#1114 – Stade Lausanne Ouchy : les Lions

Créé en 2000 suite à la fusion entre le FC Ouchy et le FC Stade Lausanne, le club découvre l’élite suisse cette saison alors qu’il y a moins de 10 ans, il végétait encore en ligue interrégionale (D5). En réalité, il s’agissait d’une absorption de Ouchy par le Stade. Ce dernier fut fondé en 1901 (Ouchy étant un peu plus ancien avec une fondation en 1895) et adopta comme blason et couleurs, ceux de la ville de Lausanne. Et aujourd’hui encore, les deux demeurent. Vous avez certainement noté la présence de deux lions qui entourent l’écusson. Ces derniers donnèrent naissance au surnom.

Les origines des armoiries de la ville de Lausanne doivent se chercher dans les bannières des 5 quartiers (Le Pont, La Palud, La Cité, Bourg, St Laurent) de la ville moyenâgeuse. Ces bannières, qui remontaient au XIVème siècle, avaient le point commun d’être divisé en deux parties, dont une était rouge (gueule en langage héraldique) et l’autre blanche (argent). Lors de la fusion des 4 quartiers avec celui de La Cité en 1481, cette similitude fut le dénominateur commun qui s’imposa sur les armes de la nouvelle cité de Lausanne et copiait les armoiries de l’évêque et du chapitre de Lausanne, qui de 1032 à 1536 dominaient un petit État ecclésiastique autours de Lausanne. Ce partage rouge et blanc des armoiries de l’évêque se fixèrent également au XIVème siècle. Sur des façades de l’Hotel de Ville apparaissent les armoiries de l’évêque avec des anges les portant (elles datent de 1455-1460). Au XVème siècle, l’ange episcopale fut remplacé par un aigle sur les armes de la ville. En effet, en 1483 le Duc de Savoie accorda à Lausanne de coiffer ses armoiries d’un aigle, en raison du statut impériale de la cité. Cette sentence fut confirmée par Charles III de Savoie en 1517. L’aigle laissa sa place à deux lions (en support, ie entourant les armes) au milieu du XVIème siècle, avec l’idée d’exprimer la puissance de la cité. Ces animaux tiennent souvent l’un le sceptre et l’autre l’épée.

L’écusson du Stade peut d’ailleurs vous rappeler celui d’un autre club suisse, le FC Zurich. Etonnement, s’il n’y a aucun lien entre les deux, il n’en demeure pas moins que leur histoire est semblable (cf. #553).

#1108 – Royal Olympic Charleroi : les Dogues

Dans le Pays noir, l’agglomération de Charleroi rassemble plus de 425 000 habitants et constitue son centre névralgique. La pratique du football, à Charleroi, a toujours été illustrée et dominée par deux formations. D’un côté, le Sporting, fondé en 1904, et de l’autre l’Olympic, fondé en 1912. Si les deux clubs arborent les mêmes couleurs, noir et blanc, ils nourrissent une vieille rivalité et la cité est séparée entre les pro-Sporting et les pro-Olympic. Tout au long de leur histoire, les deux formations bataillèrent souvent dans les différentes divisions belges pour s’imposer comme le fer de lance de la ville. Mais, le dernier face-à-face entre les deux clubs, en tant que pensionnaires de l’élite belge, remonte à 1975 et se solda par une victoire nette et sans bavure du Sporting (7-1), marquant le début du déclin sportif de l’Olympic. Ce derby enflammé offrait un match animalier puisque d’un côté, les joueurs du Sporting sont surnommés les zèbres (cf. #268), tandis que ceux de l’Olympic sont des dogues.

Selon la légende, le surnom serait né dès les premières années d’existence de l’Olympic. Lors d’un match joué par l’Olympic à la Plaine des Manœuvres, parmi les spectateurs se trouvaient une femme accompagnée de ses chiens, des dogues. Avec les mouvements de la balle et des joueurs ainsi que les encouragements bruyant des fans, les chiens s’agitaient et aboyaient. Le lendemain, un journaliste décrivait la rencontre dans son quotidien et, ayant remarqué le manège des chiens, compara le style de jeu agressif et le caractère irascible des joueurs de l’Olympic avec le comportement des dogues. Résultat, ce surnom fut repris et demeura au fil des années. Au point qu’un dogue s’installa sur le blason du club dès les années 1920 et perdura jusqu’à aujourd’hui, malgré les changements.

#1102 – Shirak FC : Սև հովազներ

Les panthères noires. Shirak est connu pour être l’un des plus anciens clubs de football d’Arménie, le club ayant été fondé en 1958 à une époque où l’Arménie était une république de l’Union Soviétique. Seule équipe à avoir participé à toutes les saisons de la première division arménienne depuis sa création en 1992, le club compte un des plus riches palmarès d’Arménie, avec 4 titres de champion national, 2 Coupes d’Arménie et 5 Super Coupe d’Arménie. Basé dans la ville de Gyumri, deuxième ville d’Arménie, Shirak s’est inscrit dans les traditions de la ville. Tout d’abord, les couleurs du maillot sont le noir et l’orange. Ces deux teintes se retrouvent dans de nombreux bâtiments de Gyumri, en particulier les murs de l’Église du Saint-Sauveur et du Musée Dzitoghtsyan. En outre, le blason de l’équipe reprend un des éléments des armoiries de la ville et de son drapeau, une panthère surmontée d’une croix.

Au IXème siècle, l’Arménie était un état vassal des arabes omeyyades puis abbassides. Mais, les arméniens profitèrent de l’affaiblissement des omoyades et de la concentration des abbassides à défendre leur territoire face aux Byzantins pour créer un état indépendant au début des années 880, le Royaume bagratide d’Arménie. Achot Ier de la dynastie Bagratide et ses descendants furent à la tête de cet Etat jusqu’en 1080 et firent de la ville d’Ani, dans la banlieue Nord de Gyumri, la capitale de ce Royaume. Le bannière de ce dernier représentait probablement une panthère surmontée d’une croix. Ce symbole fut retrouvé sur un bas-relief dans les ruines d’Ani.

Ce nom est également celui du principal groupe de supporteurs du club.

#1100 – Brisbane Roar FC : the Roar

Le rugissement. Surnom assez logique quand il s’agit du nom du club et que son écusson fait apparaître un lion. Les origines du club actuel remontent à 1957 et au club dénommé Hollandia-Inala Soccer Club fondé par des immigrants néerlandais. Durant 20 ans, ce dernier évolua sous ce nom, représentant la communauté hollandaise. Car, depuis le début de l’importation du football en Australie, il s’agit d’une pratique sportive des immigrants, les australiens d’origine anglo-saxonnes préférant se concentrer sur des sports australiens comme le football australien (un mélange de rugby et un peu de football). Les grecs, les italiens, les croates et les autres communautés créèrent ainsi leurs équipes de soccer. Mais, en dépassant leur simple rôle sportif (puisqu’ils étaient aussi un lieu d’entraide et de maintien de l’identité), ces derniers entretenaient la séparation entre les nouveaux arrivants et les australiens anglo-saxons et fournissaient des munitions aux politiciens pas favorables à l’immigration et « défenseurs de la culture australienne » . Ainsi, en 1970, un mouvement fut entrepris pour dé-ethniciser les clubs et cela passait par un changement de nom. Hollandia-Inala accéda à cette demande sans pour autant perdre totalement son identité. Ainsi, le club évoluait en orange et prit pour nom Brisbane Lions. Orange et Lion … deux des symboles des Pays-Bas. Puis, en 2004, les Lions obtinrent le droit de participer à la nouvelle A-League (la première ligue australienne) en opérant sous le nom de Queensland Roar (car Brisbane comptait un club de football australien dénommé Lions).

Le lion apparaît sur les armoiries du Royaume des Pays-Bas, un héritage de la Maison de Nassau et de la République des Provinces-Unies. Composées en 1815 et adaptées en 1907, elles représentent un lion d’or sur champ d’azur qui tient une épée et un faisceau de sept flèches. La Maison de Nassau, d’origine de la ville allemande de Nassau, remonte au XIème siècle et dès Dedo de Laurenbourg (1093-1117), l’un des premiers membres de la Maison, le blason était un lion sur fond azur. Du côté des Provinces-Unies (1579–1795), le lion était également son symbole. Constituée de 7 provinces (Hollande, Zélande, Overijssel, Frise, Groningue, Gueldre et Utrecht), la République se référa aux lions héraldiques de la Flandre (noir sur or), du Brabant (or sur noir) et le lion rouge sur or de la Hollande. Ces lions étaient répétés dans les armes de diverses maisons nobles des Pays-Bas.

#1098 – CD Plaza Amador : los Leones de Cocoliso

Les lions de Cocoliso. Appartenant au club fermé des Cuatro grandes del fútbol nacional (Les 4 grands du football national), qui ont remporté 31 des 33 championnats panaméens, CD Plaza Amador fut fondé le 19 avril 1955 par León Tejada, surnomé le cocoliso (le chauve). Ancien boxeur, il voulut éduquer par le sport les jeunes qui vivaient dans les rues avoisinant la Plaza Amador. Ainsi, le club se concentra d’abord sur la formation des jeunes avant d’avoir une équipe sénior en mesure de s’imposer dans l’élite du pays. Jusqu’à son décès en 1982, León Tejada guida les jeunes de sa voix forte et rauque mais également par sa rigueur et son intransigeance, leur inculquant des valeurs de vie. Il consacra sa vie à promouvoir le sport et l’unité entre les jeunes. Outre le football, il fit la promotion du base-ball, du basketball, du softball … Dans les années 70, le travail de León était déjà reconnu par les autorités gouvernementales. Il représente encore aujourd’hui l’un des grands éducateurs du mouvements sportifs panaméens. La ville de Panama a d’ailleurs créé l’Orden Municipal León « Cocoliso » Tejada pour récompenser des personnes ayant œuvré pour le sport ou la jeunesse. Dans sa chronique du 12 mai 1982, intitulée « Se fue el León del Deporte » (Le lion du sport est parti), le journaliste Mendoza écrivait à propos de la mort de León Tejada « Queda un vacío, un vacío que será difícil reponer en estos momentos, porque como ese personaje no hay dos ni tres ni cuatro ni cinco. Ese era uno solo y con mucho carisma » (Il reste un vide, un vide qui sera difficile à combler en ce moment, parce qu’il n’y en a pas deux ou trois ou quatre ou cinq comme lui. Il était unique avec beaucoup de charisme). Le titre de cette édito jouait sur le mot Léon qui était le prénom de ce leader mais qui signifie également « Lion » en espagnol. Et c’est tout à fait logique puisque le prénom provient du latin leo qui signifie Lion. Résultat, le club prit le roi des animaux pour symbole (il apparaît sur son blason) et pour surnom.

#1094 – Hartlepool United FC : the Monkey Hangers

Les pendeurs de singe. Ce surnom apparaît peu flatteur et il est vrai qu’il fut au départ utilisé pour se moquer des habitants de la ville et en conséquence des supporteurs du club de la ville. Et comme souvent, les locaux se sont appropriés ce sobriquet pour en faire un élément de différenciation, d’identité. Il en faut pour ce club, certes plus que centenaire (1908) et ayant adopté le statut professionnel dès sa fondation, qui ne jouit pas ni d’une grande aura, ni d’un palmarès.

La légende remonte au XIXème siècle, lors des guerres napoléoniennes. A cette époque de forte rivalité entre la perfide Albion et l’Empire Français, les britanniques craignaient une invasion française et l’opinion publique était très préoccupée par la possibilité d’infiltrations d’espions français. Il s’avéra qu’un bateau français (certainement un navire marchand) qui luttait contre les éléments coula au large d’Hartlepool. Le seul survivant était un singe vêtu d’un uniforme militaire (probablement pour divertir les marins). Malheureusement, l’inculture des habitants de la cité anglaise était telle qu’ils s’imaginèrent que l’animal était un espion français. Pour les excuser, il est souvent raconter qu’à l’époque, les journaux britanniques peignaient les français comme des créatures ressemblant à des singes avec des queues et des griffes. Un procès s’improvisa et la peine capitale (la mort) fut déclarée à l’encontre du singe. Le mât d’un bateau de pêche constitua la potence et le singe fut pendu. Malheureusement, il se peut que le singe fusse un enfant. Sur les bateaux, le terme powder-monkey (singe à poudre) était couramment utilisé pour désigner les enfants employés sur les navires de guerre pour amorcer les canons avec de la poudre à canon.

Cette image de pendeur de singe est nettement répandue dans la culture populaire et les références sont nombreuses dans les chansons, films, bandes dessinés et romans britanniques (et même parfois étrangers). La première chanson mentionnant cette légende, « The Monkey Song », remonte au XIXème siècle et était interprétée par l’artiste comique Ned Corvan. Les statuts de singes se multiplièrent également dans la cité. Au niveau sportif, 2 des six clubs de rugby de la ville utilisent des variantes du singe dans leurs symboles. Le club de Hartlepool United capitalisa également sur cette histoire en créant une mascotte appelée « H’Angus the Monkey » en 1999. Enfin, de manière inattendue, Stuart Drummond, qui fit campagne vêtu du costume de H’Angus et en utilisant le slogan électoral « free bananas for schoolchildren » (bananes gratuites pour les écoliers), fut élu Maire en 2002.

#1089 – Brescia Calcio : Leonessa

La lionne. Le vocabulaire animalier sied bien au club lombard puisque le premier surnom expliqué était rondinelle (qui signifie les petites hirondelles – cf #325). Cette fois, nous changeons de dimension en passant à la femelle du roi des animaux. Pourtant, sur l’écusson du club, il s’agit bien d’un lion qui trône depuis le premier blason établi en 1965 (sa crinière est visible). D’où vient cette divergence de genre ?

Le blason du club s’inspire directement des armoiries de la cité qui se décrivent comme « d’argent au lion d’azur, armé, langue et queue de gueule ». Le lion rampant est le symbole de la commune de Brescia depuis au moins le XIIème siècle. Mais, la genèse des armoiries de Brescia est encore inconnue en raison de l’absence de sources et de témoignages fiables. Une chose est sure : même si la commune de Brescia fut durant près de 4 siècles (de 1404 à 1797) intégrée à la république de Venise, son lion rampant ne provient pas des armes de Venise (le fameux lion de St Marc). Sa plus vieille représentation connue apparaît dans une sculpture de la Porta Romana de Milan datant de 1171 (il s’agissait de la principale porte d’entrée de la ville détruite en 1793). La frise du chapiteau montre des soldats de plusieurs villes lombarde dont Brescia en route vers Milan pour reconstruire la ville détruite par l’empereur Frédéric Barberousse en 1167. Le capitaine représentant Brescia porte sur son écu le lion rampant. Une autre représentation se trouve également à Milan sur l’arche funéraire d’Azzone Visconti (Brescia était alors sous domination de la famille Visconti) datant de 1343. Des statues représentant les villes lombardes sous l’influence des Visconti et tenant un bouclier y sont sculptées. Celle de Brescia se présente avec un lion rampant.

Il s’agit donc bien d’un lion sur les armes de la ville et pourtant la commune de Brescia est connue dans toute l’Italie comme la Leonessa d’Italia (lionne d’Italie), tous les italiens ayant appris dans leur jeunesse les vers d’un poème qui désignèrent la ville ainsi. Ces vers concluent la pièce poétique « Alla Vittoria » (A la victoire) de Giosuè Carducci, chantre du Risorgimento (période de l’unité italienne au XIXème siècle), composée en 1877 et partie intégrante de sa grande oeuvre « Odi barbare » (Odes barbares) :

Lieta del fato Brescia raccolsemi, / Heureuse du destin, Brescia me rassemble,
Brescia la forte, Brescia la ferrea, / Brescia la forte, Brescia le fer,
Brescia leonessa d’Italia / Brescia la lionne de l’Italie
beverata nel sangue nemico / ivre du sang de l’ennemi

Ces vers soulignaient le soulèvement et la résistance de la ville durant la période connue sous le nom des Dieci giornate di Brescia (Dix jours de Brescia). Dans le contexte des affrontements entre l’armée piémontaise et les troupes autrichiennes, du 23 mars au 1er avril 1849, les citoyens de Brescia se révoltèrent contre l’oppression autrichienne en résistant vaillamment aux bombardements et aux attaques des forces des Habsbourg. La révolte fut finalement violement réprimée (plus d’un millier de victimes). Malgré la défaite, la fierté manifestée par les insurgés dans les combats valut à la ville de Brescia la médaille d’or en 1899. Un autre poète, 20 ans avant Carducci, avait attribué ce surnom à Brescia suite à cette évènement : Aleardo Aleardi dans son poème « Canti patrii » publié en 1857.

D’un de’ tuoi monti fertili di spade, / De l’une de vos montagnes fertiles en épées,
Niobe guerriera de le mie contrade, / Niobé guerrière de mes terres,
Leonessa d’Italia, / Lionne d’Italie
Brescia grande e infelice / Brescia grande et malheureuse

L’héroïsme et le sacrifice de la population de Brescia, porté au nue par ces vers, contribuèrent à construire une identité italienne qui en était à ses balbutiement dans la seconde moitié du XIXème siècle.

#1073 – Kerala Blasters FC : the Tuskers

Les éléphants. Né en 2014 avec la création de la nouvelle ligue de football indienne, ISL, le club de l’Etat du Kerala, qui réside dans la capitale Kochi, ne reçut pas pour surnom son nom (Blasters). A sa fondation, l’un des principaux actionnaires du club était Sachin Tendulkar, légende vivant du cricket indien et mondial. Considéré comme l’un des meilleurs batteurs de l’histoire du cricket, son surnom est « Master Blaster » (maître artificier) et lorsqu’il fallut choisir le nom de l’équipe, il déclara « People call me Master Blaster… One can say there is possible association » (Les gens m’appellent Master Blaster … Une association doit être possible).

Pour le blason du club, les discussions allèrent vite également. La volonté de Sachin Tendulkar et de son associé, l’entrepreneur Prasad Potluri, était de réunir sous leur bannière la ville de Kochi et tout l’Etat de Kerala. Ainsi, le choix du blason et des couleurs se portèrent sur des symboles forts de l’Etat. Avec un éléphant tenant dans sa trompe un ballon de football, l’écusson reflète l’héritage culturel de Kerala et son attachement profond au football. L’éléphant est l’animal symbole de l’Etat de Kerala. Tout d’abord, le pachyderme est une espèce spécifique et endémique de la région, dénommé éléphants indiens (Elephas maximus indicus). Outre une importante population d’éléphants sauvages (5 706 dénombrés en 2018 sur une population d’éléphant d’Asie en Inde de 30 000 individus environ), le Kerala compte plus de 700 éléphants captifs. Mais, son importance dans l’identité de l’Etat ne repose pas seulement sur sa présence. En effet, il tient un rôle particulier dans la culture de la province. Le temple hindou de Guruvayur abrite plus de 60 éléphants dans un temple annexe (le seul dédié à des éléphants) qui demeurent au cœur des rites du temple. De même, les églises catholiques de l’Etat sont richement décorés d’éléphants (portes et piliers). Des éléphants participent à quasiment toutes les processions et festivals de l’Etat, portant notamment les divinités. Les éléphants figurent aussi dans de nombreux poèmes et légendes du Kerala. Ainsi, dans l’ « Aitihyamala » de Kottarattil Sankunni, chacun des 8 tomes qui composent l’oeuvre se conclut par une histoire avec un éléphant. Le poème « Sahyante Makan » de Vyloppalli Sreedhara Menon appelle les éléphants, les « fils du Sahyadrī » (la chaîne montagneuse Ghats occidentaux). Enfin, l’Etat abrite le sanctuaire et centre de réhabilitation des éléphants de Kottur, dans le district de Thiruvananthapuram, le premier et le plus grand centre de soin des éléphants d’Inde.

Evidemment, en tant que symbole de l’Etat, l’éléphant figure sur les armoiries du gouvernement de l’État du Kerala. En cela, elles s’inspirent des armes des anciens royaumes de Travancore et de Cochin, qui couvraient une grande partie de l’Etat. Le pachyderme apparaît donc sur le blason du club de football. Il représente le lien fort avec l’Etat et son identité mais il permet également de véhiculer pour l’équipe un sentiment d’unité, de puissance et de fierté. Enraciné dans sa famille et sa communauté, l’humble éléphant, comme le dit le club, met en valeur l’aspiration et l’esprit des Kerala Blasters.

#1072 – US Avellino : Lupi

Les loups. Niché au cœur d’une vallée d’origine volcanique dans les Apennins campaniens, la ville d’Avellino possède des armoiries où trône un agneau pascal. Etonnant alors d’aller choisir le prédateur de l’agneau comme symbole et surnom. Mais, dans les bois de cette partie des Apennins, le loup gris était un habitant endémique qui, comme dans d’autres régions d’Europe occidental, avait disparu ces dernières décennies. Mais il semble avoir fait sa réapparition depuis quelques années. Le Loup d’Italie (ou Canis lupus italicus), une sous-espèce du loup gris, a vu le jour dans cette chaîne montagneuse des Apennins avant de se répandre dans les Alpes, le Sud de la France et en Alsace. Au-delà de sa présence et de son appartenance à cette région, le loup y a aussi construit une légende.

La ville d’Avellino fut fondée par les Hirpins. Ces derniers étaient l’une des quatre tribus qui composaient le peuple samnite, une ligue de communautés italiques établies dans le Samnium. Or, la tradition rapportée par les auteurs anciens (en particulier Strabon) est que les Hirpins se seraient établis dans la région d’Avellino suite à une migration sacrée, le ver sacrum (printemps sacrée). Ce rite, dédié à un dieu (principalement Mars, Jupiter ou Apollon) à qui avait été fait un vœu, poussait une communauté à expulser une génération de jeunes hommes afin de fonder une nouvelle colonie, guidée dans cette quête par un animal sacré (loup, taureau, aigle …). Le nom de cet animal servait à baptiser la nouvelle communauté ainsi formée. Mais, selon les conclusions d’historiens, ce récit serait phantasmé et permettait de travestir rétrospectivement une réalité plus violente. Pour en revenir à notre récit, la légende, évoquée par Sextus Pompeius Festus, rappelle que, guidé par un loup, un peuple s’installa à Avellino et se nomma Hirpins. Ce terme dérive de Hirpus qui signifie loup en langue osque (celle que parlait les Samnites). Ainsi, le loup est un animal sacré dans la région d’Avellino et qui trouve sa place sur le blason du club de football.

#1062 – US Créteil Lusitanos : les Béliers

Depuis de nombreuses années, le blason du club est orné d’une tête de bélier et cet emblème s’est imposé pour toutes les sections du club. Car l’US Créteil Lusitanos est un club omnisports. Fondé le 11 Mars 1936 par un certain Monsieur Hémont, le club posa ses fondations sur le football. Puis, en 1938, le cyclisme s’ajouta (et comptera dans ses rangs Maurice Moucheraud, Laurent Fignon, Daniel Morelon et Grégory Baugé). Au lendemain de la guerre, le Basket. En 1963, l’Athlétisme naquit (dont les grands noms furent Stéphane Caristan, Patricia Gérard et les soeurs Ewanje Epée), suivi en 1964 par la section de Handball qui devint une des grandes équipes nationales (1 titre de Champion de France et 2 Coupes de France). En 1966, l’US Créteil comptait déjà 8 disciplines puis 13 en 1974. Pour ses 50 ans, en 1986, le club proposait 24 activités sportives aux près de 5 000 membres. En 2000, 27 sports étaient représentés. En 2016, arrivait la dernière section, l’Aïkido, portant à 31 le nombre d’associations et à plus de 9 500 adhérents. L’US Créteil, c’est aussi 61 sélectionnés aux Jeux Olympiques et Paralympiques pour un total de 28 médailles olympiques (14 en Bronze, 4 en Argent et 10 en Or).

Cette croissance riche en succès aurait pu participer à la naissance du surnom. Un club qui va de l’avant, qui fonce comme un bélier. Mais, la véritable raison de ce surnom est bien plus simple. En effet, le club fut fondé au mois de Mars dont l’un des signes zodiacales est le bélier. Normalement, sa « naissance » ayant eu lieu le 11 Mars, son véritable signe zodiacale devrait être le poisson. Mais, le bélier sembla plus inspirant (le bélier apparaît comme audacieux, ambitieux, indépendant et courageux) et il s’agit du 1er signe dans le zodiaque, des valeurs et une place que les fondateurs prédestinaient à leur club.