge et gris argenté, couleurs héraldique des armoiries de la ville. Levée de boucliers des supporteurs qui réussirent au bout d’un an à faire reculer le club (aidé par la famille Cotroneo qui acquit en mars 1992 la propriété du club).

Si le rouge et le gris argenté (équivalent au blanc en héraldisme) se trouvent sur les armoiries de la ville, le jaune y est également associé comme sur la bannière de la ville. Cette dernière se compose à l’image du drapeau français avec les couleurs jaune, blanc et rouge. Les armes se décrivent comme écartelée de gueules (rouge) et d’argent (blanc), à la tête d’or (jaune) chargée d’un sanglier. La présence de ces 3 couleurs sur les armoiries n’est pas connue.

#1012 – Once Caldas : el Tricolor

Le tricolor. Surnom qui peut paraître étonnant quand on a lu l’article #467, qui présente le surnom los Albos (les blancs) pour l’équipe de Manizales. Alors 3 couleurs ou une seule immaculée ? La réponse est finalement assez simple. Le maillot des joueurs est blanc tandis que l’écusson affiche 3 couleur, vert, blanc et rouge. Au moins, entre les deux, le blanc est commun. Le 23 avril 1961, en raison de la similitude entre les maillots de l’Atlético Nacional et du Once Caldas, ce dernier dut changer pour des maillot blanc qui est désormais sa couleur historique. Mais, avant cette date, le club arborait donc un maillot rayé vert, blanc et rouge (comme l’écusson qui arbore les 3 couleurs dans le sens du drapeau italien).

En 1947, le club de Deportes Caldas fut créé et remporta le championnat colombien en 1950. En 1948, un autre club naquit, le Once Deportivo de Manizales. En 1959, pour relancer les deux clubs, ces derniers fusionnèrent et donnèrent naissance au Once (Deportivo) Caldas. N’ayant pas les mêmes couleurs (Deportes Caldas en vert et jaune (les couleurs de la région de Caldas) et Once Deportivo en rouge et blanc), les deux clubs optèrent pour les couleurs de la ville de Manizales pour la nouvelle association. Manizales arbore un drapeau similaire à celui de la Bulgarie (3 bandes verticales de couleurs, de haut en bas, blanc, vert et rouge). Mais, aucun lien entre les deux. Chef-lieu du département de Caldas, l’économie de Manizales repose sur la culture et la production de café. Résultat, les couleurs de la bannière se rapportent au café. Le blanc rappelle les fleurs du caféier, le vert le feuillage des plantations de café et le rouge la couleur des grains de café mûrs.

Manizales est l’une des 3 principales villes de la région surnommée Eje Cafetero ou le Triangle du café. Sur ses hauts plateaux andins de l’ouest du pays se situent près de 10% de la production mondiale de café. Classée au patrimoine de l’Unesco depuis 2011, l’Eje Cafetero se compose de collines verdoyantes et de plantations de café. Le département de Caldas, où se trouve Manizales, se distingue avec ses 32 353 producteurs de café pour 40 398 exploitations et 59 058 hectares plantés (5 657 arbres par hectare). Ce département présente la meilleure productivité du pays avec une moyenne de 19,23 sacs par hectare et par an en 2022, dépassant la moyenne nationale de 17,3 sacs. Un sac représente 60 kg de café. Autours de Manizales, on compte près de 1 750 producteurs. Manizales organise également le concours international de café et veut se présenter comme capital mundial del café.

#980 – AS Roma : Giallorossi

Les jaune et rouge. A mon gout, la tunique romaine est l’une des plus belles alliances de couleurs dans le football : le pourpre et l’or. Elle a été réduit au rouge et au jaune car la teinte de ces deux couleurs a varié dans le temps. Mais, je trouve qu’elles soutiennent une idée de beauté et de noblesse, sensation pas si éloignée de la volonté originelle des influenceurs de ces deux couleurs. Petit voyage dans le temps. En 1927, l’AS Roma naquit de la fusion de trois clubs de football romain (Fortitudo Pro Roma, Alba Audace et Roman). Le projet était porté par deux personnalités politiques influentes de l’époque : Italo Foschi , président du Fortitudo, mais aussi secrétaire de la section de Rome du Parti Fasciste et membre du CONI, et Ulisse Igliori, président d’Alba Audace et membre du Conseil du Parti Fasciste. L’objectif était de créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale afin de s’opposer aux clubs du nord du pays. Pour conserver la base de supporteurs des 3 clubs comme élargir l’audience à toute la ville, les fondateurs comprirent que la symbolique allait jouer un rôle crucial. Tout d’abord, le choix simple de retenir le nom de la ville comme nom du club. Puis, l’adoption de la louve du capitol qui renvoie au mythe fondateur de la Cité éternelle, Romulus et Remus (cf. #65).

Enfin, il ne pouvait en être autrement pour les couleurs. Les fondateurs reprirent les couleurs des bannières de l’Empire Romain et du Capitole (l’une des 7 collines de Rome, centre religieux de la ville sous l’antiquité et dont le nom Capitole provient de Caput Urbis, signifiant « l’endroit principal de la ville ») : le pourpre et l’or. Pour s’identifier à la ville, il n’y avait pas mieux que se référer aux grandes heures antiques et à la colline « centrale » de la ville. Ces deux couleurs avaient des significations particulières pour les romains. D’une part, le pourpre (ou rouge impérial) était associé à Mars, Dieu de la Guerre (qui renvoyait donc une image de puissance et de pouvoir) et père des jumeaux, Romulus et Rémus (les fondateurs de la cité romaine). Même si le rouge était une teinte facile à obtenir pour colorer les tissus, cette couleur était attachée à l’aristocratie. L’or ou l’ocre reflétait la puissance divine, la gloire, la richesse puisqu’il s’agissait de la couleur du soleil et des éclairs comme de l’or. Sa présence sur les bannières romaines annonçait aux barbares ce que la civilisation romaine allait leur apporter ie la puissance et la lumière divines qui perçaient les ténèbres. Autant dire que ces couleurs portaient une charge symbolique double et forte (le lien avec le monde antique et les valeurs qu’elles véhiculaient) qui convenaient aux fondateurs. L’expression que j’utilisais au début de l’article (créer un grand club portant haut les couleurs de la capitale) était donc plus qu’appropriée.

Même si les teintes ont variées du plus clair au plus foncé (avec parfois un rouge ou jaune qui ont viré vers l’orange), la tunique romaine s’est quasiment toujours résumée à un maillot rouge aux parements jaunes (col et bords de manche généralement).

#979 – USM Bel Abbès : les Verts, les Vert et Rouge

En Algérie, comme souvent lors de l’émergence d’un mouvement nationaliste dans d’autres contrées, le football fut le catalyseur de la contestation de l’ordre colonial même si finalement ce sport fut importé par les français au XIXème siècle. Pour l’USM, l’histoire débuta comme souvent par une frustration. Il semblerait qu’un certain Sellam Ali se vit refuser l’entrée au Stade Paul André car ce jeune garçon n’était pas affilie à une association agréée. Se sentant victime d’une oppression des autorités européennes, il décida avec l’aide d’une quinzaine d’amis la création d’un club musulman qui se concrétisa le 7 février 1933 et dont le premier président était Lassou Li Ali. Le club est notamment connu pour avoir accédé à la finale de la coupe d’Afrique du nord en 1956 face à son rival européen du SC Bel-Abbés, qui ne put se dérouler. En outre, en 1953, la « perle noire » franco-marocaine, Larbi Ben Barek, qui fit les beaux jours de l’Atlético Madrid et l’Olympique de Marseille, signa au sein de l’USMBA en qualité de joueur-entraîneur.

Dans ce contexte de la montée du nationalisme algérien et de la volonté des fondateurs de s’opposer aux autorités, la direction opta pour des couleurs qui n’étaient pas anodines, le vert, le rouge et le blanc. Le vert et le blanc étaient censées représenter les espoirs du peuple algérien. Ces teintes étaient aussi celles des musulmans, religion dont le club se réclamait (puisque à la création USM signifiait Union Sportive Musulmane et l’objectif du nouveau club était de réunir sous une même structure les associations sportives musulmanes de l’époque). Le rouge portait la charge symbolique de l’amour de la nation ainsi que celle usuelle du sacrifice. L’avantage de ces 3 couleurs était qu’elles étaient celles du mouvement nationaliste algérien et qui donnèrent lieu au drapeau actuel de l’Algérie. Lors de manifestations syndicales le 1er mai en 1919 et 1920, des indigènes déployaient un drapeau vert et blanc marqué d’une étoile et d’un croissant rouge.

#974 – CA Chacarita Juniors : Tricolor

Le tricolor. Surnom qui n’a rien d’étonnant étant donné que les joueurs du club arborent un maillot avec 3 couleurs, rouge, noir et blanc. Précisément, il s’agit d’une tunique rayée de ces 3 couleurs. Le dessinateur et écrivain argentin, Roberto Fontanarrosa, passionné de football et supporteur de Rosario Central, exprimait dans son livre référence sur le football argentin « No te vayas campeón » son amour pour le maillot de Chacarita « Qué linda es la camiseta de Chacarita. Es más, si algún día me hacen uno de esos tontos reportajes llamados “ping-pong”, cuando me pregunten por “una camiseta”, diré: “La de Chacarita”. Es la que más me gusta (…) la de Chacarita tiene, si se quiere, un toque de sofisticación, de ingenio. Y yo creo que ese toque reside en esa línea finita, blanca, que se ha colado entre las rojas y las negras, más anchas y prepotentes. Esa línea delgada y blanca aporta un trazo de distinción, brinda luz, relieve, cierto brillo. » (Qu’elle est belle la chemise de Chacarita. D’ailleurs, si un jour ils font un de ces interviews « ping-pong » à la con, quand ils me demanderont « une chemise », je dirai : « Celle de Chacarita ». C’est celle que j’aime le plus (…) Chacarita’s a, si vous voulez, une touche de sophistication, d’ingéniosité. Et je pense que cette touche réside dans cette fine ligne blanche, qui s’est glissée entre les lignes rouge et noire, plus larges et plus imposantes. Cette fine ligne blanche apporte une touche de distinction, de lumière, de relief, un certain éclat.).

La tradition raconte que ces couleurs faisaient référence à leurs origines. Le club fut fondé le jour de la fête du travail, le 1er mai 1906, par une bande d’amis, dans les bureaux de la section 17 du Parti Socialiste local. Dans ce quartier populaire, les membres étaient tous proches des idées socialistes d’où le choix du rouge. Le noir pourrait laisser penser à une autre tendance politique de gauche, l’anarchisme de la puissante Federación Obrera Regional Argentina (Fédération Ouvrière Régionale Argentine – FORA), rattachée à la Première Internationale. Mais, il est plus communément admis que le noir représenterait le cimetière qui rythme la vie du quartier de Chacarita depuis le XIXème siècle et demeure l’un des plus grands du monde (cf. #855). Enfin, le blanc signifierait la pureté qui caractérise la jeunesse, le lien avec le terme « junior » dans le nom du club.

Toutefois, initialement, le club n’évolua pas dans ces couleurs devenues traditionnelles. Tout débuta avec un maillot bleu ciel avec une bande blanche horizontale sur la poitrine. Mais, à partir de 1911, certains des joueurs désertèrent vers d’autres clubs voisins et la section football perdit de sa splendeur. En 1919, une nouvelle direction décida de donner une nouvelle impulsion avec une « refondation » . Cette renaissance serait passée par le nouveau maillot tricolore. Toutefois, aucun document ou témoignage permet de prouver les raisons de ce changement, ni de le dater. D’ailleurs, l’acte de refondation ne mentionnait ni les couleurs ni les maillots.

Avant même le maillot bleu ciel, selon l’un des fondateurs, José Manuel Lema, le premier équipement porté par l’équipe consistait en une veste blanche avec un petit bouclier en guise de poche et était un cadeau de la sœur d’un des membres, Alfredo Palacios. Le 18 avril 1907, le journal « La Argentina » publiait un article qui décrivait le maillot du club comme rouge et blanc accompagné d’un pantalon blanc. Le 2 mai 1908, le journal « El Mundo » rapportait un changement de tenue avec une chemise rayée verte et blanche ainsi qu’un short bleu marine. Le 9 août 1922, le journal « La República » mentionnait un match entre Chacarita Juniors et Vida y Acción où le club évoluait avec une tenue bleue. Finalement, le fameux tricolore serait apparu en 1924. Le 12 avril de cette année, une publication de « Última hora » annonçait que Chacarita changeait ses couleurs. Selon le journal, Chacarita Juniors s’était fourni auprès d’une entreprise européenne après que les dirigeants de l’institution décidèrent ce changement afin de se distinguer des nombreux clubs qui portaient du bleu. Ces 3 couleurs proviendraient d’un maillot porté par l’un des acteurs de la refondation, Nicodemo Perticone. Selon son fils, le tissu de ce maillot aurait été offert à la mère de Nicodemo par une autre immigrée d’origine arabe sur le bateau qui les emmenaient vers l’Argentine. Mais, le tissu étant trop coloré pour la mode de l’époque, la mère de Nicodemo aurait confectionné un maillot pour que son fils pût jouer au football. Nicolás Caputo, un autre pionner de la refondation, fut séduit par les couleurs originales du maillot de son compère et les proposa à la direction.

#972 – Rayo Vallecano de Madrid : Franja, Franjirrojos

La frange (la bande), la frange rouge. A Madrid, le football se résume aux deux grands clubs, le Real et l’Atlético. Mais s’agissant d’une terre de football, d’autres clubs vivent et survivent dans la capitale espagnole et sa proche banlieue (Getafe CF, CD Leganés, AD Alcorcón, Rayo Majahonda, Rayo Vallecano, Internacional de Madrid, CF Fuenlabrada …). Parmi ceux-ci, le Rayo Vallecano est l’un des plus anciens, ayant été fondé le 29 mai 1924. Situé dans le quartier de Vallecas, le club navigue entre la seconde et la première division. Il est notamment connu pour son maillot blanc arborant une diagonale rouge, qui donna son surnom au club.

A la création du club, l’uniforme choisi était une chemise et un short blancs, avec des chaussettes noires. Les fondateurs s’inspirèrent-ils du Real Madrid ? L’histoire ne le raconte pas. Petit club, il traversait régulièrement des crises économique et en 1948, les dirigeants recherchèrent des soutiens. Le voisin de l’Atlético Madrid répondit positivement et un pacte fut scellé, l’Atlético cédant quelques joueurs au Rayo Vallecano. Mais il n’était pas acceptable pour les colchoneros (cf. #43) que le partenaire pût afficher un kit similaire à celui de son rival. Ils exigèrent alors que le Rayo afficha des éléments rouges sur son maillot, ce qu’il fut fait en intégrant à ses vêtements une bande rouge. La direction du Rayo s’inspira de l’un des clubs phares de l’après-guerre, le CA River Plate (cf. #900). Durant les années 1940, le club argentin connut une période faste (comme le football argentin) avec une équipe qui était surnommée la maquina tant elle dominait. Elle remporta 4 championnats (1941, 1942, 1945 et 1947) et fut vice-champion en 1943, 1944 et 1948, avec des joueurs emblématiques tels que José Manuel Moreno, Adolfo Pedernera, Amadeo Carrizo et Alfredo Di Stéfano. Cette équipe termina deuxième au premier tournoi continental sud-américain de clubs en 1948 (Campeonato Sudamericano de Campeones).

Après un an de collaboration, l’alliance prit fin mais Vallecano décida de conserver leur bande rouge sur le maillot. En 1953, River Plate se rendit en Espagne pour jouer un match amical face au Real Madrid. Le club de Vallecas adressa au club argentin une photo de son équipe en signe d’admiration. En retour, le club argentin fit livrer au Rayo un jeu complet de maillots, shorts et chaussettes pour ses joueurs. Les deux clubs se rencontrèrent sur le terrain une seule fois, en 1978 lors d’un tournoi amical (Trofeo Villa de Madrid). Les argentins remportèrent la partie par le plus petit des scores (1-0).

#956 – Bologne FC : Rossoblù

Les rouge et bleu. En Italie, prendre ses couleurs comme surnom est une tradition commune. Club plus que centenaire, Bologne ne pouvait échapper à cette pratique. Dans la brasserie Ronzani située dans l’ancienne rue Via Spaderie, un groupe de jeunes étudiants créèrent la section per le esercitazioni di sport in campo aperto (pour la pratique du sport en plein air) du Circolo Turistico Bolognese en 1909. Un an plus tôt, un autrichien prénommé Emilio Arnstein, qui venait d’arriver à Bologne, recherchait des amateurs pour pratiquer sa passion du football. Il rejoignit un groupe d’étudiants qui jouait dans la parc Prati di Caprara. Parmi eux, on retrouvait les frères Gradi, Martelli, Puntoni, Nanni, le suisse Rauch ainsi que des étudiants du Collège d’Espagne, Rivas et Antonio Bernabéu (ni plus ni moins que le frère du futur célèbre président du Real Madrid, Santiago Bernabéu). Lors de cette réunion dans la brasserie, Louis Rauch, dentiste de profession, fut nommé premier président du club. Le premier vice-président était Arrigo Gradi, qui était l’un des meilleurs joueurs sur le terrain. Or, quand il jouait dans le parc Prati di Caprara, il portait un maillot composé de 2 quartiers bleus et 2 rouges, couleurs d’un collège suisse qui se serait nommé Schönberg à Rossbach et où il étudia. J’utilise le conditionnel car s’il existe bien des communes de ce nom dans le monde, aucune ne se situe en Suisse. Le choix fut donc fait de retenir ces couleurs comme celles de l’équipe.

Si ces couleurs provenaient donc d’un collège suisse, elles présentaient aussi l’avantage d’être celles du blason de la ville. Le premier symbole de la ville qui compose son écusson est la croix rouge sur fond blanc. Cette croix fut documentée pour la première fois en 1259 et apparut en couleur en 1311. Les origines, comme souvent, sont confuses et plusieurs versions s’affrontent. Une prétend que cette croix est la bannière des croisées derrière laquelle les chevaliers de Bologne s’étaient ralliées et avaient par la suite adressée à la ville. Une autre rapporte que la croix rouge sur fond blanc était le symbole de la Ligue Lombarde, une alliance militaire de certaines villes du nord de l’Italie du XIIème siècle, qui combattit le Saint Empire Romain Germanique. L’autre composante du blason de Bologne est un oriflamme bleu sur lequel est écrit Libertas en couleur or. Ce serait un don de Florence lors d’une autre alliance militaire face aux Etats Pontificaux. Les deux éléments ont été réunis au XVème siècle.

Une entorse importante mais historique fut faîte aux couleurs traditionnelles de l’équipe bolognaise. En 1925, lorsque l’équipe remporta son premier scudetto, l’entraineur de l’époque, Enrico Sabattini, décida pour les derniers matchs de faire porter un uniforme vert à parement noir, à l’image de celui du Rapid de Vienne. Dans les années 1920 et 1930, le Rapid était considéré comme l’une des meilleures équipes du continent, à l’époque où l’Autriche était parmi les nations dominantes du football européen. Si Bologne revint par la suite aux couleurs traditionnelles, le vert réapparut à différentes époques, en maillot alternatif.

#944 – Panionios Athènes : Κυανέρυθροι

Les rouge et bleu. Dès le XIVème siècle et pendant de nombreuses années, la Grèce viva sous le joug ottoman et une importante communauté grecque habitait en Asie Mineure, territoire naturelle de la Sublime Porte. Pendant cette cohabitation, la culture grecque fut à la fois intégré dans la culture ottomane qui fut elle-même influencée par celle des grecs. En outre, le statut du millet, qui protégeait les minorités de l’Empire, permit à la langue grecque et à la religion orthodoxe de cimenter l’identité grecque. Au XIXème siècle, alors que le trop grand Empire Ottoman déclinait, la nationalisme grecque retrouvait une certaine vigueur qui conduisit en 1830 à l’indépendance de la Grèce. Les grecs d’Asie Mineure continuèrent à vivre à Constantinople ou Smyrne. Pour défendre leur identité, ils créèrent des associations culturelles qui dévièrent par la suite vers le sport. Ainsi, le 14 septembre 1890, des jeunes des éminentes familles grecques de Smyrne (Izmir) décidèrent de créer une association dénommée « Orphée ». Mais, après la défaite militaire des Grecs face aux Turques, les populations grecques d’Asie Mineure (1 300 000 personnes) émigrèrent vers la Grèce. Ils se regroupèrent et refondèrent rapidement leurs associations culturelles et sportives dans leur nouvelle patrie. Les membres de Panionios se retrouvèrent ainsi à Athènes et poursuivirent leurs activités dès le 20 novembre 1922

Quand les joueurs évoluaient encore à Izmir, les couleurs du club étaient le rouge et le blanc. Soit un maillot rouge avec un short blanc. Soit maillot et short blancs, traversé par une diagonale rouge. Le déracinement et la renaissance du club à Athènes amenèrent à changer les couleurs pour les actuelles, bleu et rouge. L’explication la plus probable sur ce choix demeure la référence à leurs origines anatoliennes. En effet, ces deux couleurs furent longtemps associés à la communauté grecque d’Asie Mineure. Par exemple, au début du XXème siècle, leurs navires arboraient une enseigne dite « gréco-ottomane » (Γραικοθωμανική παντιέρα) composée de deux bandes horizontales rouges en haut et en bas et, entre, une bande bleu horizontale. De même, la Principauté de Samos, une île grecque indépendante mais sous domination ottomane entre 1832 et 1913, qui se situe au Sud d’Izmir, avait pour drapeau une croix blanche, avec les deux quartiers inférieurs bleus et les deux supérieurs rouges. Avant son rattachement à la Grèce en 1908, la Crète avait un drapeau similaire à celui d’Izmir (croix simple blanche, avec le quartier supérieur gauche en rouge (incluant une étoile blanche à cinq branches), symbolisant la suzeraineté ottomane, et les autres quartiers en bleu). Pour tous ces drapeaux, le bleu rappelait la Grèce (il s’agit de la couleur du drapeau national) et le rouge l’Empire Ottoman (de même pour le rouge du drapeau de la Sublime Porte). Grèce et Empire Ottoman, les deux racines de cette communauté. Pour le club de Panionos, on donna une signification supplémentaire à ces deux couleurs : le bleu est la couleur de la mer et le rouge du sang des réfugiés.

Il existe de nombreuses versions différentes, qui tentent de déchiffrer la signification et l’origine du bleu dans le drapeau grec, communément appelé Γαλανόλευκη (le bleu et blanc). Le bleu pourrait faire référence à la géographie et climat de la Grèce (le ciel et la mer qui entoure la Grèce) ou aux valeurs morales des grecs (la justice, le sérieux et la loyauté) mais se rattacherait également à l’histoire riche du pays. En effet, le blanc et le bleu étaient (i) les couleurs du voile liturgique de la déesse Athéna, (ii) des motifs du bouclier d’Achille, (iii) de certaines bannières des armées d’Alexandre le Grand, (iv) des toges habituellement portés par les grecs dans l’antiquité et (v) des armoiries, drapeaux et emblèmes de certaines dynasties royales et familles nobles byzantines dont la dynastie macédonienne (IXème – XIème siècle) ou la puissante famille crétoise des Callergis (leur emblème étant d’ailleurs très proche du drapeau de la Grèce) qui prétendait descendre de l’empereur byzantin Nikephoros II Phokas. Du côte de l’Empire Ottoman, son drapeau était le même que celui de la Turquie actuelle, dont l’un des noms est Al bayrak (drapeau rouge) ou encore Al sancak (bannière rouge). L’origine de la couleur rouge n’est pas documentée mais il est possible que le rouge de la bannière tétragrammatique des Paléologues soit une des sources. D’autres avancent que le rouge était souvent utilisé dans la croyance chamanique, avant l’islamisation des populations turcophones.