#978 – RCC Schaerbeek : les Ânes

Dans la capitale belge, le football est monopolisé par le grand Sporting (Royal Sporting Club d’Anderlecht) qui truste les trophées. Mais, évidemment, d’autres clubs existent et ont connu quelques heures de gloires. Le Crossing Schaerbeek est peut-être le plus méconnu des clubs bruxellois mais, à la fin des années 1960, après une fusion avec un autre club de la banlieue, le Crossing Molenbeek, accéda à la seconde division belge, en comptant dans ses rangs, la légende tchécoslovaque Josef Masopust. L’accumulation des dettes conduisit malheureusement le club à redescendre rapidement dans les divisions inférieures. En 1983, le club fusionna avec le club d’Elewijt et déménagea dans cette ville. Orphelin de leur club, un nouveau Crossing apparait en 2011 pour ranimer l’histoire. La jeune association grimpa petit à petit les étages pour enfin revenir à l’échelon national en 2021. Avec ce retour, la décision fut prise de revenir au blason historique, pour le grand bonheur des supporteurs. Celui-ci présente un âne avec une cerise entre ses dents.

La présence de cet équidé rappelle que la ville de Schaerbeek est surnommé la cité des ânes. En 1136, la ville de Schaerbeek comptait de nombreux meuniers et maraîchers, en particulier des producteurs de cerises. Le Duc de Brabant autorisa ces derniers à venir vendre leur production à Bruxelles en la transportant à dos d’ânes. Les cerises de Schaerbeek étaient fameuses car leur goût aigrelet contribuait au succès de la kriek lambiek, une bière typiquement bruxelloise. Ainsi, chaque matin, une caravane d’ânes lourdement chargés quittaient Schaerbeek pour rejoindre le centre de Bruxelles, via une voie qui se dénommait l’Ezelweg (le chemin des ânes). Seulement, ce troupeau dont les sabots heurtaient le pavé réveillaient les bruxellois qui s’écriaient, avec un peu de mépris, « Hei! doë zên die êzels van Schoerebeik » (en dialecte flamand de Bruxelles : Tiens, voilà les ânes de Schaerbeek !). Cette tradition déteind sur la devise de la ville « Pertinax sed Fructifer » (Obstiné et Fertile) : Obstiné comme l’âne et Fertile comme la terre sur laquelle poussent les cerisiers.

#960 – K Berchem Sport : de Leeuwen van ‘t stad

Les lions de la ville. Dans la ville d’Anvers, le football se réduit souvent au doyen du Royal Anvers (#139) et au club de Beerschot (#685) mais un troisième, souvent oublié ou négligé, a su aussi marquer l’histoire sportive de la ville. Basé dans le quartier de Berchem, le club connut son heure de gloire après la guerre, en terminant 3 fois de suite vice-champion de Belgique (1949, 1950 et 1951).

Au début du XXème siècle, un groupe d’amis, qui se nomment eux-même Vlaamsche Vrienden (amis flamands) souhaitaient pratiquer des sports tout en ne se fondant pas dans les clubs existants à l’époque qui rassemblaient les communautés francophones ou anglophones de la ville. En outre, ces derniers étant plutôt élitistes, ces amis voulaient une association sportive ayant un caractère populaire. Ainsi, le 13 août 1906, dans le café Limburgia situé à la Beernaertstraat, ils fondèrent un club de lutte et d’athlétisme (la section football apparu en 1908). Cette identité flamande se traduisit dans le choix des couleurs, jaune et noir, celles de la Flandre. En effet, les armes de la Flandre sont ornées d’un lion noir sur fond jaune. Probablement que ce lion, symbole des flamands, donna son surnom au club qui se revendiquait être le club flamand d’Anvers (Anvers est surnommé ‘t stad).

Selon la légende, le lion apparaît sur les armes du Comté de Flandre pour la première fois à compter du XIIème siècle. Lors de la troisième croisade, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, aurait combattu Nobilion, roi d’Abilene et de Syrie et, après l’avoir tué, aurait pris ses armes avec le lion dessus. Toutefois, le lion (ou un « animal courageux ») serait apparu sur le blason de Philippe dès 1162, soit quelques années avant la croisade (1177). Ainsi, l’autre version serait que le comte Philippe adopta le lion rampant (ie debout) des armoiries de Guillaume d’Ypres, dont Philippe voulait s’accaparer le titre et les terres au détriment du fils de Guillaume. Guillaume aurait peut-être hérité de son père, Philippe d’Ypres, ces armes où le lion était toutefois marchant. Une autre hypothèse prétend que Guillaume se serait inspiré du lion marchant de son oncle, Geoffrey Plantagenêt (fondateur de la Maison Plantagenet qui régna sur le Royaume d’Angleterre), qu’il combattit en 1137. Enfin, une autre hypothèse avance qu’il ramena ce lion d’Angleterre où il émigra après avoir été banni de ses terres flamandes. En tout cas, dès sa première représentation en couleur, au XIIIème siècle, le lion flamand était entièrement noir sur fond jaune. Quand le Comté de Flandre devint une possession d’autres maisons (Bourgogne, Habsbourg, Espagne …), le lion flamand s’intégra dans les armes de ces maisons (le lion figura dans les armoiries des rois d’Espagne jusqu’en 1931). En 1816, le lion flamand devint une partie des armoiries des provinces de Flandre orientale et de Flandre occidentale qui couvraient la majeure partie du territoire de l’ancien comté. En outre, au XIXème siècle, le mouvement nationaliste flamand s’appropria des symboles historiques, dont le lion, comme un instrument de ralliement, de construction d’une identité flamande. En 1838, Hendrik Conscience rédigea un roman historique populaire titré « De leeuw van Vlaanderen » (Le lion de Flandre). Dans cet oeuvre, il fit de la Bataille de Courtrai (1302), également connue sous le nom de bataille des éperons d’or, où les troupes flamandes anéantirent les soldats du Roi de France, une incarnation de la résistance flamande contre l’oppression étrangère. Cette Bataille de Courtrai entre les flamands et les français était une allégorie parfaite pour traduire les tensions entre la France et la jeune Belgique (indépendante en 1830) au XIXème siècle. Ce même contexte conduisit en 1847 Hippoliet van Peene à écrivir l’hymne « De Vlaamse Leeuw » (le lion flamand). Comme pour « la Marseillaise », « De Vlaamse Leeuw » est une chanson de combat nationaliste. À la fin du XIXème siècle, les partisans du mouvement flamand hissaient le drapeau au lion noir sur fond jaune chaque 11 juillet, date anniversaire de la bataille de Courtrai.

#940 – RFC Seraing : les Métallos

S’il y a deux pays européens dont le football national a souffert ces 20 dernières années, ce sont la Roumanie et la Belgique. Nombre de clubs, notamment des historiques, s’évanouirent dans leurs gouffres financiers. Mais, leurs prestiges et une vie locale orpheline conduisirent à tenter de les ressusciter au travers de fusion, de rachat de licence et d’acquisition du nom/marque qui donna lieu à de nombreux imbroglios juridiques et à l’existence parallèle de club réclamant le même héritage. La ville de Seraing en est un exemple en Belgique. Le club historique naquit entre 1900 et 1904 et obtint le matricule 17 lorsque la fédération tint son registre officielle. Après une première faillite en 1984, le club fut abandonné par son président en 1996 qui le « céda » à son voisin du Standard de Liège. Un autre club, Royale Union Liégeoise (matricule 23), profita du vide pour s’installer à Seraing et endosser l’héritage du précédent club, avec la bénédiction de la municipalité. Toutefois, en 2014, le club de Seraing se fit une nouvelle fois absorbé par une union de 3 autres clubs de la région, entérinant une nouvelle fois la disparition du football à Seraing. Dans la ville de Boussu, le club local était en difficulté financière et se trouva en 2014 racheté par le propriétaire du FC Metz. Voyant le club de Seraing disparaître, le club de Boussu (matricule 167) s’exila alors à Seraing pour occuper la place vacante et bénéficier de l’aura des précédents clubs. Après quelques changements de nom et quelques débats avec la fédération, il récupéra le nom du RFC Seraing. Mais, même s’il s’appropria de nombreux attributs (nom, couleurs, surnom), les supporteurs historiques ne lui reconnaissent pas l’héritage de l’ancien RFC. Toujours club satellite du FC Metz, le RFC Seraing a retrouvé cette année le chemin de l’élite belge et peut-être retrouvé tous ses supporteurs.

Située sur la Meuse, en amont de Liège, la cité Seraing est synonyme en Belgique de fumée d’usines, de mines et de classes ouvrières. Au début du XIXème siècle, Seraing était une modeste bourgade de moins de deux mille habitants, principalement tournée vers l’Agriculture mais également l’extraction de houille. Or, cette ressource abondante, qui donnait l’énergie ainsi qu’un minerai appelé coke, essentielle dans la métallurgie, la présence de minerai de fer, couplée avec une voie de circulation, la Meuse, et une population connaissant le travail de la mine et de la métallurgie depuis des siècles, transformèrent le paysage et l’économie local. En 1809, la Fabrique de Fer d’Ougrée, une métallurgie, ouvrit et plusieurs mines, allant au delà de l’extraction en surface, débutèrent leur exploitation. Mais, ce fut surtout l’installation, en 1817, de deux frères britanniques, John et Charles-James Cockerill, qui révolutionna Seraing et ses alentours. Ils commencèrent par ouvrir, dans le le château de Seraing, l’ancienne résidence d’été des princes-évêques de Liège, un atelier où ils construisaient des machines à vapeur. Ayant un schéma industriel intégré, ils fabriquaient également leur propre fonte et fer. Puis, un haut-fourneau à coke, le premier du genre en Belgique, fut mis à feu en 1826. Cockerill y ajouta des fonderies, forges, laminoirs et ateliers de construction mécanique ainsi qu’une filature. Dans son sillon, d’autres s’établirent comme le Charbonnage de Marihaye (à Ougrée, Espérance et Six-Bonniers), des entreprises métallurgiques (l’Espérance, la Fonderie Quiriny-Goreux et la Fabrique de Fer d’Ougrée), ainsi que la cristallerie du Val-Saint-Lambert. La région croqua alors à pleine dent dans la Révolution Industrielle, faisant de la Belgique la deuxième puissance économique du monde, derrière le Royaume-Uni au milieu du XIXème siècle. Jusqu’à l’aube de la Première Guerre Mondiale, la région demeura un des cœurs industriels de l’Europe, grand producteur de fer, d’acier et de verre. Les 21 hauts-fourneaux produisaient près de 40 % de la production belge d’acier en 1914. Après avoir été démantelée durant le conflit par l’occupant allemand, l’outil industriel belge fut reconstruit et jusqu’à la crise énergétique des années 1970, développa encore sa production. Malgré un regain dans les années 1980, les mines et les usines métallurgiques licencièrent puis fermèrent face à la concurrence asiatique. Aujourd’hui, la production d’houille, de fer et d’acier est nulle. Néanmoins, pendant plus d’un siècle, la région viva au rythme de cette activité. Au fil des installations et du développement des usines, la ville de Seraing attira une population ouvrière nombreuse. En 1846, Seraing comptait 10 000 habitants, en 1868, le double et en 1883, le triple. En 1825, 800 ouvriers travaillaient pour Cockerill et dès l’année suivante son nombre d’employés doublait. En 1840, il était estimé que sept ou huit mille personnes dépendaient de ces ateliers. Puis, de 1842 à 1913, le nombre d’ouvriers travaillant pour Cockerill était quasiment multiplié par 5, pour atteindre 10 427 ouvriers. De 1850 à 1899, le nombre de mineurs passait de 3 000 à près de 5 000. Puis, l’immigration italienne, portugaise et polonaise fournit les bras manquant au développement de l’industrie. A la veille de la crise énergétique de 1973, le nombre de travailleurs étaient de 20 000. Autant dire que nombre de familles dépendaient des activités minières et métallurgiques. Naturellement, les luttes ouvrières furent aussi fortes dans le bassin. Enfin, au bord de la Meuse, les usines et les maisons des ouvriers s’installèrent côte à côte et encore aujourd’hui, les deux sont inextricables. Seraing était donc connu comme la ville du fer et ses habitants y étaient viscéralement attachés.

#847 – SC Eendracht Alost : de Ajuinen

Les oignons. Dans toute la Flandre, les habitants d’Alost sont connus pour être des oignons. Et si, au départ, le terme était certainement utilisé de manière ironique, le sobriquet semble être devenu un titre honorifique pour les habitants. Il se rapporte à l’une des activités économiques importantes de la ville et ses alentours au XIXème siècle. Bordée de polder, la rivière Dendre offrait des rives fertiles pour la culture de l’oignon. Résultat, la majorité des paysans d’Alost cultivait des oignons. Outre le grand marché du houblon, un célèbre marché aux oignons se tenait également à Alost. Ce sobriquet moqueur a connu des dérivés au fil du temps tels que ajuinpelders (éplucheurs d’oignons), ajuinboeren (producteurs d’oignons), ajuinfretters (moulins à oignons). Les premières traces de ce surnom apparaissent dans une chanson folklorique de Flandre orientale de Termonde, datant de 1843. Normal car les deux villes entretenaient une saine rivalité. Pour les termondois, les oignons permettaient de désigner les alostois comme des idiots, des cancres. Mais ces derniers, fiers de cette culture, ne furent pas gêner par ces moqueries. D’ailleurs, en 1890, lors d’une procession, les habitants d’Alost représentèrent leur cité sous la forme d’un oignon.

Naturellement, la plante potagère est ancrée dans la culture et le folklore locale. Dans la région, l’expression « Hij heeft nen ajuin gehad » (il a eu un oignon) signifiait qu’une femme abandonnait son mari. La porte du pauvre malheureux pouvait même se voir décorer d’une rangée d’oignons. Si, aujourd’hui la culture a décliné, l’oignon demeure toujours un symbole vivant. Dans la gastronomie belge, la soupe à l’oignon d’Alost y tient sa place. Evénement majeur de la ville, vieux de 600 ans, le carnaval d’Alost est mondialement connu et rassemble chaque année, pendant 3 jours, près de 100 000 personnes. Placé sous le signe de l’exubérance et de la parodie, le carnaval est rythmé de différentes festivités : un défilé de chars et de géants, une danse des balais pour chasser les fantômes de l’hiver, une parade burlesque de jeunes gens travestis en femmes (Voil Jeanetten) ainsi qu’en rituel final, la mise au bucher de l’effigie du carnaval. Parmi ces spectacles, la lancée d’oignons (Ajuinworp) demeure une institution. Depuis le balcon de la mairie, sur la Grote Markt (la place centrale de la ville et lieu principal des festivités), des oignons sont jetés au public, qui espère pouvoir attraper l’un des oignons dorés (gouden ajuin).

Toutefois, les jeunes générations connaissent moins bien les origines de l’oignon comme symbole et activité florissante de la ville. Une toute autre version a ainsi émergé. Selon cette dernière interprétation, le surnom d’oignons s’expliquerait plutôt par une particularité du dialecte de la région. Pour répondre positivement, les habitants d’Alost disait régulièrement « ha, ja hij » (ah ben oui), ce qui ressemblait à la prononciation du mot oignon dans le dialecte local ([a’join]).

#800 – Rupel Boom FC : de Steenbakkers

Les briquetiers. Situé au sud d’Anvers, bercée par la rivière Rupel, la cité de Boom comptait deux clubs à l’orée des années 2000. D’un côté, Boom FC, fondé en 1913, avait fait les « riches » heures footballistiques de la ville. Mais, au début des années 1990, le club passa brièvement de l’élite aux divisions provinciales en raison de difficultés financières récurrentes. De l’autre, Rupel SK, créé en 1934, connut ses heures de « gloire » dans les années 1950 en accédant trop peu de temps à la seconde division belge. Au début des années 1990, le club était retombé dans l’anonymat dans les plus basses divisions du pays. Pour donner un nouvel élan à leurs clubs, les deux directions décidèrent de fusionner. Résultat, le nouveau club hérita des surnoms de ces deux prédécesseurs : de Steenbakkers (les briquetiers) pour Boom et de Pitbulls (les pitbulls) pour Rupel.

Ce surnom de briquetiers avait pour objectif de rappeler l’héritage ouvrier de la ville et en particulier sa longue histoire avec la fabrication de briques. Si, de nos jours, cette industrie demeure réduite dans la région, elle fut un des grands pans économiques de la cité qui était reconnu dans tout le pays. Il faut dire que l’art architectural belge a toujours mis avant la brique (rouge en particulier), au point qu’un adage dit « Le Belge a une brique dans le ventre ». Fabriquée à base d’argile, les grands centres de fabrication belges se concentrèrent près des sites d’extraction d’argile. Ce fut notamment le cas pour la région de Boom. L’industrie de la brique a démarré précocement le long de la rivière Rupel car les premières mentions datent du XIIIème siècle. Le développement constant de la proche ville d’Anvers favorisa la croissance de l’industrie de la brique à Boom, porté par le creusement du canal Rupel-Bruxelles qui facilita le transport de la production vers Anvers comme vers Bruxelles à partir de 1561. Au XVIème siècle, Boom était devenu le centre de l’industrie de la pierre. Durant la révolution industrielle, l’activité se consolida mais dans les années 1980, la production s’éteignit presque. Désormais, il demeure deux sites des fabricants Swenden et Wienerberger, tandis que le patrimoine est entretenu. Ainsi, la briqueterie de la famille Frateur (Steenbakkerijmuseum ‘t Geleeg), arrêtée en 1986, a vu ses bâtiments de 1721 restaurés pour devenir un musée.

#786 – RFC Liège : le Great Old Wallon

Le grand ancien wallon. Le RFC Liège retrouve enfin cette année la seconde division belge, quittant les bas fonds du football amateur belge qu’il cotoyait depuis près de 20 ans. Le géant endormi à l’air de se réveiller et pourrait peut-être à terme aller titiller l’ogre du Standard. Mais, à une autre époque, non seulement le RFC Liège inspira le Standard (cf. #31) mais surtout il trustait les premières places au sein de l’élite belge et même en Coupe d’Europe. Le football commençant à se diffuser dans les grandes villes du pays (principalement Bruxelles, Bruges, Gand et Anvers), Liège n’échappa pas au mouvement grâce à sa communauté britannique et rapidement une association fut formée. En 1892, les membres du Liège Cyclist’s Union fondèrent ainsi le FC Liège afin de s’occuper pendant les périodes hivernales (ils étaient si inspirés qu’ils créèrent également la course cycliste, Liège-Bastogne-Liège, Doyenne des Classiques). Trois ans plus tard, le club participa à la création de la Fédération belge de football (UBSSA, future URBSFA) et le matricule n°4 lui fut attribué. Le RFC Liège apparaît alors comme le plus ancien club de Wallonie.

Par ailleurs, alors que le Standard était balbutiant jusqu’à son premier titre en 1958, le RFC Liège se forgea rapidement un très beau palmarès. Le club remporta le premier championnat de Belgique en 1896. S’en suivit 2 autres titres en 1898 et 1899. Les équipes bruxelloises prirent alors la domination du championnat avant que les clubs flamands de Bruges et d’Anvers ne vinrent à leur tour inscrire leur nom au palmarès. Il fallut attendre 1952 pour voir de nouveau un club wallon remporter le championnat. Bien entendu il s’agissait du RFC Liège qui doubla la mise l’année suivante (1953). Jusqu’en 1958 et le succès du Standard, le FC Liége était le seul club wallon champion de Belgique. Il s’adjugea également une Coupe de Belgique en 1990 et une Coupe de la Ligue en 1986. Il atteignit aussi les demi-finales de la Coupe des Villes de Foire (ancêtre de l’Europa League) en 1964. Au nombre de titres cumulés, il est le 8ème club du plat pays encore en activité et à la 5ème place des collectionneurs de championnat de Belgique. Les supporteurs du club aiment à rappeler que si le RFC Liège gagnait un nouveau championnat, il serait le seul club à l’avoir remporté sur 3 siècles différents. Enfin, il est le seul club belge à évoluer en séries nationales sans interruption depuis 1895.

Premier club de wallonie, possédant un palmarès faisant envier plus d’un club belge et ayant longtemps était le seul à porter haut les couleurs de la Wallonie, le RFC Liège mérite son surnom de Great Old Wallon.

#767 – Club Bruges KV : Blauw en Zwart

Les bleu et noir, couleurs traditionnelles de l’équipe brugeoise depuis le début du XXème siècle. Les débuts du club sont toujours sujets à discussion mais il est certain que la nouvelle association résultat de la fusion de deux formations, le Brugsche Football Club et le FC Brugeois. Bruges était connu pour abriter une forte colonie anglaise qui importa naturellement le football dans la venise du nord. En 1891, le Brugsche Football Club fut fondé, avec une ambition identitaire pro-flamande : volonté de jouer que des matchs régionaux face à des équipes flamandes, un nom flamand et un maillot aux couleurs flamandes (noir et jaune). Mais, dès les premiers mois, des dissensions se firent sentir parmi les membres et les francophones partirent fonder un nouveau club, le FC Brugeois. Nom français, membre fondateur de la fédération belge (UBSSA) et participation au premier championnat belge, le FC Brugeois avait une tout autre ambition. L’équipe portait une tenue bleue claire traversée par une bande diagonale bleue foncée de la hanche gauche à l’épaule droite. Les difficultés rencontrées par les deux équipes les conduirent finalement en 1897 à se réunir. Le nom de FC Brugeois fut conservé. Quant aux couleurs, un mix fut choisi en reprenant le noir du Brugsche et le bleu du Brugeois.

#709 – SV Zulte Waregem : Essevee

En juillet 2001, deux clubs de la région de Zulte, KSV Waregem et Zultse VV, unirent leurs forces pour donner naissance au SV Zulte Waregem. Ces deux clubs étaient également la résultante de diverses fusions. Le Zultse VV réunissait en 1976 les clubs de Zulte Sportief (fondé en 1950) et SK Zulte (fondé en 1947) mais ne dépassa jamais la 3ème division belge. Le KSV Waregem avait déjà une histoire plus longue et plus riche. En 1946, SV Waregem fut créé par l’association de Waregem Sportief (fondé en 1925) et du Red Star Waregem (fondé en 1928). Puis, le 13 avril 1951, le club reçut le « titre » royal et le nom devient Koninklijke Sportvereniging Waregem, en abrégé KSV Waregem. Pendant 30 ans (de 1966 à 1996), le KSV Waregem joua en première division et, même si son meilleur classement ne fut qu’une 4ème place, participa à plusieurs coupes d’Europe. Mais, à partir de 1996, le KSV connut de mauvais résultats sportifs et des difficultés financières qui l’amenèrent en 4ème division. En 2001, le KSV fit faillite et pour le ressusciter, la fusion avec Zultse VV fut réalisé. Etant donné la réputation du KSV, cette fusion fut plutôt une absorption. La nouvelle équipe reprit les couleurs du KSV (le club portait les couleurs rouge et blanche mais, les dernières années, le vert et jaune fut également arboré en raison du sponsor Molecule, un grand magasin. Zultse jouait également en vert et jaune). Elle déménagea vers le stade du KSV, le Stade Arc-en-ciel. Enfin, le club conserva une partie du nom du KSV, en retirant le Koninklijke (Royal). Or, le SV se prononce essevee en flamand. Cette prononciation s’imposa comme surnom du KSV Waregem et se transmit naturellement vers le nouveau club. Aujourd’hui, le site du club est à l’adresse http://www.essevee.be et le surnom est très régulièrement utilisé par le club, les supporteurs et la presse.

#685 – K Beerschot VA : Purple White Army

L’armée violette et blanche. Ce club anversois, grand rival du Royal Antwerp, a connu plus d’une vie. Fondé en 1899, il disparaît une première fois en 1999, après 99 ans et 9 mois d’existence, en raison d’une gestion financière et sportive désastreuse (malgré 7 Championnats et 2 Coupes nationales). Suite à cette disparition, un autre club anversois, le FC Germinal Ekeren, déménagea du Nord d’Anvers vers le Sud, dans le fief du Beerschot, le stade olympique dit du « Kiel ». Sans reprendre officiellement la suite du Beerschot, le Germinal intégra dans son nom Beerschot et son conseil d’administration accepta également des anciens du Beerschot. Mais, au fil des années, le Germinal « historique » s’effaça petit à petit derrière l’aura et l’influence de l’ancien Beerschot. Malgré cette annexion, ce club aussi déposa le bilan en 2013. Toutefois, les supporteurs parvinrent à sauver le nom grâce au club du KFC Wilrijk qui reprit en 2013 le nom Beerschot et en 2018 fut autorisé par la fédération à s’approprier le matricule de l’illustre club (et donc aussi son palmarès). Le nouveau club réussit à grimper les différents échelons et enfin, depuis la saison 2020-2021, Anvers a retrouvé son bouillonnant derby Royal vs Beerschot au sein de l’élite belge. Une constante dans cette histoire : tous les clubs repreneurs officiels (Wilrijk) ou non (Germinal) de la renommée du Beerschot s’approprièrent ses couleurs distinctives, le violet et blanc. Comme indiqué dans l’article #578, le violet n’est pas une couleur commune dans le football, notamment car la teinture fut longtemps difficile à produire. Néanmoins, en Belgique, elle connut un certain succès en étant porté par deux illustres clubs : Anderlecht et Beerschot. Le choix d’Anderlecht pour cette couleur s’explique plutôt pour des raisons joyeuses (le défilé du Longchamp fleuri, cf article #236). A l’inverse, le club de Beerschot se porta sur cette couleur à sa fondation en raison d’un deuil. En novembre 1899, le Beerschot Athletic Club fut fondé par Alfred Grisar qui venait d’aménager un terrain du quartier de Kiel, qui appartenait à son père Ernest, en un complexe sportif multifonctionnel (construction de terrains de hockey, cricket, rugby, polo et tennis en plus de l’hippodrome et des écuries existants). Malheureusement, son père décéda le 20 novembre. La famille Grisart porta au début comme signe de deuil des vêtements noirs. Puis, comme cela se pratiquait au XIXème siècle, elle troqua ses vêtements noirs pour des violets, symboles également de deuil mais atténué, soit par la distance de la parenté, soit par le temps. Par respect pour la famille de son fondateur, les équipes du club optèrent elles-aussi pour le violet pour porter le deuil (étant donné le non-lien de parenté avec le défunt).

#649 – KV Ostende : de Kustboys

Les garçons de la côte. Surnom assez naturel pour le club de la ville d’Ostende, qui se situe sur la côte belge de la Mer du Nord. Les premières mentions de la ville remontent au IXème siècle. Elle se situait à l’extrémité Est de l’ile de Terstreep (Oost signifie Est en néerlandais et ende dérive de einde qui signifie extrémité, fin). Tout au long de son histoire, la mer fut la principale ressource de la ville. Au XVème siècle, la ville se dota d’un port et, comme pour beaucoup de cité de la Mer du Nord, la pêche au hareng fut la base de son économie. Au XVIIème siècle, la ville constitua une base arrière des corsaires. Un siècle plus tard, la Compagnie d’Ostende se trouva à la source de l’expansion économique de la ville en ayant le monopole du commerce dans les Indes orientales et occidentales (importation d’épices). Le port se développa avec l’implantation d’un phare et un bassin commercial et devint un porc franc en 1781. Ce fut à cette époque que démarra une nouvelle activité qui deviendra le nouveau poumon de l’économie d’Ostende : un aubergiste anglais implanta une première bâtisse au bord de plage afin de servir des rafraichissements aux baigneurs. Moins d’un demi-siècle après, Ostende devint la station balnéaire belge réputée dans toute l’Europe où la famille royale belge séjournait, entourée par l’aristocratie et haute-bourgeoisie européenne. La ville est aujourd’hui surnommée la « Reine des stations balnéaires ». En parallèle de l’activité balnéaire, l’ostréiculture prospéra au point que les huitres d’Ostende devint une référence internationale avant la Première Guerre Mondiale. De simple port de pêche, le port d’Ostende ajouta des activités de plaisance ainsi que des liaisons maritimes de passagers avec l’Angleterre (les anglais ayant constitué la grande masse des touristes). La mer fut aussi la principale menace de la ville. Dès la fin du XIVème siècle, il fallut déplacer la cité et l’abritait derrière une digue. Au XVIème siècle, les habitants rasèrent des dunes pour protéger la ville durant la Guerre de Quatre-Vingt ans. La mer s’engouffra immédiatement dans cette brèche et creusa un chenal à l’origine de l’entrée actuelle du port.