#1348 – FC Schaffhouse : die Munotstädter

La ville du Munot. L’article précédent présentait le club danois de Hillerød Fodbold et expliquait que la présence d’un chateau royal important dans la ville avait conduit à son surnom. Nous retrouvons la même logique pour le club suisse du FC Schaffhouse, où la forteresse du Munot constitue incontestablement l’emblème de la cité.

Commune de 36 habitants, chef-lieu du canton éponyme, Schaffhouse garde la frontière Nord de la Suisse. Et justement, après son adhésion à la Confédération helvétique en 1501, et la révolution religieuse que la Réforme représenta en 1529, le besoin de renforcer les fortifications de la ville se fit de plus en plus pressant. Le conseil de la cité décida, le 6 novembre 1563, de construire la nouvelle forteresse d’artillerie. Sa construction, située sur les hauteur de la ville, nécessita de nombreux ouvriers (notamment les habitants de la cité lors des corvées) et dura de 1564 à 1589. La forteresse est constituée d’un bâtiment cylindrique de 50 mètres de diamètre et de 25 mètres de hauteur. Ses murs de 4 mètres de profondeur abrite notamment une imposante casemate. Enfin, une tour de 15 mètres de haut, couronnée d’un toit pointu, coiffe l’ensemble. Imposant bâtiment, l’achitecture employée reposait malheureusement sur des techniques obsoletes, notamment face au dernier progrès de l’artillerie (boulet en fonte). Résultat, dès son achèvement, son emploi militaire apparaissait limité et finalement, son édification semblait plus revêtir un rôle symbolique. De manière ironique ou prémonitoire, à son emplacement, dès le Moyen-Âge, se dressait des fortifications qui se dénommaient Annot en 1376 et Unot 1460, qui en moyen-haut-allemand signifiait « sans nécessité ».

Etant donné sa faible utilité militaire, le Munot fut petit à petit abandonné, servant de lieu de stockage et de carrière au début du XIXème siècle. En 1839, Johann Jacob Beck, professeur de dessin à l’école cantonale, fonda une association qui entreprît jusqu’en 1902, sa restauration et depuis, gère le site et les festivités associées. A compter de 1905, une colonie d’une douzaine de daims vit dans les douves. De la fin juin à la fin août, des traditionnels bals se tiennent sur la Zinnenplattform (le toit de la forteresse) et une fête des enfants, avec des feux d’artifice, s’y déroule également depuis 1940. Les « Opernspiele Munot », un festival d’opéra, jouissent d’une grande popularité depuis 2016. Les terrains avoisinants abritent à compter de 1913 le vignoble du Munot (49 ares de Pinot Noir et 27 ares de Tokay ou Pinot Gris) qui produit annuellement autour de 6 000 litres de Munötler. Enfin, le gardien du Munot réside dans la tour et sonne la légendaire cloche du Munot (Munotglöggli – fondue en 1589 et immortalisée dans une chanson populaire) tous les soirs à 21 heures.

#1243 – Etoile Carouge : les Stelliens

Le terme stellien dérive du mot latin Stella qui désigne une étoile. Tout paraît logique pour un club qui se dénomme Etoile. Le football prend ses racines dans la commune de Carouge à la fin du XIXème siècle. En 1889, des étudiants fondèrent le FBS Studium, avec en tête la célèbre citation latine Mens sana in corpore sano (un esprit sain dans un corps sain). En effet, cette nouvelle association était une société littéraire avec une section sportive pratiquant le football. En 1900, le mélange des genres prit fin, la société abandonnant sa vocation culturelle pour se concentrer sur le football. Au passage, elle changea de nom pour devenir le FC Victoria. En 1905, le FC Victoria devint le FC Carouge. En parallèle de ce club, un autre vit le jour au début du XXème siècle sous le nom de FC Etoile Sportive du Léman, par la volonté de quelques écoliers âgés de 10 à 14 ans. En 1922, pour gagner en « puissance », l’Etoile Sportive et le FC Carouge opéraient leur fusion pour devenir l’Etoile Carouge.

Signe distinctif, évocateur d’une aura, de la noblesse ou la splendeur, l’étoile demeura le symbole du nouveau club et s’inscrit aujourd’hui encore dans son nom et, en couleur or, sur l’écusson du club. D’autres associations suisses avaient déjà opté pour ce symbole comme l’Etoile Sporting La Chaux-de-Fonds (fondé en 1898) ou l’Etoile Sportive FC Gland et aurait donc pu inspirer les fondateurs de Carouge. Une autre hypothèse pourrait également être avancée. Le 17 avril 1867, trois élèves (Charles Dupan, Charles Girard et Alfred Prévost) du gymnase de Genève décidèrent de fonder une société dont le nom était Stella. Cette association étudiante visait à créer entre ses membres des liens de camaraderie et d’amitié.

Alors pourquoi cette hypothèse paraît plausible alors qu’aucun document ne vient l’attester (en tout cas, je n’en ai pas trouvé) ? En premier lieu, l’association étudiante naquit au milieu du XIXème siècle et au début du XXème siècle, lorsque le club sportif émergeait, elle était bien établie, au point qu’une structure nationale dénommée Stella Helvetica regroupait depuis 1870 les 5 sections cantonales de Vaud, Genève, Neuchâtel, Berne et Zürich. En second lieu, Carouge est la banlieue de Genève où l’aura de l’association Stella pouvait déteindre. En troisième lieu, les fondateurs de l’Etoile Sportive était des écoliers qui pouvaient être influencés par le courant des mouvements étudiants. En quatrième lieu, en Suisse francophone et romande, le mot stellien désigne avant-tout les membres comme tout ce qui se rapporte à l’association étudiante Stella. Enfin, le symbole du club sportif est une étoile dorée tout comme celle qui orne la faluche des membres du Stella estudiantin.

#1152 – FC Saint-Gall : die Espen

Le club de Saint-Gall est considéré comme le doyen suisse, ayant été fondé officiellement le 19 avril 1879. Des recherches récentes démontrent que le Saint-Gall était déjà organisé et des matchs étaient joués dès 1876 dans la commune voisine de Rorschach. Au début du XXème siècle, l’équipe évoluait sur le terrain de jeu situé à Kreuzbleiche. Mais, ce dernier se révélait souvent indisponible et ne permettait pas de faire payer une entrée régulièrement. La nécessité de trouver un nouveau lieu se faisait pressant pour accompagner le développement du club. La municipalité porta un premier projet mais les électeurs rejetèrent la proposition. Résultat, fort de ses 338 membres, le FC Saint-Gall décida de racheter un terrain à la ville et d’y construire son propre aire de jeu. Ainsi, en 1910, le stade qui comprenait des tribunes en bois de 600 places, s’éleva dans le quartier de Heiligkreuz, à l’est de la ville. Le budget initial de 12 000 francs suisses fut dépassé de près de 3 000 francs suisses. La somme avait été réunie grâce à des dons (8 360 francs suisses) et via les recettes dont un match contre l’Internazionale de Milan qui avait permis un encaissement record de 1 050 francs suisses.

Le stade fut inauguré le 16 octobre 1910 par une victoire du FC Saint-Gall face à son rival locale, le SC Brühl. Il fut dénommé Espenmoos, du nom du lieu. Ce mot provient du Moyen haut allemand Ezzisch, signifiant « champ de semences » et qui désignait un champ cultivé qu’une année sur deux. Ainsi, le nom du stade détint sur le surnom de l’équipe. Et même, si cette enceinte fut abandonnée, lors de la saison 2007-2008 au profit du stade moderne du Kybunpark, le surnom est resté du fait du long attachement du club avec son stade.

Une autre version avance que Espen est le terme allemand pour désigner le Tremble ou Peuplier tremble. Son feuillage vert dense associé à son tronc blanc homogène aurait fait penser aux couleurs historiques du club, vert et blanc.

#1114 – Stade Lausanne Ouchy : les Lions

Créé en 2000 suite à la fusion entre le FC Ouchy et le FC Stade Lausanne, le club découvre l’élite suisse cette saison alors qu’il y a moins de 10 ans, il végétait encore en ligue interrégionale (D5). En réalité, il s’agissait d’une absorption de Ouchy par le Stade. Ce dernier fut fondé en 1901 (Ouchy étant un peu plus ancien avec une fondation en 1895) et adopta comme blason et couleurs, ceux de la ville de Lausanne. Et aujourd’hui encore, les deux demeurent. Vous avez certainement noté la présence de deux lions qui entourent l’écusson. Ces derniers donnèrent naissance au surnom.

Les origines des armoiries de la ville de Lausanne doivent se chercher dans les bannières des 5 quartiers (Le Pont, La Palud, La Cité, Bourg, St Laurent) de la ville moyenâgeuse. Ces bannières, qui remontaient au XIVème siècle, avaient le point commun d’être divisé en deux parties, dont une était rouge (gueule en langage héraldique) et l’autre blanche (argent). Lors de la fusion des 4 quartiers avec celui de La Cité en 1481, cette similitude fut le dénominateur commun qui s’imposa sur les armes de la nouvelle cité de Lausanne et copiait les armoiries de l’évêque et du chapitre de Lausanne, qui de 1032 à 1536 dominaient un petit État ecclésiastique autours de Lausanne. Ce partage rouge et blanc des armoiries de l’évêque se fixèrent également au XIVème siècle. Sur des façades de l’Hotel de Ville apparaissent les armoiries de l’évêque avec des anges les portant (elles datent de 1455-1460). Au XVème siècle, l’ange episcopale fut remplacé par un aigle sur les armes de la ville. En effet, en 1483 le Duc de Savoie accorda à Lausanne de coiffer ses armoiries d’un aigle, en raison du statut impériale de la cité. Cette sentence fut confirmée par Charles III de Savoie en 1517. L’aigle laissa sa place à deux lions (en support, ie entourant les armes) au milieu du XVIème siècle, avec l’idée d’exprimer la puissance de la cité. Ces animaux tiennent souvent l’un le sceptre et l’autre l’épée.

L’écusson du Stade peut d’ailleurs vous rappeler celui d’un autre club suisse, le FC Zurich. Etonnement, s’il n’y a aucun lien entre les deux, il n’en demeure pas moins que leur histoire est semblable (cf. #553).

#1018 – AC Bellinzone : il Biscione

La fameuse créature mythique que vous connaissez depuis l’article #13 se posa également du côté de la ville suisse de Bellinzone. L’écusson du club comporte une vouivre qui provient directement des armes de la cité. Ces dernières présentent un biscione blanc sur un fond rouge et rappellent le lien étroit entre la ville et la famille Visconti. Au XIème siècle, la cité se trouvait dans le giron du Saint Empire qui l’avait concédé à l’évêque de Côme, qui était son fidèle allié. En 1176, l’Empereur Frédéric Barberousse avait des vues sur les Cités indépendantes italiennes et traversa les Alpes avec ses troupes. Après s’être arrêté à Bellinzone, l’Empereur affronta les soldats de la Ligue Lombarde (une union de différentes cités sous l’égide du pape Alexandre III) près de Legnano le 29 mai 1176. Défait par la ligue, l’Empereur dut abandonné ses ambitions d’hégémonie sur l’Italie mais également ses possessions sur Bellinzone. Déchirée entre Côme et Milan, la cité du Tessin passa sous la domination de la famille Visconti, maison ducale de Milan en 1340, après un siège de deux mois où l’armée milanaise contraignit l’irréductible famille de Rusca de Côme à la reddition.

Dans le « Purgatoire » de la « Divine Comédie », Dante Alighieri présentait la Vouivre comme l’étendard de la famille milanaise Visconti. Plusieurs origines sont évoquées. Une légende veut qu’Ottone Visconti, alors commandant dans la croisade de 1187, adopta ce symbole après l’avoir vu sur l’étendard d’un Sarrasin qu’il avait vaincu. Dans la même veine, Boniface, alors seigneur de Pavie et mari de la fille du Duc de Milan partit en guerre contre les Sarrasins. Son fils se vit avalé par un énorme biscione. A son retour, Boniface retrouva la créature, la tua et lui fit recracher son fils miraculeusement encore vivant. Une autre légende veut qu’un membre de la famille Visconti tua un serpent qui terrorisait les habitants. Au final lorsque la famille prît le pouvoir de la ville en 1277, la Vouivre devint aussi l’emblème de Milan. Aujourd’hui, l’animal mythique s’affiche un peu partout dans la ville (sur les murs du Duomo, à la gare Centrale, à l’église Sant’Ambrogio ou encore celle de Sant’Eustorgio). Certaines entreprises milanaises comme l’automobile Alfa Romeo, ou la holding de la famille Berlusconi, Fininvest, l’adoptèrent également dans leurs logos.

#923 – FC Lausanne-Sport : les Seigneurs de la Nuit

Ce surnom rappelle pour tous les supporteurs lausannois les grandes heures du club dans les années 1960. A l’orée de la saison 1960, le club vaudois comptait parmi les cadors du championnat et avait déjà connu une première période dorée, 30 ans auparavant. En effet, dans les années 1930, Lausanne-Sport remportait 3 championnats (1932, 1935, 1936) et deux coupes de Suisse (1935, 1939, plus une finale en 1937).

A la fin des années 1950, l’équipe possédait déjà quelques joueurs renommés tels que le latéral droit André Grobéty et l’attaquant Robert Hosp. D’ailleurs, en 1958, après être sorti premier de son groupe de la Coupe des Villes de Foire (l’ancêtre de la Ligue Europa) face à deux équipes allemandes, elle atteignit la demi-finale, perdue contre une sélectionne londonienne (le règlement de la compétition imposait la participation d’une seule équipe par ville et pour celle qui possédaient plusieurs équipes, des sélections furent constituées).

Puis, les défenseurs Ely Tacchella et Heinz Schneiter, le milieu international Norbert Eschmann ainsi que Kurt Armbruster et l’attaquant Richard Dürr renforcèrent l’équipe. Au bord de la relégation lors de la saison 1959-1960 (12ème place), puis seulement 9ème en 1961, Lausanne se métamorphosa pour terminer vice-champion lors des 2 années suivantes (1961-1962 et 1962-1963). En 1962, Lausanne gagna en outre une Coupe de Suisse face à Bellinzone. Lors de la saison 1963-1964, l’entraineur autrichien Karl Rappan reprit la direction de l’équipe, qui fut également consolidée par l’arrivée de l’attaquant international néerlandais Pierre Kerkhoffs. Si l’équipe termina à la 5ème place en championnat lors de cette saison, elle remporta une nouvelle Coupe de Suisse, empêchant alors La Chaux-de-Fonds de réaliser le doublé. La saison suivante, Lausanne toucha enfin le Graal. En tête de la première à la dernière journée, les vaudois remportèrent le 7ème titre de champion de Suisse de leur histoire (et également le dernier). Le club termina meilleure attaque (61 buts), avec Kerkhoffs finissant meilleur buteur (19 buts). Cette même année, en Coupe des Coupes, l’équipe fut stoppée en quart de finale par les anglais de West Ham United, emmenés par son légendaire capitaine Bobby Moore (champion du monde en 1966), après avoir éliminé le Budapest Honvéd, puis le Slavia Sofia. D’ailleurs, pendant ces années, le club se qualifia régulièrement en Coupe d’Europe. Or, cette équipe conquérante connut une révolution. A cette époque, le stade de Lausanne se vit doter d’un éclairage qui permit de jouer le soir. L’équipe fit ainsi vivre de grandes soirées au peuple vaudois. Dans le cadre de ces premières joutes nocturnes et victorieuses, l’équipe, avec ses maillots blancs immaculés par la lumière artificielle, gagna son surnom des seigneurs de la nuit. Peu utilisé aujourd’hui, le surnom sert à nommer actuellement l’espace VIP dans le stade.

#854 – Stade Nyonnais : les Jaune et Noir

Il s’agit effectivement des couleurs du club qui habillent aussi bien son blason que les maillots des joueurs. Pour les amateurs de football, la commune suisse est bien connue pour abriter le siège de l’UEFA et de l’ECA (l’Association européenne des clubs). Agréablement installé entre Genève et Lausanne, au bord du lac Léman, la ville offre un cadre idéal pour les têtes pensantes du football européen. Sa fiscalité douce pour les entreprises comme pour les particuliers aide sans aucun doute l’organisme sportif européen à bien réfléchir sur la gestion de sa manne financière. Mais, au-delà de ces considérations, Nyon compte également 3 clubs de football connus dont le Stade Nyonnais. Certes, ce dernier a rarement fréquenté l’élite mais, depuis sa fondation le 29 octobre 1905 (ce qui en fait un des anciens clubs de la confédération helvétique), il est un pensionnaire régulier entre la seconde et la troisième division nationale. Il bénéfice des installations sportives mises à disposition par l’UEFA, le Centre sportif de Colovray, composé de plusieurs terrains de football (notamment synthétique).

Les couleurs du Stade Nyonnais sont le jaune et le noir depuis sa fondation en 1905. Une légende prétend que le natif de Berne, Jean Wirz, participa à la création du club et, en tant qu’ancien joueur des Youg Boys de Berne, il aurait donné les couleurs de ce dernier club au Stade Nyonnais. Toutefois, les dernières recherches démontre que cette affirmation serait fausse. Wirz, qui fut impliqué dans les cercles sportifs de la ville durant près d’un demi-siècle, ne s’installa dans la commune vaudoise qu’en avril 1920. En outre, il forma certes la section jeunesse du club mais en 1926 seulement. Il prit la vice-présidence en 1930 avant de devenir le président du club de 1935 à 1937. Comme dans toute légende, il existe une part de vérité. Et si Jean Wirz n’est pas à l’origine du choix des couleurs, il n’en demeure pas moins que le jaune et noir s’inspire bien des couleurs des Youg Boys de Berne. En 1905, les adolescents dénommés Oscar et Emile Aeby, Edmond Delay et Pierre Robin fondèrent le Stade Nyonnais. Pour le choix des couleurs, ils décidèrent de rendre hommage au club de football qui avait dominé le championnat suisse de 1903, les Young Boys de Berne, même si le groupe d’adolescent n’était pas originaire de la capitale fédérale. L’autre avantage de ces couleurs étaient de se distinguer des autres clubs de la cité, dont le FC Nyon, qui était la doyenne des associations sportives.

#815 – FC Bâle : Bebbi

C’est un terme du dialecte bâlois qui est devenu le gentilé des habitants du chef-lieu du canton de Bâle-Ville. Il est également largement utilisé pour qualifier l’équipe de football. Au XVIIIème et XIXème siècle, parmi les classes plutôt huppées de la ville, le prénom Johann Jakob (Jean Jacques en français) était courant. On peut citer quelques uns des plus connus tels que Johann Jacob Heber (géographe), Johann Jakob Bachofen (juriste et sociologue), Johann Jacob Fechter (ingénieur et maître d’oeuvre), Johann Jacob Spreng (théologue), Johann Jakob Bernoulli (archéologue), Johann Jakob Hofmann (théologue), Johann Jacob Steinmann (paysagiste), Johann Jakob Schneider (théologue), Johann Jacob Weber (éditeur), Johann Jacob Bischoff (médecin) et Johann Jakob Balmer (mathématicien et physicien). Or, le diminutif local de Johann Jakob est Beppi ou Bebbi. Outre le gentilé, le surnom est désormais souvent utilisé comme le Bebbisagg, le sac poubelle officiel de la cité, ou le festival de jazz du mois d’août Em Bebbi sy Jazz.

#725 – FC Lugano : V bianche

Le V blanc. Le club du Tessin, région italophone de la Suisse, fut fondé le 28 juillet 1908, avec comme président, Er­ne­sto Cor­si­ni. Comme beaucoup de clubs à cette époque, les premières années d’existence virent quelques changement dans les équipements. Initialement intégralement blanc, le maillot afficha par la suite un col et le bout des manches bleus. Puis, des rayures jaunes et noires firent leur apparition. Enfin, le 14 novembre 1916, il fut décidé que les couleurs sociales seraient le noir et le blanc, couleurs qui accompagnèrent le club tout au long de son histoire. Le maillot fut alors intégralement noir avec le col et le logo blanc jusqu’en dans les années 1930. A cette époque, le club céda à la mode du scapulaire. Ainsi, toujours noir, le maillot fut alors baré d’un scapulaire blanc (le scapulaire représentant un V) dans sa partie supérieure. Difficile de savoir d’où provient cette mode qui inspirèrent plusieurs clubs à l’époque. Très présent au sein des clubs de Rugby à XIII, on sait que Manchester porta un maillot avec un scapulaire en 1909 puis de 1922 à 1927, ce qui inspira les écossais d’Airdrieonians (cf #657). Bordeaux adopta son célèbre scapulaire en 1938 (cf #44). Le SC Fives (ancêtre du LOSC) arborait aussi cet élèment tout comme les italiens de Brescia qui le portaient dès les années 1920 (cf #325). En Argentine, le scapulaire fit également son apparition sur le maillot de Vélez Sarsfield en 1933. Alors que cet élèment va disparaître à partir des années 1960 dans la plupart des clubs, Lugano fut un des seuls (avec Bordeaux ou Vélez Sarsfield) à le conserver et à en faire un marqueur d’identité. Il faut noter que lorsqu’il apparut sur le maillot du club suisse dans les années 1930, celui-ci commenca alors à connaître ses premiers succès (dont la Coupe de Suisse en 1931 et le Championnat en 1938). Il disparaitra dans les années 1970 où les meilleurs de club furent souvent réduits à leur plus simple expression. Mais, il réapparut de manière sporadique dans les années 1980 et 1990. Le club du Tessin fit faillite en avril 2003 en raison de graves problèmes financiers. La saison suivante, il fut refondé mais repartit en deuxième ligue interrégionale (soit le cinquième niveau suisse), avec son équipe des moins de 21 ans. Pour retrouver le haut niveau, le nouveau club fusionna le 30 juin 2004 avec un club de la banlieu, le FC Malcantone Agno, qui venait de monter en seconde division. Mais, cette renaissance et cette fusion dilua l’identité du club historique et ne convainquit donc par les supporteurs qui boudait les travées du stade. Pour retrouver un peu de lustre et du soutien, le 4 juin 2008, l’année du centenaire du club historique, le conseil d’administration réadopta le nom FC Lugano et reprit les symboles associés (couleurs, maillot avec scapulaire, blason …). Le scapulaire fut même intégré dans le blason du club pendant quelques années.

#710 – BSC Young Boys : Young Boys

Certes, le surnom n’en est quasiment pas un car il s’agit simplement du nom du club. Mais, d’une part, il est plutôt singulier. D’autre part, il a totalement éclipsé le nom de la ville de résidence du club alors même qu’il s’agit de la capitale de la confédération helvétique et qu’aucun autre club ne la représente si bien et de manière continue au plus haut niveau suisse. Remontons en 1898 lorsque le club fut créé.

Au crépuscule du XIXème siècle, la pratique du football était en effervescence. Parti d’Angleterre, il s’épandait dans toute l’Europe et le monde, avec la diaspora britannique. Dans les villes alémaniques suisses (Bern-Zurich-Bâle-St Gall), le développement de l’industrie attira la bourgeoisie britannique, qui plaça sa jeunesse dans les réputés écoles et universités suisses. Ces jeunes apportèrent le football dans les cours des écoles et séduisirent leurs camarades suisses. Des clubs à consonnance anglaise (pour rappeler leur racine) émergèrent et accueillirent également les élèves de toute nationalité, ce qui permit à ces structures de continuer à exister lorsque les britanniques repartirent chez eux.

Ainsi, le 14 mars 1898, les lycéens Max Schwab, Hermann Bauer, Franz Kehrli et Oskar Schwab fondèrent le FC Young Boys à Berne. Pour le nom comme les couleurs, ils s’inspirèrent d’un autre club suisse, le Old Boys de Bâle. Partons donc dans le canton de Bâle-Ville. En 1893, le directeur de l’association de gymnastique des élèves de la Realschüler, Adolf Glaz, initia ses étudiants au football pendant l’été et surtout pendant les vacances d’automne. Seulement, à un moment, les étudiants quittèrent l’école et ne pouvaient donc plus jouer dans son club. En conséquence, ils fondèrent leur propre association de football en 1894. Comme ils n’étaient plus étudiants et que la mode à cette époque était de nommer les clubs dans la langue de Shakespeare, ils dénommèrent leur club FC Old Boys Basel (Old boys pour les vieux garçons dans le sens des anciens (étudiants)). Ils arborèrent des maillots rayés jaunes et noires. Ce club bâlois termina vice-champion lors du deuxième championnat suisse en 1899 et avait une belle réputation à cette époque. Séduit par ce club d’anciens étudiants, les bernois fondèrent donc le FC Young Boys (car eux étaient encore étudiants) et adoptèrent également les maillots rayés jaune et noire. Au début du XXème siècle, le FC Old Boys Basel changea de nom pour BSC Old Boys (BSC pour Basel Sport Club). En 1925, le club bernois continua le mimétisme en modifiant son nom pour BSC Young Boys (BSC pour Berner Sport Club). Depuis 1932, le club bâlois est descendu dans les ligues régionales amateurs suisses alors que son « filleul » bernois est monté en puissance pour devenir l’un des principaux clubs suisses (avec 15 titres dont le premier en 1903 ainsi que les 4 dernières éditions). Les vieux devraient donc s’inspirer des jeunes.